Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C'est un pirate en ambassade.
Le chat noir qui s'en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades,
De tous côtés, il est le roi.
Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale :
Ce chat-là est un chapardeur.
Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papiers gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
II se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.
Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
À la maison, on l'aime bien,
Le chat noir de la palissade.
À partir de l’âge de 17 ans, le jeune écrivain français Henry Monnier (1799-1877) tente d’intégrer la sphère des employés de bureau en occupant un travail de gratte-papier au ministère de la Justice. Mais il abandonne à 22 ans, dégouté des moqueries de ses supérieurs. C’est ainsi que débute pour lui une vie centrée sur la satire de cette classe privilégiée : au travers de ses caricatures et de ses textes, il ne cesse dès lors de mettre à nu les travers de la haute société.
L’autoportrait Le chat noir de la palissade compare l’auteur à un félin libre, qui se moque des convenances et qui choque, mais qu’en fin de compte on aime quand même.