Le typhus du chat est une infection virale terrible, responsable d'encore un trop grand nombre de décès chaque année, en particulier chez les plus jeunes. La mise au point d'un vaccin a toutefois permis de réduire considérablement la propagation de la maladie au sein de la gent féline, et de protéger efficacement nos compagnons.
Comment se transmet le typhus du chat ? Quels sont les symptômes ? Existe-t-il des traitements ? Un chat vacciné peut-il attraper le typhus ?
Le typhus du chat, aussi appelé panleucopénie féline ou leucopénie féline, est une maladie causée par un virus de la famille des parvovirus, comme celui responsable de la parvovirose du chien. Ses symptômes sont toutefois plus proches des symptômes de la maladie de Carré chez le chien : on l'appelle donc parfois « maladie de Carré du chat », même s'il s'agit de deux pathologies différentes causées par deux virus distincts.
Il est devenu relativement rare dans les pays industrialisés depuis la mise au point d'un vaccin, et se rencontre donc principalement au sein des chats errants et ceux vivant en groupe (les élevages par exemple). Il touche l'ensemble des félidés (pas seulement les domestiques), ainsi que d'autres espèces animales, comme le renard, le vison ou le raton laveur. Il est en revanche inoffensif pour le chien et l'être humain.
En France, le typhus est considéré comme un vice rédhibitoire chez le chat, c'est-à-dire que l'adoptant peut exiger de la part du vendeur le remboursement intégral de l'animal si celui-ci développe la maladie peu de temps après avoir été acheté. Dans le cas du typhus, le délai de rédhibition est de 30 jours, à condition que le vétérinaire ait rédigé un certificat de suspicion de la maladie dans les 5 jours qui suivent l'achat, et ait ensuite confirmé son diagnostic.
Le typhus du chat se transmet d'un animal à l'autre principalement par le biais des selles, car celles-ci contiennent une grande quantité de virus. Un chat guéri continue d'ailleurs d'excréter du virus dans ses excréments des semaines après sa guérison.
La contamination par le biais des sécrétions oro-nasales telles que la salive, le mucus nasal ou les gouttelettes respiratoires est également possible, même si plus rare.
À savoir que le microbe peut survivre de longs mois dans l'environnement et résiste bien aux désinfectants habituels : il est donc difficile d'enrayer sa propagation, notamment dans les élevages et pensions.
Les chats vivant en appartement ne sont pas à l'abri du typhus, puisque leur maître peut rapporter le virus au domicile via ses chaussures ou ses vêtements.
Une chatte infectée peut également transmettre la maladie à sa progéniture pendant la gestation. Toutefois, si elle possède des anticorps contre la maladie (qu'elle ait été soit vaccinée, soit en contact avec le virus par le passé), elle transmet ces derniers à ses petits pendant l'allaitement, ce qui les protège pendant environ 12 semaines. En revanche, dès l'âge de 3 mois, tous les individus non vaccinés sont susceptibles de contracter la maladie. D'ailleurs, la vaccination ne garantit pas un risque zéro, même si elle réduit fortement les risques de développer des symptômes.
La période d'incubation de la panleucopénie féline est particulièrement rapide, puisqu'elle ne dure que quelques jours.
Une fois que le virus a pénétré l'organisme d'un chat, il colonise son tube digestif et s'attaque aux cellules de sa paroi intestinale. Il en résulte donc des diarrhées sanglantes et des vomissements importants, ainsi que de l'abattement, une perte d'appétit et une forte fièvre (entre 40 et 41°C). En très peu de temps, une déshydratation conséquente apparaît, qui se révèle fatale pour plus de 90% des chatons atteints. La propagation de la maladie au sein d'un élevage ou d'une pension peut donc faire un véritable carnage.
En parallèle, le nombre de globules blancs dans son organisme est considérablement réduit, signe que le virus a colonisé la moelle osseuse (qui les produit) et les ganglions lymphatiques (où ils sont stockés). L'animal voit donc ses défenses immunitaires fortement réduites, ce qui le rend vulnérable à toutes sortes d'infections opportunistes.
