Comment ne pas associer les mots « lait » et « chat » ? En effet, le lait serait la boisson préférée de nos petits félins, selon une rumeur coriace, véhiculée aujourd'hui encore par l'imagerie populaire.
Même si de plus en plus de personnes sont au fait qu'il s'agit en fait d'une idée reçue, beaucoup continuent de penser que donner du lait à son chat est quelque chose de tout à fait naturel. La réalité est toutefois un peu plus compliquée que cela.
Alors, le lait est-il réellement recommandé pour nos petits félins ? Peut-on leur en donner sans risque ? Si oui, jusqu'à quel âge et en quelle quantité ?
Le lait est un liquide de couleur blanchâtre, produit par les glandes mammaires des femelles chez les mammifères, et qui sert à nourrir leurs petits depuis la naissance jusqu'au sevrage. On parle de liquide biologique, puisqu'il est produit par un organisme vivant.
À l'origine, le lait est donc produit par les mammifères uniquement. Néanmoins, on regroupe parfois sous cette appellation d'autres types de liquides comestibles, comme :
Lorsqu'on parle de donner du lait à son chat, on parle alors évidemment du lait de mammifère, et plus particulièrement de lait de vache, qui est celui que l'on trouve le plus facilement dans le commerce.
Comme il sert à nourrir les petits à la naissance, le lait est naturellement une substance très riche, qui contient les nutriments nécessaires à une croissance rapide.
La composition du lait dépend de l'animal dont il est issu. On y trouve globalement :
Comparé à celui d'autres espèces comme l'humain, le chien ou la vache, le lait produit par une chatte contient une part importante de protéines (environ 10%) ainsi qu'une quantité réduite de lipides et de glucides (moins de 5% pour chaque).
Comme chez tous les mammifères, les chatons qui viennent de naître se nourrissent de lait. C'est d'ailleurs la seule chose qu'ils peuvent ingérer.
Cette situation se prolonge pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que leur organisme soit en mesure d'assimiler d'autres types de nourriture (viande, croquettes...). Ainsi, les premiers aliments solides sont consommés vers l'âge d'un mois, et le sevrage alimentaire (qui correspond à l'arrêt complet de l'allaitement) se produit vers deux mois.
À partir de ce moment-là, le chat ne tète plus sa mère, et n'a donc normalement plus accès à une source de lait. Sa boisson de prédilection devient alors l'eau, et son régime devient celui d'un carnivore.
Contrairement à une idée reçue, seuls les chatons se nourrissent donc de lait, le temps d'être assez matures pour manger de la viande. Les chats adultes eux n'en boivent normalement pas, car ils n'en ont pas besoin pour être en bonne santé.
Le lait n'est pas seulement un aliment inhabituel pour un chat adulte : il présente aussi certains risques pour sa santé, et occasionnerait notamment du surpoids et des problèmes digestifs.
Si les chatons peuvent se nourrir de lait à la naissance, c'est parce que leur appareil digestif produit une enzyme que l'on appelle « lactase », qui permet de décomposer le lactose et de le digérer correctement.
Toutefois, lors du sevrage, le chaton boit de moins en moins de lait, pour se tourner de plus en plus vers une alimentation solide. La production de lactase diminue donc peu à peu, jusqu'à devenir résiduelle voire nulle à l'âge adulte. Un chat adulte digère donc très mal le lait : s'il en avalait un peu trop, il souffrirait de troubles digestifs tels que des flatulences et des diarrhées. C'est ce que l'on appelle l'intolérance au lactose.
Contrairement à ce que l'on observe chez les humains (notamment en Occident), l'intolérance au lactose est de très loin la norme chez les chats, et même chez les mammifères en général. Il existe certes quelques exceptions, mais c'est très résiduel : l'immensité majorité des petits félins ne peuvent pas boire de lait sans être rapidement malades.
Lorsqu'il vient au monde, le chaton est tout petit et n'a pas fini son développement : il a donc besoin d'une alimentation très riche pour grandir vite et devenir autonome. C'est là que le lait maternel intervient : sa composition lui permet de passer de 100 grammes à la naissance à 500 grammes au bout d'un mois et à 1 kilo au bout de deux mois.
Mais après le sevrage, la croissance du chaton ralentit, même si elle n'est pas terminée. Ses besoins alimentaires changent : en particulier, la part de protéines devient très importante, tandis que celle en lipides reste assez faible. Ainsi, une fois qu'il devient adulte, il lui faut beaucoup plus de protéines que de lipides dans son alimentation pour être en bonne santé. Or, en comparaison, le lait est beaucoup trop gras, puisqu'il contient à peu près autant de protéines que de lipides (ou à peine plus).
