Témoin minutieux de la vie dans les petites bourgades de l’Amérique, le romancier américain Stephen King (né en 1947) s’inspire constamment des choses les plus banales pour susciter l’effroi chez ses lecteurs.
En 1982, il fait d’un Saint-Bernard enragé le monstre de son roman Cujo. Trois ans plus tard, il s’intéresse de nouveau au rapport avec les animaux domestiques avec Simetierre (Pet Sematary, en anglais) dans lequel Church, le chat d’une famille du Maine qui est mort écrasé par un camion, revient mystérieusement parmi les vivants.
Souvent considéré comme l’un des meilleurs ouvrages du maître de l’horreur, Simetierre est adapté une première fois au cinéma en 1989, scénarisé par le romancier lui-même. Le résultat est décrié par la critique, mais une suite intitulée Simetierre 2 (Pet Sematary II) sort malgré tout deux ans plus tard.
En 2019, surfant sur le succès de l’adaptation en deux films du roman Ça (It) adapté d’un autre livre de King, les réalisateurs Kevin Kölsch et Dennis Wdmyer se lancent dans une nouvelle adaptation de Simetierre qui s’éloigne quelque peu du matériau d’origine et entend surprendre ceux qui connaissent déjà le roman par cœur. Le film divise la critique, mais séduit le public.
Pour incarner le sinistre chat mort-vivant de l’histoire, la production sélectionne pas moins de cinq Maine Coons à la robe tabby. Deux d’entre eux sont particulièrement remarqués : le premier s’appelle Leo et tourne la plupart des scènes où Church est un mort-vivant, tandis que le second se nomme Tonic et incarne le personnage avant son décès. La répartition des rôles est principalement basée sur leurs expressions faciales respectives : en effet, Tonic a une apparence plus avenante que Leo, qui paraît plus figé et inquiétant. C’est d’ailleurs ce dernier qui assure en général la promotion du film et qui apparaît sur l’affiche.
La dresseuse Melissa Millett prépare pendant deux mois les stars félines pour le tournage en employant une technique appelée « free shaping ». Celle-ci a la particularité de ne pas reposer sur l’utilisation de mots ou de gestes invitant l’animal à effectuer une action en particulier : en lieu et place, ce qu’on souhaite lui faire réaliser est décomposé en plusieurs étapes, et il est récompensé chaque fois qu’il réalise une d’entre elles. À terme, il assimile donc l’ensemble des actions et doit pouvoir les enchaîner. Fréquente pour les acteurs félins, cette technique est également employée par les comportementalistes canins notamment pour corriger des problèmes comportementaux que des maîtres leur soumettent.
Leo n’a toutefois pas vraiment le loisir de profiter de sa nouvelle gloire : deux mois après la sorte du film, son propriétaire annonce son décès, sans en préciser la cause.