« Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson

Un portrait en noir et blanc de Emily Dickinson

Texte du poème « Elle aperçoit un Oiseau – piaule »

Elle aperçoit un Oiseau – piaule –

Se tapit – puis rampe –

Lance ses pattes invisibles –

Les Balles de ses yeux –

Ses Mâchoires frémissent – se contractent – affamées –

Ses Dents ne peuvent attendre –

Elle bondit – mais le Rouge-Gorge saute le premier –

Ah, petite Chatte des Sables –  Les Espoirs devenus juteux –

Tu y as presque trempé les Lèvres –

Lorsque le pur Délice ouvrit cent Orteils –

Et disparut avec eux –

 

Informations sur l'auteur et explications

L’inclassable et avant-gardiste poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est à l’origine d’une œuvre dantesque de près de 1800 poèmes souvent très courts, dont seuls une dizaine publiés de son vivant.

 

Comme elle est très attachée à la nature, dont elle observe à la fois la beauté et la cruauté, il n’est pas étonnant que plusieurs de ses écrits soient consacrés au monde animal. C’est le cas notamment d’un de ses nombreux poèmes sans titre dans lequel elle analyse avec minutie les mouvements d’un petit félin qui s’apprête à bondir sur une souris.

 

Aussi court soit-il, ce texte montre à quel point Dickinson est en avance sur son temps. En effet, avec son rythme saccadé et sa tonalité résolument pessimiste, il apparaît comme précurseur de la poésie moderniste du début du 20ème siècle. Les espoirs déçus de ce protagoniste amoral et impitoyable auraient d’ailleurs tout à fait trouvé leur place dans cette dernière, qui traite bien souvent de personnages confrontés aux dures réalités de la vie.

 

Ce n’est pas le seul poème dans lequel Dickinson mentionne la gent féline : plusieurs autres textes de son œuvre mettent en scène un représentant de cette espèce en train de chasser des souris.

Dernière modification : 09/26/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)