Choupette dans « Karl’s Secret », de Tiffany Cooper (2015)

Sommaire de l'article

  1. Page 1 :
  2. 1. De la littérature en estampes…
  3. 2. …à la bande dessinée
  4. 3. À partir des dernières années du 19ème siècle : des chats et des journaux
  5. 4. Les années 1920 : Felix, la star de la BD
  6. 5. Les années 1940-1950 : la traversée du désert
  7. 6. Les chats à l’heure du comix
  8. 7. Les nouvelles stars félines de la BD
  9. 8. Rire, pleurer et philosopher en compagnie des chats
  10. 9. Le chat, miroir du quotidien
  11. Page 2 : « Krazy Kat », de George Herriman (1913)
  12. Page 3 : « Felix le chat », de Otto Messmer et Pat Sullivan (1919)
  13. Page 4 : Hercule dans « Pif le chien », de José Cabrero Arnal (1949)
  14. Page 5 : Le chat dingue dans « Gaston Lagaffe », de Franquin (1957)
  15. Page 6 : Azraël dans « Les Schtroumpfs », de Peyo (1959)
  16. Page 7 : Salem dans « Sabrina, l’apprentie sorcière », de Dan Decarlo et George Gladir (1962)
  17. Page 8 : « Fritz le chat », de Robert Crumb (1965)
  18. Page 9 : « Garfield », de Jim Davis (1978)
  19. Page 10 : Le chat noir dans « Les yeux du chat », de Alejandro Jodorowsky et Moebius (1978)
  20. Page 11 : Les nazis dans « Maus », de Art Spiegelman (1980)
  21. Page 12 : « Le Chat », de Philippe Geluck (1983)
  22. Page 13 : « Billy the cat », de Stephen Desberg et Stéphan Colman (1989)
  23. Page 14 : Les hommes-chats dans « Chats », de Didier Convard (1992)
  24. Page 15 : « Blacksad », de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido (2000)
  25. Page 16 : « Le Chat du rabbin », de Joann Sfar (2002)
  26. Page 17 : Tinker dans « Nou3 », de Grant Morrison (2004)
  27. Page 18 : Le chat qui change tout le temps de nom dans « Lou ! », de Julen Neel (2004)
  28. Page 19 : « Miss Annie », de Franck Le Gall et Flore Balthazar (2010)
  29. Page 20 : Sugar dans « Sugar, Ma vie de chat », de Serge Baeken (2014)
  30. Page 21 : Choupette dans « Karl’s Secret », de Tiffany Cooper (2015)
  31. Page 22 : « Léonid », de Frédéric Brrémaud et Stefano Turconi (2015)

Publié en 2015, Karl’s Secret est une bande dessinée signée par Tiffany Cooper (née en 1985), illustratrice et chroniqueuse française connue pour son ton décalé et son trait naïf. Cet album est inspiré de la relation réelle entre le grand couturier allemand Karl Lagerfeld (1933-2019), pour qui Cooper a d’ailleurs travaillé, et sa célèbre chatte Choupette. Adopté en 2011, ce Sacré de Birmanie au pelage blanc immaculé et aux yeux d’un bleu limpide devient en quelques années une véritable star de la mode.


À travers ce récit humoristique, l’auteur détourne avec malice les codes de la biographie et du reportage pour imaginer le quotidien de Karl et de son animal fétiche, entre séances photo, défilés, confidences et caprices de diva.


Volontairement minimaliste, le dessin contraste avec le milieu qu’il représente : celui du luxe, de la haute couture et du culte de l’image. Tiffany Cooper déploie en outre tout au long de son œuvre un humour tendre, parfois absurde. Incarnant à la fois la grâce, le pouvoir et la dérision, Choupette y est représentée comme une muse silencieuse, mais omniprésente, dotée d’une personnalité presque humaine : exigeante, raffinée, légèrement snob et parfaitement consciente de sa célébrité. Elle apparaît ainsi en quelque sorte comme une véritable extension de son maître.


En plaçant Choupette au centre de l’histoire, Tiffany Cooper saisit avec humour un phénomène de société : l’engouement pour certains chats stars d’internet. Mais derrière la légèreté du ton, Karl’s Secret est aussi une réflexion sur la solitude et le besoin d’affection d’un homme vieillissant dont le seul véritable lien émotionnel semble être son animal.


Avec son approche à la fois pop et introspective, cette bande dessinée illustre parfaitement une tendance forte du genre dans les années 2010 : celle où le chat, loin de la figure comique universelle de Garfield ou de la maturité de Blacksad, est un symbole de l’intime et du dérisoire.