Aperçu pour la première fois dans Bubsy in Claws Encounters of the Furred Kind, un titre développé par le studio américain Accolade et sorti en 1993 sur Mega Drive et Super Nintendo puis en 1995 sur PC, Bubsy a laissé des souvenirs parfois douloureux aux joueurs ayant eu l’occasion de le prendre en main.
Conçu par l’Américain Michael Berlyn (1949-2023), ce lynx roux vêtu d’un simple t-shirt blanc avec un point d’exclamation séduit le public avant même la sortie du jeu. Rapide sur ses pattes, il est présenté par Accolade comme le successeur de Sonic, mais en plus drôle. En tout cas, alors que la mascotte de Sega vient au secours d’animaux transformés en robots par l’infâme docteur Robotnik, Bubsy se lance lui dans une mission beaucoup plus absurde : vaincre les « woolies », des aliens qui veulent voler toutes les pelotes de laine de la Terre. L’enjeu est important pour lui, car il en possède justement la plus grande collection de la planète.
En plus de son personnage charismatique et son univers original, Bubsy in Claws Encounters of the Furred Kind peut compter sur des graphismes fins et colorés, une bande-son entraînante et des animations de grande qualité. Tout semble donc à première vue réuni pour proposer une aventure loufoque et passionnante aux amateurs de jeux de plates-formes. Hélas, la jouabilité du titre est par moment abominable. Comme Sonic, Bubsy mise beaucoup sur la vitesse pour parvenir à ses fins, mais contrairement à son illustre modèle, le personnage du jeu d’Accolade est une véritable savonnette sur pattes qu’on peine à contrôler. Pire : il lui suffit d’être touché une seule fois par un ennemi pour mourir, là où la majorité des jeux de plateforme laissent plusieurs chances au joueur avant d’en arriver là – ce afin d’éviter une expérience de jeu trop frustrante. Ainsi, ce qui devait être un titre drôle et décalé se transforme en véritable parcours du combattant.
Malgré ces défauts, les ventes sont suffisamment importantes pour justifier le développement non pas d’une, mais de deux suites qui sortent toutes les deux en 1994. Bubsy II est développé en interne par Accolade et distribué sur Mega Drive, Super Nintendo, Game Boy et PC. Bubsy in: Fractured Furry Tales pour sa part est confié au studio britannique Imagitec Design et disponible en exclusivité sur la Jaguar d’Atari. Les deux titres parviennent à corriger en partie les problèmes de maniabilité du premier opus, mais la réputation de Bubsy est déjà ternie et les ventes ne sont pas satisfaisantes. Par ailleurs, Michael Berlyn n’est pas impliqué dans le développement de ces deux jeux et se montre très critique à l’égard d’Accolade : il accuse l’entreprise de ne pas avoir compris « sa vision originale » du personnage.
Malgré ces performances en demi-teinte, Accolade persiste en 1996 avec un quatrième épisode. Disponible uniquement sur PlayStation, Bubsy 3D est comme son nom l’indique la première déclinaison en 3D du lynx. Il marque aussi le retour à la barre de Michael Berlyn, mais cela ne suffit pas à rectifier le tir. Peu maniable et présentant de gros problèmes de caméra, ce jeu est même carrément considéré comme l’un des pires jamais sortis sur la console de Sony.
La licence est alors mise en repos, mais le personnage conserve tout de même quelques fans. Cela explique que deux nouveaux opus voient le jour un peu plus de vingt ans plus tard. Sorti en 2017 sur PlayStation 4 et PC, Bubsy : The Woolies Strike Back se fait lui aussi assassiner par la critique, malgré un retour à la 2D. Quant à Bubsy : Paws on Fire, sorti en 2019 et disponible pour sa part sur PlayStation 4, Nintendo Switch et PC, il passe plus ou moins inaperçu.
Après ces deux nouveaux échecs, Accolade finira-t-elle par laisser son héros tombé en disgrâce reposer en paix ?