Le Chat du rabbin est une série de bande dessinée créée par l’auteur français Joann Sfar (né en 1971), et qui paraît à partir de 2002. Elle marque une nouvelle étape dans la représentation du chat au sein de ce genre littéraire et rencontre un succès immédiat, aussi bien auprès du public que de la critique.
S’inscrivant à la fois dans la tradition du conte philosophique et dans celle du récit autobiographique, elle prend place au sein d’une communauté juive séfarade dans l’Algérie des années 1930. Son personnage principal est un chat sans nom doté de grands yeux verts très expressifs, qui gagne soudain la parole après avoir dévoré le perroquet de son maître, un rabbin. Doté d’un esprit critique acéré et d’une ironie mordante, il se met à discuter avec ses humains de théologie, de morale et de liberté, remettant sans cesse en question leurs certitudes. Le récit s’articule ainsi autour de dialogues vifs et souvent drôles entre le rabbin, sa fille Zlabya et cet animal philosophe qui ne craint ni les paradoxes ni les hérésies.
Sa race n’est jamais précisée dans l’histoire, mais le chat du rabbin semble être un Sphynx - en tout cas, il est dépourvu de poils. Par ailleurs, son anthropomorphisme se limite au fait qu’il parle : on est loin de l’exubérance de nombreux autres félins « humanisés » de la bande dessinée, notamment en termes d’apparence.
Pour créer son personnage, Joann Sfar s’est inspiré d’Imhotep, son propre Oriental. Il le décrit comme le chat « le plus moche et le plus étrange » qu’il n’ait jamais vu. Alors qu’il venait tout juste de l’adopter, Sfar a constaté qu’il ne s’arrêtait jamais de miauler. Dans un premier temps, il s’est demandé si son compagnon n’était pas un peu bête. Par la suite, il s’est dit que celui-ci était peut-être en train d’essayer d’exprimer toutes sortes de pensées très profondes que les humains étaient incapables de comprendre. C’est ainsi en observant son propre animal que lui est venue l’idée de la bande dessinée Le Chat du rabbin.
En 2011, il se transforme en réalisateur de cinéma à l’occasion de l’adaptation des tomes 1, 2 et 5 en film d’animation, en collaboration avec le metteur en scène français Antoine Delesvaux (né en 1979). Les critiques sont plutôt positives et le public répond à l’appel, mais Sfar préfère ensuite se consacrer à l’adaptation d’autres de ses autres œuvres plutôt que de plancher sur une suite de ce long-métrage.