Le chat ouvrit les yeux
Le soleil y entra
Le chat ferma les yeux
Le soleil y resta
Voilà pourquoi le soir
Quand le chat se réveille
J’aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil
Élu « Prince des poètes » au café Procope à Paris en 1972 et connu comme tel depuis par la critique et ses compères, le poète belge Maurice Carême (1899-1978) combine dans son oeuvre la simplicité profonde des vers et une joie de vivre puérile. En choisissant l’enfance comme point d’ancrage, il prend position contre les modes éphémères de son époque et entend protéger le droit de tout humain à rêvasser et à s’amuser, alors que le monde des adultes oblige à la rationalité et à la productivité. Il préfère par exemple rechercher l’harmonie dans la contemplation de la nature et des beautés candides de la jeunesse.
Son recueil L’arlequin (1972), dont « Le chat et le soleil » est tiré, illustre bien cette philosophie : l’arlequin représente l’éternel joueur, l’enfant qui refuse d’arrêter de jongler et de rire, résistant au temps qui passe.