Par conséquent, même en supposant qu'un chat adulte ne souffre pas d'intolérance au lactose, il ne serait pas recommandé de lui donner de lait, car cela risquerait de déséquilibrer son régime et de lui faire prendre rapidement du poids - en particulier s'il est naturellement peu actif ou enclin à l'embonpoint.
Comme chez l'être humain, certains chats souffrent d'une allergie aux protéines contenues dans le lait. Ils ne peuvent donc pas en consommer sans développer une réaction allergique avec à la clé des symptômes digestifs et/ou cutanés plus ou moins violents. Dans les cas les plus graves, des difficultés respiratoires sont susceptibles d'apparaître : il s'agit alors d'une urgence vétérinaire.
Le phénomène d'allergie ne vient pas d'un problème d'enzyme, mais d'un dysfonctionnement du système immunitaire. Il peut donc concerner tous les chats, y compris les plus jeunes. Il semble toutefois un peu plus fréquente chez les adultes que chez les chatons, peut-être justement parce qu'ils ne sont plus censés en consommer.
Quel que soit son âge, un chat souffrant d'allergie aux protéines de lait ne doit pas en boire, ni même consommer d'aliments qui en contiennent (fromage, yaourt, glace...). En effet, même une petite quantité d'allergènes peut suffire à déclencher une réaction violente. Cela implique donc de faire très attention à la composition de ce qu'on lui donne.
En règle générale, un chat peut boire du lait jusqu'à l'âge de 10 semaines.
C'est en effet à ce moment-là qu'il est totalement sevré, et qu'il ne se nourrit plus que d'aliments solides. Sa production de lactase (l'enzyme qui permet de digérer le lactose) diminue donc progressivement, jusqu'à devenir très faible voire nulle. Une étude intitulée « Clinical and Morphological Manifestations of Disorders of the Gastrointestinal Tract of Cats with Regular Consumption of Lactose » et publiée en 2019 dans la revue Biosciences Biotechnology Research Asia montre ainsi que la plupart des chats étudiés cessent de produire totalement la lactase après l'âge d'un an.
Certains peuvent toutefois garder une certaine capacité à digérer un peu de lait, en particulier s'ils continuent d'en consommer souvent après le sevrage et donc que leur production de lactase reste suffisante. En revanche, un chat qui n'a plus l'occasion d'en ingérer perd assez vite cette faculté : il peut commencer à souffrir de troubles digestifs dès 10 à 12 semaines, et ne le digère plus du tout après un an.
Si l'on souhaite donner du lait à son chat (parce qu'il n'y est ni intolérant ni allergique), le choix est assez large : les laits de vache, de brebis ou de chèvre sont les plus répandus dans le commerce, mais il en existe d'autres, comme le lait de jument, d'ânesse, ou même d'espèces plus exotiques comme la chamelle.
Pour faire le bon choix pour son chat, il faut regarder la quantité de lactose de chacun, mais aussi la part de lipides et de glucides pour éviter ceux qui sont trop riches. Par exemple, le lait des ruminants est moyennement riche en lactose, mais est assez gras ; à l'inverse, le lait de jument et d'ânesse contient peu de lipides, mais beaucoup de lactose. Dans les deux cas, il faut donc en limiter strictement la consommation (par exemple en le coupant avec de l'eau), pour éviter le risque de surpoids et de troubles digestifs.
Une autre option si l'on possède un chat qui digère mal le lait consiste à opter pour ce que l'on appelle un « lait sans lactose ». Il est bien plus digeste, soit parce qu'on en a effectivement retiré le lactose, soit parce qu'on y a ajouté artificiellement de la lactase pour que celle-ci décompose le lactose. Cela étant, le problème de déséquilibre alimentaire et de surpoids demeure, car il n'est pas moins riche que le lait classique.
Un chat qui ne souffre pas de réelle intolérance au lactose peut continuer à boire du lait après son sevrage, mais il doit le faire en quantité limitée car il produit moins de lactase. La limite acceptable est assez variable : certains estiment toutefois que les risques de troubles digestifs sont faibles en dessous de 10 mL par kilo de masse corporelle. Un chat de 5 kg pourrait donc théoriquement boire jusqu'à 50 mL de lait par jour.
Cela ne signifie pas qu'il soit forcément conseillé de lui en proposer autant chaque jour, car le lait est trop gras pour un chat et peut donc rapidement le faire grossir. Par conséquent, même s'il le digère bien, mieux vaut ne pas en donner plus d'une fois toutes les quelques semaines, et en petite quantité.
Dans le cas d'un chat intolérant au lactose, il est préférable de ne pas lui en donner du tout, pour ne pas le rendre malade. Si l'on souhaite malgré tout lui faire plaisir de temps en temps, on peut opter à la place pour des produits laitiers comme le yaourt ou le fromage blanc, ou éventuellement du lait sans lactose.
