« Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)

Une illustration de la page de couverture du recueil « Les animaux de tout le monde », écrit par Jacques Roubaud

Texte du poème « Poème du chat »

Quand on est chat on n’est pas vache

on ne regarde pas passer les trains

en mâchant les pâquerettes avec entrain

on reste derrière ses moustaches

(quand on est chat, on est chat)

 

Quand on est chat on n’est pas chien

On ne lèche pas les vilains moches

parce qu’ils ont du sucre plein les poches

on ne brûle pas d’amour pour son prochain

(quand on est chat, on n’est pas chien)

 

On passe l’hiver sur le radiateur

à se chauffer doucement la fourrure

Au printemps on monte sur les toits

pour faire taire les sales oiseaux

On est celui qui s’en va tout seul

et pour qui tous les chemins se valent

(quand on est chat, on est chat)

Informations sur l'auteur et explications

Né en 1932, le poète français Jacques Roubaud définit le poème comme « un objet artistique de langue à quatre dimensions » : pour l’œil (la page que l’on contemple), pour l’oreille (le texte que l’on entend), pour la voix (le texte que l’on prononce) et pour la vision intérieure propre à chaque lecteur.

 

Puisque son désir le plus cher est d’initier la jeunesse à ces différentes dimensions, il lui dédie en 1983 un recueil intitulé Les animaux de tout le monde, qu’il conçoit comme un cadeau au règne animal. Il explique en effet ceci : « je suis parti d’une constatation : il y a beaucoup d’animaux, des longs, des courts, des gras, des beaux (et des moins beaux). Ne pouvant leur offrir à tous des chocolats ou des tulipes (que peut-être ils n’aimeraient pas), et afin de ne pas faire de jaloux, j’ai décidé de leur offrir à chacun un poème (il y en a 123.456 exactement, mais l’éditeur, pour des raisons, dit-il, d’économie, n’a pas voulu les publier tous !) ».

 

L’espèce féline n’est bien sûr pas oubliée, avec un « Poème du chat » qui porte un regard rempli d’humour et de fantaisie sur les petits félins, ouvrant la porte de la poésie aux enfants et aux adultes qui ne se prennent pas trop au sérieux.

Dernière modification : 09/26/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)