« Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)

Un portrait en noir et blanc de William Butler Yeats

Texte du poème « Le chat et la Lune »

« Le chat et la lune »

 

Le chat s'en allait ça et là,

La lune tournait comme une toupie,

Le plus proche parent de la lune,

Le chat rampant, leva les yeux.

Minnaloushe rampe dans l'herbe

De flaque de lune en flaque de lune,

Et là-haut la lune sacrée

Commence une phase nouvelle.

Minnaloushe a-t-il conscience

Que ses prunelles changent sans cesse,

Qu'elles vont du cercle au croissant,

Pour aller du croissant au cercle ?

Minnaloushe rampe dans l'herbe,

Solitaire, sage, important,

Levant vers la lune changeante

Ses yeux changeants.

Informations sur l'auteur et explications

Honoré du prix Nobel de littérature en 1923, l’Irlandais William Butler Yeats (1865-1939) est l’un des poètes et dramaturges les plus importants de son temps.

 

Il est d’abord influencé par le travail des poètes français romantiques et symboliques, comme Paul Verlaine (1844-1896) et Charles Baudelaire (1821-1867). Ses œuvres de jeunesse, qui lui permettent de se faire un nom, se distinguent donc par leur langage fleuri ; c’est le cas par exemple de The Wanderings of Oisin (1889).

 

Par la suite, il s’éloigne progressivement de ces sources d’inspiration au profit des textes d’auteurs modernistes comme l’Américain Ezra Pound (1885-1972), sans totalement s'inscrire dans ce courant artistique. En effet, si comme eux il cherche alors à ancrer ses œuvres dans le réel et à simplifier le langage qu’il emploie, il reste néanmoins fidèle à une structure très traditionnelle. Par ailleurs, bien que les mots utilisés gagnent en simplicité, ses textes conservent la profondeur symbolique et philosophique qui caractérisent sa poésie.

 

Rédigé en 1923 puis paru l'année suivante, « Le chat et la Lune » (« Cat and the Moon », en version originale) reflète bien ces différentes influences et est parfaitement représentatif du style de Yeats. D’un côté, le langage employé par le poète se veut simple et accessible. De l’autre, il emploie ici deux figures hautement symboliques, le chat et la Lune, pour évoquer les thèmes du mouvement et du changement.

 

Le poème traite aussi de façon métaphorique la relation entre le monde terrestre (représenté par le chat) et celui du divin (incarné par la Lune).

Dernière modification : 09/26/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)