Enfin, dans le cas d'un chat allergie aux protéines de lait, tous les produits qui en contiennent doivent être bannis de son alimentation, y compris donc les produits laitiers.
Si le lait pose différents problèmes - notamment celui de l'intolérance au lactose -, ce n'est pas forcément le cas des produits laitiers.
En effet, le fromage, le beurre, le yaourt ou le lait fermenté contiennent moins de lactose, car une bonne partie de celui-ci a été dégradé par les bactéries pendant leur fermentation. Même s'ils n'en sont pas totalement dépourvus, ils sont donc tout de même nettement plus digestes que le lait et présentent moins de risques d'occasionner des troubles digestifs.
L'inconvénient des produits laitiers est qu'ils sont généralement assez riches en lipides (en particulier le beurre et le fromage), et ne conviennent donc pas au régime alimentaire d'un chat, qui doit surtout contenir des protéines. Par conséquent, à moins d'opter pour du yaourt ou du fromage maigre, mieux vaut éviter de donner souvent des produits laitiers à son compagnon, sous peine de lui faire rapidement prendre du poids.
De plus, les produits laitiers déclenchent eux aussi des réactions allergiques chez les chats allergiques aux protéines de lait. Ils ne sont donc d'aucune aide dans ce cas-là, la seule solution étant alors de bannir tous les aliments contenant du lait, transformé ou non.
Le cas des chatons non sevrés est un peu à part, car ils ont des besoins très particuliers qu'il n'est pas facile de combler avec autre chose que du lait maternel. Plus ils sont jeunes, plus cette affirmation est vraie, et plus l'allaitement de la mère est crucial pour leur survie.
Si l'on se retrouve tout de même en position de devoir prendre soin d'un chaton non encore sevré (par exemple parce que sa mère est absente ou n'est pas en mesure de s'en occuper elle-même), il faut lui donner du lait maternisé pour chat, spécialement conçu pour sa bonne santé et sa croissance. Le lait d'autres mammifères et notamment de vache, de chèvre ou de brebis est à proscrire, car il contient trop de lipides et pas assez de protéines ni de minéraux par rapport au lait de chatte.
Pour ce qui est des quantités, elles varient beaucoup en fonction de l'âge : il faut compter autour de 25 mL par jour au bout d'une semaine, 45 mL par jour au bout de deux semaines, et 70 mL par jour au bout d'un mois. Cela dépend toutefois du lait choisi et de sa composition. En cas de doute, mieux vaut demander conseil à un vétérinaire, pour ne pas commettre d'impair.
Techniquement, rien n'empêche de donner du lait à son chat après son sevrage. D'ailleurs, lui-même ne se gênerait probablement pas d'en boire s'il parvient à en chiper ou si on lui en propose.
Toutefois, une fois que le sevrage du chaton est terminé, le lait ne fait pas partie de son régime alimentaire habituel : même s'il continue d'adorer ça, il n'en a pas besoin pour être bien nourri et en bonne santé. À choisir, mieux vaut donc lui fournir des croquettes, de la pâtée ou de la viande crue, qui sont nettement plus adaptées à ses besoins nutritionnels.
Si l'on souhaite toutefois lui faire plaisir de temps en temps, ce n'est pas un problème de lui en donner de toutes petites quantités - sauf si bien sûr il y est allergique. Pour un chat intolérant, mieux vaut privilégier le lait sans lactose, le yaourt ou le fromage (maigre si possible). Pour un chat qui continue de bien le digérer, n'importe quel lait peut faire l'affaire, à condition d'adapter les quantités pour ne pas déséquilibrer son régime. Dans les deux cas, cela doit rester exceptionnel.
S'il s'agit d'un chaton non sevré en revanche, les besoins nutritionnels doivent être suivis à la lettre, en particulier s'il est encore très jeune. Il ne peut alors être question de lui donner autre chose que du lait maternisé spécialement conçu pour les petits félins, et dans les quantités indiquées sur l'étiquette.
Le lait fait partie de ces aliments dont on pense souvent à tort qu'ils ne peuvent pas faire de mal, et qu'il n'y a donc pas de problème à en donner aux petits félins domestiques - d'autant que ceux-ci en raffolent. Pourtant, de la même façon qu'il faut être prudent lorsqu'on souhaite donner des os à son chien, des précautions s'imposent avec le lait et les produits laitiers pour les chats.
De toute façon, une fois adulte, le chat est un carnivore, et n'est donc pas censé boire du lait dans la nature. Cela n'empêche pas de lui en donner de temps en temps pour lui faire plaisir, mais ses repas habituels doivent être solides et répondre parfaitement à ses besoins nutritionnels. C'est le meilleur moyen de le garder en bonne santé le plus longtemps possible.
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