« Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)

Dessins de chats difformes pour illustrer le poème « Le chat qui ne ressemblait à rien », écrit par Robert Desnos

Texte du poème « Le chat qui ne ressemble à rien »

Le chat qui ne ressemble à rien
Aujourd'hui ne va pas très bien.

 

Il va visiter le Docteur
Qui lui ausculte le coeur.

 

Votre coeur ne va pas bien
Il ne ressemble à rien,

 

Il n'a pas son pareil
De Paris à Créteil.

 

Il va visiter sa demoiselle
Qui lui regarde la cervelle.

 

Votre cervelle ne va pas bien
Elle ne ressemble à rien,

 

Elle n'a pas son contraire
A la surface de la terre.

 

Voilà pourquoi le chat qui ne ressemble à rien
Est triste aujourd'hui et ne va pas bien.

Informations sur l'auteur et explications

Combattant et résistant pendant la Seconde guerre mondiale, le poète français Robert Desnos (1900-1945) est arrêté en 1944 et envoyé en camp de concentration. Il y meurt du typhus en 1945, un mois après sa délivrance par l’Armée rouge. Heureusement, un jeune étudiant tchèque le reconnaît au sein des centaines de prisonniers libérés agonisants, lui permettant de sortir de l’anonymat et d’avoir les obsèques qu’il mérite.

 

Lorsque ses cendres sont remises à la France en octobre 1945, Paul Eluard (1895-1952) écrit à son sujet : « Jusqu’à la mort, Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes, l’idée de liberté court comme un feu terrible, le mot de liberté claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poésie de Desnos, c’est la poésie du courage. Il a toutes les audaces possibles de pensée et d’expression. Il va vers l’amour, vers la vie, vers la mort sans jamais douter ».

 

Derrière des apparences de poésie innocente composée pour les enfants d’un couple d’amis, le poème « Le chat qui ne ressemble à rien » (1932), publié en 1975 à titre posthume dans le recueil Destinée arbitraire, ne pourrait-il pas être en fait un autoportrait du poète qui regarde, impuissant, la montée de l’idéologie nazie en Europe ? Voire une prémonition de la fin tragique qui l’attend…

Dernière modification : 09/26/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)