Pour ne poser qu'un doigt dessus
Le chat est bien trop grosse bête.
Sa queue rejoint sa tête,
Il tourne dans ce cercle
Et se répond à la caresse.
Mais, la nuit l'homme voit ses yeux
dont la pâleur est le seul don.
Ils sont trop gros pour qu'il les cache
Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.
Quand le chat danse
C'est pour isoler sa prison
Et quand il pense
C'est jusqu'aux murs de ses yeux.
Pilier du mouvement surréaliste, le poète français Paul Eluard (1895-1952) milite pour s’extraire des valeurs traditionnelles, tant dans la politique et les mœurs que dans l’écriture.
Le poème « Chat » figure dans son recueil Les animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux, paru en 1920 et composé durant sa période Dada. Ce mouvement ne croit pas dans le progrès et ne s’occupe que du présent. Selon le manifeste lancé à Berlin en 1915 par Hugo Ball (1886-1927) et Richard Huelsenbeck (1892-1974), il entend « supprimer le désir pour toute forme (…) de poésie, pour tout raffinement intellectuel ».
Il n’en demeure pas moins que le poète ne manque pas de déployer son talent littéraire lorsqu’il décrit son ami félin…