Adaptation du recueil de poésie de l’auteur britannique T.S. Eliot (1888-1965) baptisé Chats ! (Old Possum’s Book of Practical Cats, en anglais) et publié en 1939, la comédie musicale Cats est probablement l’une des œuvres les plus connues dans ce registre. Elle raconte l’histoire des Jellicles, une tribu de chats qui se réunissent une fois par an dans une décharge municipale pour danser, chanter et élire celui ou celle d’entre eux qui aura l’honneur de renaître au paradis.
Signée par le compositeur anglais Andrew Lloyd Webber (né en 1948) et diffusée pendant 21 ans à Londres à partir de 1981, cette pièce à l’univers particulièrement novateur détient le record mondial de la comédie musicale la plus longtemps jouée en continu.
Ce succès suscite dès les années 90 l’intérêt des studios hollywoodiens : une adaptation sous forme de film d’animation est envisagée, mais le projet tombe à l’eau. Il faut dire que Cats est beaucoup moins facile à adapter que de nombreuses autres comédies musicales, du fait que son scénario est décousu et surtout prétexte à des numéros de danse et de chants hauts en couleur.
Cela ne dissuade pas le réalisateur britannico-australien oscarisé Tom Hooper (né en 1972), qui en 2016 se lance dans ce projet. Il décide de filmer Cats en prise de vue réelle et d’utiliser pour jouer les Jellicles différentes stars dont il modifie ensuite l’apparence en postproduction pour en faire des chats anthropomorphiques. On trouve parmi elles Jennifer Hudson (né en 1981), Ian McKellen (né en 1939), Judi Dench (né en 1934) et même la pop-star Taylor Swift (né en 1989), dont la passion pour les chats est de notoriété publique.
Cats sort en 2019, soit trois ans après le début du projet. En dépit de son casting de renom, le résultat est catastrophique : le rendu des Jellicles est jugé effrayant et grotesque, et la réalisation est pointée du doigt. Le magazine Rolling Stones va même jusqu’à dire que le film est si mauvais que les spectateurs ont « envie de pleurer pour qu’on ait pitié d’eux ». Néanmoins, celui-ci ne se déplace pas en nombre pour constater le naufrage. Ce dernier constitue un échec colossal pour les studios Universal, qui financent le film et essuient au moins 70 millions de pertes.
Pour l’anecdote, le compositeur Andrew Lloyd Webber dit avoir tellement détesté le film qu’il a acheté un chien de soutien émotionnel. Il l’explique dans une interview en 2021 au magazine américain Variety : « Je l’ai vu et je me suis dit « Oh mon Dieu, non ! » Ce fut la seule fois en 70 et quelques années sur cette planète que je suis allé m’acheter un chien. Donc la seule chose positive résultant de ça, c’est mon petit Bichon Havanais ».