Sorti en 2016 et réalisé par l’Américain Barry Sonnenfeld (né en 1953), connu notamment pour la trilogie Men in Black, Ma vie de chat (Nine Lives) est un film familial par excellence. Son personnage principal est un magnat de l’immobilier qui néglige sa famille et est transformé en chat par un mystérieux sorcier désireux de lui enseigner l’importance des valeurs familiales. Il est ensuite adopté par sa propre famille qui le baptise alors Monsieur Fuzypants. Il ne dispose alors que de quelques jours pour se racheter auprès des siens, sans quoi il restera coincé dans la peau du félin pour le restant de ses jours.
Ma vie de chat peut compter sur la présence de Kevin Spacey (né en 1959) dans le rôle principal, mais celui-ci n’est en réalité que peu présent à l’écran. En effet, la véritable vedette du film est un magnifique Sibérien blanc.
Le choix de cette race n’est pas simplement dû à des raisons esthétiques. En effet, Barry Sonnenfeld est allergique aux chats : les deux dresseuses Janine Aines et Christie Miele sont donc contraintes d’opter pour une race au pelage hypoallergénique. Pour leur compliquer la tâche, Sonnenfeld exige que le petit félin choisi ait des yeux bleus et une fourrure très épaisse. Les deux femmes passent alors beaucoup de temps à nouer des liens en Russie pour tâcher de mettre la main sur des spécimens répondant aux différents critères.
Après plusieurs semaines de recherche, elles finissent par retenir deux chats au pelage gris et blanc qui correspondent parfaitement au cahier des charges : Gene et Connery. Particulièrement beau, le premier est utilisé pour les gros plans ainsi que pour le matériel promotionnel du film, tandis que Connery gère les scènes d’action.
La production remplace néanmoins les acteurs par des images de synthèses pour celles qui sont les plus dangereuses. Ces séquences jurent du coup par rapport aux autres, car Monsieur Fuzzypants y ressemble davantage à une créature cartoonesque dans la lignée du personnage principal du film Garfield.
Pour justifier ce mélange entre numérique et prises de vue réelle, Sonnenfeld explique qu’il est essentiel pour lui d’avoir un vrai chat à l’écran : il n’emploie donc le numérique qu’en dernier recours, uniquement lorsqu’une scène est trop difficile ou risquée à tourner avec un véritable animal.
Le résultat global est néanmoins catastrophique, la faute en grande partie à un scénario réécrit plusieurs fois et qui ne tient pas vraiment la route. En outre, les gags visent un public très jeune et ne sont pas particulièrement drôles, tandis que les acteurs humains livrent des prestations minimalistes.
La déception est d’autant plus grande pour les deux dresseuses que le tournage est tout sauf simple – comme toujours dès lors qu’on souhaite mettre un petit félin devant la caméra. En effet, même si elles veillent à produire l’environnement le moins stressant possible pour eux, on peut beaucoup moins compter sur un chat acteur que sur un chien acteur ; lorsqu’il a décidé qu’il en a assez de travailler, il est impossible de lui faire changer d’avis. Comme l’explique Christie Miele dans un interview : « On peut dire à un chien "Allez, encore une fois pour moi". Les chats sont un peu différents de ce côté-là. Ils sont plutôt du genre à se demander "Qu’est-ce que j’ai à y gagner ? »