Des atteintes oculaires et/ou cérébrales peuvent également survenir, en particulier chez le très jeune chaton : les principaux symptômes sont alors des troubles neurologiques (tremblements, problèmes de coordination des membres...) et/ou une cécité fulgurante causée par un décollement de la rétine et une dégradation du nerf optique. Lorsque la maladie est contractée par une chatte en gestation, elle peut conduire à des fausses couches ou des malformations des foetus, le virus s'en prenant aux cellules en train de se diviser.
La panleucopénie féline étant une maladie à évolution très rapide et à l'issue souvent fatale, le maître et le vétérinaire disposent de très peu de temps pour réagir.
Après constatation des symptômes, le diagnostic du typhus chez le chat se fait en deux étapes :
Si des signes neurologiques sont présents, ce qui se produit plus fréquemment chez les chatons, un examen par Image par Résonance Magnétique (IRM) permet d'évaluer l'ampleur des dégâts dans le cerveau et les potentielles séquelles. D'autres examens peuvent aussi être effectués post mortem (comme une analyse des tissus de la paroi intestinale), dans le cas où l'animal meurt avant que le diagnostic final ait pu être posé.
Comme beaucoup de maladies virales, le traitement du typhus du chat est essentiellement symptomatique, c'est-à-dire qu'il ne vise pas à détruire le virus, mais à aider l'organisme à survivre jusqu'à ce qu'il soit naturellement éliminé par le système immunitaire.
En fonction de l'état de santé de l'animal et de l'étendue de ses symptômes, différents traitements peuvent être envisagés :
Ces différents soins ne sont malheureusement pas toujours suffisants pour sauver le malade, puisque près d'un chat sur deux décède malgré tout.
Il existe également un traitement antiviral, le Virbagen Oméga, qui donne de bons résultats sur certaines maladies virales du chat (la leucose et le sida du chat notamment) ainsi que sur les chiens atteints de parvovirose, une infection par un virus de la même famille que celui de la panleucopénie féline.
Des chercheurs se sont donc intéressés à l'efficacité de ce médicament pour traiter les chats malades du typhus. L'expérience a montré que certains d'entre eux voient bel et bien leur état de santé s'améliorer rapidement, mais ils sont loin de représenter la majorité des cas. Comme de surcroît le coût du traitement n'est pas négligeable (il faut en effet compter plusieurs centaines d'euros), tous les chats atteints du typhus ne se voient pas nécessairement administrer ce produit.
Les malades qui parviennent à survivre récupèrent heureusement plutôt bien et ne gardent généralement pas de séquelle, sauf en cas d'atteintes neurologiques. Ils continuent toutefois à excréter le virus dans leurs selles pendant plusieurs semaines : ils restent donc contagieux pendant un certain temps.
Le meilleur moyen de prévenir le typhus chez le chat est de le faire vacciner. La vaccination se pratique dès l'âge de deux mois, et fait l'objet de rappels annuels. Elle ne permet pas de garantir une absence totale de risques, mais limite fortement les chances de contracter la maladie et de développer des symptômes graves. Les chats d'intérieur doivent aussi être vaccinés, car ils ne sont pas à l'abri de contracter l'infection.
Par ailleurs, tout cas soupçonné ou confirmé de typhus dans un foyer doit faire l'objet d'une quarantaine très stricte, car le virus se propage facilement d'un individu à l'autre. La désinfection de l'ensemble des lieux de vie du chat est donc essentielle. Les produits contenant de l'eau de Javel sont très efficaces pour éliminer le microbe, mais d'autres peuvent aussi être utilisés, comme ceux à base d'hydroxyde de sodium, d'acide peracétique ou de formaldéhyde.
Le typhus est une maladie non seulement très contagieuse, mais aussi très grave, donc peu de chats parviennent à réchapper. La vaccination est donc la meilleure arme contre ce virus très agressif. Les animaux d'intérieur sont eux aussi concernés, car leur mode de vie ne les protège pas d'une rencontre malencontreuse avec le microbe...