« Chats de partout », par Henry Monnier (1830)

Un portrait de profil d'Henry Monnier

Texte du poème « Chats de partout »

Je suis le chat de cimetière,

De terrain vague et de gouttière,

De haute-Égypte et du ruisseau

Je suis venu de saut en saut.

 

Je suis le chat qui se prélasse

A l’instant où le soleil passe,

Dans vos jardins et dans vos cours

Sans avoir patte de velours.

 

Je suis le chat de l’infortune,

Le trublion du clair de lune

Qui vous réveille dans la nuit

Au beau milieu de vos ennuis.

 

Je suis le chat des maléfices

Condamné par le Saint-Office ;

J’évoque la superstition

Qui cause vos malédictions.

 

Je suis le chat qui déambule

Dans vos couloirs de vestibules,

Et qui fait ses petits besoins

Sous la porte cochère du coin.

 

Je suis le félin bas de gamme,

La bonne action des vieilles dames

Qui me prodiguent le ron-ron

Sans souci du qu’en dira-t-on.

 

Épargnez moi par vos prières

Le châtiment de la fourrière

Où finissent vos émigrés

Sans demeure et sans pedigree.

Informations sur l'auteur et explications

Le caricaturiste et écrivain français Henry Monnier (1799-1877) se moque éperdument des bureaucrates de la haute société de son époque, notamment au travers de son célèbre personnage Joseph Prudhomme. Honoré de Balzac (1799-1850) écrit d’ailleurs à propos de cette stupide et sentencieuse figure qu’il est « l’illustre type des bourgeois de Paris » (Les petits bourgeois, roman posthume paru en 1855).

 

Dans Chats de partout, Monnier brosse un portrait du commun peuple qui passe souvent inaperçu tout en faisant partie du quotidien des messieurs Prudhomme de ce monde. Il dévoile l’absurdité de leur snobisme envers ces petites gens qui, en réalité, s’avèrent bien nécessaires à leur vie confortable de nantis.

Dernière modification : 09/26/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)