Quand on est chat on n’est pas vache
on ne regarde pas passer les trains
en mâchant les pâquerettes avec entrain
on reste derrière ses moustaches
(quand on est chat, on est chat)
Quand on est chat on n’est pas chien
On ne lèche pas les vilains moches
parce qu’ils ont du sucre plein les poches
on ne brûle pas d’amour pour son prochain
(quand on est chat, on n’est pas chien)
On passe l’hiver sur le radiateur
à se chauffer doucement la fourrure
Au printemps on monte sur les toits
pour faire taire les sales oiseaux
On est celui qui s’en va tout seul
et pour qui tous les chemins se valent
(quand on est chat, on est chat)
Né en 1932, le poète français Jacques Roubaud définit le poème comme « un objet artistique de langue à quatre dimensions » : pour l’œil (la page que l’on contemple), pour l’oreille (le texte que l’on entend), pour la voix (le texte que l’on prononce) et pour la vision intérieure propre à chaque lecteur.
Puisque son désir le plus cher est d’initier la jeunesse à ces différentes dimensions, il lui dédie en 1983 un recueil intitulé Les animaux de tout le monde, qu’il conçoit comme un cadeau au règne animal. Il explique en effet ceci : « je suis parti d’une constatation : il y a beaucoup d’animaux, des longs, des courts, des gras, des beaux (et des moins beaux). Ne pouvant leur offrir à tous des chocolats ou des tulipes (que peut-être ils n’aimeraient pas), et afin de ne pas faire de jaloux, j’ai décidé de leur offrir à chacun un poème (il y en a 123.456 exactement, mais l’éditeur, pour des raisons, dit-il, d’économie, n’a pas voulu les publier tous !) ».
L’espèce féline n’est bien sûr pas oubliée, avec un « Poème du chat » qui porte un regard rempli d’humour et de fantaisie sur les petits félins, ouvrant la porte de la poésie aux enfants et aux adultes qui ne se prennent pas trop au sérieux.