En 2014, alors que les comédiens américains Keegan Michael Key (né en 1971) et Jordan Peele (né en 1979) rencontrent un grand succès aux États-Unis avec leur programme humoristique Key & Peele, ils se lancent dans leur première aventure cinématographique. Celle-ci prend la forme d’un long-métrage sorti en 2016 baptisé Keanu, réalisé par Peter Atencio (né en 1983) et scénarisé par Alex Rubens (né en 1978) ainsi que Jordan Peele lui-même.
Il repose sur la formule qui les a rendus célèbres : détourner un genre bien connu (en l’occurrence, les films de gangsters) en y ajoutant un élément improbable. Ainsi, point de drogue ni d’argent dans cette aventure déjantée : c’est sur un simple chaton prénommé Iglesias et appartenant au chef d’un cartel mexicain que tous les bandits de la ville cherchent à mettre la main. Ce dernier atterrit cependant sur le palier de Rell et Clarence, deux cousins pas très futés interprétés par Key et Peele, qui sont prêts à tout pour protéger le petit animal.
Pour incarner Iglesias, la production emploie pas moins de sept chatons tabby qui sont formés pendant trois semaines en utilisant à la fois des pointeurs laser pour leur indiquer où se placer et de la nourriture en guise de récompense. Il faut aussi leur apprendre à supporter les costumes qu’ils doivent porter dans le film, sans chercher à les retirer : cela n’a rien d’évident, quand on sait combien les petits félins n’aiment globalement pas porter un vêtement. Une fois le tournage terminé, ils sont adoptés par différents membres de la production.
Hasard du calendrier, la production de Keanu démarre en 2014, l’année de la sortie du film d’action John Wick dans lequel la star canadienne Keanu Reeves (né en 1964) incarne un assassin à la retraite qui jure de se venger d’un groupe de gangsters ayant tué son chien. L’occasion est trop belle pour l’équipe de production : elle entre en contact avec lui et lui demande de prêter sa voix à Iglesias dans une scène rêvée par les personnages du film.
Aussi absurde que drôle, Keanu est un succès critique. Le jeu d’acteurs de Key et Peele est salué, tout comme le rythme et les gags du film. Le succès est au rendez-vous, du moins aux États-Unis : le film y génère 20 millions de dollars de recettes. Il est en revanche peu distribué dans le reste du monde, notamment en raison du manque de notoriété des deux acteurs en dehors du monde anglophone. D’ailleurs, il demeure par exemple largement méconnu du public francophone.