Après la sortie de Les Oiseaux (The Birds) en 1963, nombreux sont les films d’horreur à vouloir reproduire le succès du film d’Alfred Hitchcock (1899-1980) en misant sur des animaux hostiles. C’est le cas notamment de Les Griffes de la peur (Eye of the Cat), qui sort en 1969 et passe à la postérité comme l’une des tentatives les plus étranges en la matière.
Écrit par Joseph Stefano, l’auteur du scénario de Psychose (Psycho), réalisé par David Lowell Rich (1920-2001) et mettant en vedette l’acteur canadien Michael Sarazzin (1940-2011), il raconte l’histoire d’un jeune homme cupide nommé Luke qui conspire avec l’esthéticienne de sa vieille tante pour assassiner cette dernière et lui voler sa fortune. Toutefois, la tâche se complique pour lui lorsqu’il découvre d’innombrables chats dans son manoir, car il souffre d’ailurophobie (peur des chats).
Alors qu’il se veut être un thriller sulfureux et atmosphérique, Les Griffes de la peur fait la risée de la critique : celle-ci y voit plutôt une comédie involontaire, tant le réalisateur use et abuse des petits félins pour faire sursauter le spectateur sans se soucier du manque de logique du scénario.
L’œuvre n’en est pas moins importante pour les amoureux de la gent féline dans le septième art, car elle réunit le plus grand casting jamais vu jusqu’alors : pas moins de 50 chats acteurs. Le manque de législation visant à protéger les animaux sur les plateaux de tournage mène cependant à des situations dangereuses, et vraisemblablement à des actes de maltraitance. La Humane Society of the United States, une organisation à but non lucratif qui lutte pour le bien-être animal, parvient même à faire interdire le tournage de deux scènes : une dans laquelle un chat doit être électrocuté avec un sèche-cheveux, et une autre dans laquelle le personnage principal est censé tuer une portée de chatons.
Malgré cela, le film est jugé si intense et dérangeant qu’en amont de sa diffusion à la télévision, de nouvelles scènes sont tournées pour remplacer certaines qui posent problème. Par exemple, en lieu et place de l’armée de chats qui tourmente Sarazzin dans la version sur grand écran, le téléspectateur découvre un seul et unique chat à l’air plus ou moins menaçant.
Perdue pendant des années, la version originale est finalement retrouvée et éditée en Blu-Ray dans les années 2010, ce qui permet de redécouvrir cette œuvre extravagante dans les meilleures conditions possible.