Comme le prouvent les 2 millions de chats divaguant librement en Israël (pour environ 9,5 millions d’habitants, soit plus de 200 chats errants pour 1000 habitants), cet animal est aujourd’hui très présent dans la vie des juifs du pays. Pourtant, il brille par son absence dans la Torah, le texte principal du judaïsme.
Plus largement, cette religion ne considère aucun animal comme sacré. Ils ne sont d’ailleurs que rarement mentionnés dans la Torah comme dans les autres textes importants du judaïsme, à moins qu’ils ne jouent un rôle pratique ou symbolique – à l’image par exemple de la colombe et du lion, qui incarnent respectivement la paix et le courage.
On sait néanmoins que le chat était bel et bien présent dans le quotidien des Hébreux de Canaan, le pays qui englobait les territoires correspondant aujourd’hui à Israël, à la Palestine, au sud du Liban et à l’ouest de la Jordanie.
Il est en effet mentionné dans la première partie du Talmud, le texte central du judaïsme rabbinique, qui fut compilé au 2ème siècle après J.-C. Plus précisément, il est présent dans un passage où le rabbin Pappa préconise de ne pas entrer dans une maison où ne réside aucun chat, de peur de s’exposer à la morsure d’un serpent (Pessahim 112b:10), ainsi que dans un autre où l’on évoque le sens de son apparition dans les rêves (Berakot 56b:18).
En théorie, rien n’interdit aux juifs de posséder un chat. Les préceptes du judaïsme rappellent cependant aux fidèles qu’adopter un animal quel qu’il soit est une grande responsabilité. Un des traités du Talmud indique ainsi qu’il est essentiel de pouvoir répondre à l’ensemble des besoins vitaux de l’animal qu’on souhaite se procurer (Ketubot 4:8). Un autre va même plus loin, en affirmant que les animaux de compagnie doivent être nourris avant qu’on puisse soi-même envisager de manger (Berakot 40a).
Décrit comme un exemple de modestie dans le traité Eruvin (Eruvin 100b:29), le chat reste aujourd’hui une source d’inspiration pour certains auteurs juifs. On le retrouve par exemple comme personnage principal de la série de bandes dessinées Le Chat du rabbin, écrite et dessinée depuis 2002 par l’auteur français Joann Sfar. Prenant place dans l’Algérie des années 30, elle met en scène des dialogues philosophiques entre un rabbin d’Alger et son chat doué de parole. Ce dernier souhaite devenir un bon juif et doit pour cela apprendre les préceptes de la Torah et du Talmud.