Si vous saviez ce qu'il y a
Dans l'œil sans fond d'un petit chat,
Qu'il soit jaune, vert ou lilas
Vrai, vous n'en reviendrez pas !
On y voit des oiseaux de lune,
Des palais de laine et de lait,
Le sphinx émergeant de ses lunes,
Et des ballets ultraviolets.
Sur des bassins d'une eau sans rides,
S'épanouit la fleur de lotus
Tandis qu'une main translucide
Peint des soleils sur papyrus.
Tout l'univers est reflété
Dans cette goutte de lumière
Qui ouvre sur l'éternité
Ainsi qu'un hublot sur la mer.
Écrivain au talent précoce, le français Marc Alyn (né en 1937) publie son premier recueil de poésie à 19 ans dans la revue Terre de Feu, qu’il a lui-même créée deux ans plus tôt. L’année suivante, il reçoit sa première distinction d’envergure (le prix Max-Jacob), puis n’a de cesse de cumuler les reconnaissances tout au long de sa carrière. Malgré cette renommée, il refuse les positions établies et le parisianisme littéraire en s’installant loin de Paris, dans un mas de campagne du sud de la France. Attiré par les voyages et l’exotisme, il parcourt le Proche et le Moyen-Orient au cours de nombreux périples qui lui inspirent d’innombrables vers.
C’est le cas notamment de « Goutte de lumière », tiré du recueil Nous, les chats, paru en 1986 et destiné à la jeunesse. Il y parle de sphinx, de lotus et de papyrus afin de faire naitre dans le cœur de son jeune public le gout de l’aventure. En terminant par l’évocation de l’éternité vue au travers de l’œil d’un chat, qu’il compare au hublot d’un bateau ayant vue sur l’horizon de la mer, le poète ouvre la porte à de prochaines odyssées pour son lecteur - mais peut-être aussi pour lui-même…