Comment faire soigner son chat sans stress

12/01/2008


Il ne doit pas être traité de la même manière qu'un chien, selon des recommandations à l'usage des vétérinaires qui s'en occupent.
LORS des visites chez le vétérinaire, Minet ne supporte pas plus que nous les blouses blanches dont la couleur éblouissante annonce la présence du docteur, mais il préfère le vert ou le bleu. Il n'apprécie pas non plus les chiens dans la salle d'attente et encore moins le bruit et les odeurs qui en résultent et qui sont étrangères à son environnement habituel, de même pour les odeurs pharmaceutiques. Ces éléments lui font libérer les hormones du stress (catécholamines). Il a trop chaud, ses formules sanguine et urinaire se modifient ainsi que la fréquence cardiaque, la tension artérielle et la glycémie qui monte très haut pendant un temps très long. Résultat, le vétérinaire ne peut le manipuler. Et il en arrive parfois à anesthésier totalement un jeune chaton pour faire une simple prise de sang.

Conscients de ces difficultés, des experts et des praticiens qui travaillent ensemble depuis 2004 sur la santé des chats domestiques ont rédigé pour la première fois un document pour améliorer leur prise en charge vétérinaire en tenant compte de leurs spécificités (*).

«Nous allons enfin vers une standardisation de la médecine fé­line», se réjouit Anne-Claire Chappuis-Gagnon, chargée de la consultation de médecine féline à l'École vétérinaire de Lyon et coordinatrice scientifique de l'ouvrage en question.

Presque 10 millions de chats (9,9 exactement) ont été recensés en France en 2007. Ces animaux se trouvent, pour la première année, en nombre supérieur aux chiens dans nos foyers. Un tiers d'entre eux vivent désormais en ville. Pour ceux-là mettre des étagères sup­plé­men­taires dans nos logements contribue à leur bien-être : ils adorent surveiller ce qui se passe.


Des animaux «pessimistes»

Dans ce travail, le chat domes­tique (Felis catus) a été reconnu comme une entité biologique et psychologique spécifique, très différente de son homologue canin. «La plupart des chats sont pessimistes ils pensent que le pire va arriver», relève Kim Kendall, vétéri­naire australienne. Jusqu'à présent les propriétaires de chats les soignaient comme des chiens, mais l'on sait désormais que le matou a besoin de thérapeutiques différentes : certaines molécules comme le paracétamol ou l'aspirine sont toxiques pour lui. Maintenant que leur douleur est correctement prise en compte avec une anesthésie adaptée, un chat qui vient de subir une stérilisation de convenance le matin est parfaitement réveillé à 16 heures. Alors, il est capable de s'alimenter, de sauter sur les genoux de son maître ce qui n'était pas possible il y a seulement 25 ans.

Aujourd'hui il existe 36 espèces de félidés, famille à laquelle le chat domestique, le lion, l'ocelot et le gué­pard appartiennent. Biologiquement le chat domestique correspond à la même espèce que le forestier (Felis silvestris).

La première preuve de sa do­mestication a été découverte à Chypre, où le squelette complet d'un chaton de 8 mois datant de la fin du VIIIe millénaire avant notre ère ( 7 500 ans) a été mis au jour « en connexion » près d'une sépulture humaine, preuve de l'attachement de son propriétaire à ce félidé sans doute sacrifié à sa mort. Les Grecs l'introduisent comme animal de compagnie en Europe au VIe siècle avant JC, puis les Romains le propagent et il devient un chasseur de souris et de rats fort apprécié au Moyen Âge.

La stérilisation, facteur de do­mestication, remonte à cette époque. Si elle change les rapports de force au sein d'un groupe, elle protège néanmoins ceux qui vivent isolés de la contamination potentielle par les rétrovirus, du développement de tumeurs mammaires chez la femelle, et contribue à leur assurer une bonne santé.
Isabelle Brisson
Photo : Chez un vétérinaire, le chat supporte mal la chaleur et les odeurs pharmaceutiques .