La domestication du chat par l’Homme remonte à près de 10.000 ans, et n’est pas sans lien avec les talents de chasseur du petit félin. En effet, nos lointains ancêtres ne manquèrent pas de remarquer combien ce dernier pouvait les aider à préserver leurs denrées alimentaires, en s’en prenant à toutes sortes de nuisibles : rats, souris, etc.
Toutefois, il n’y a pas que la nourriture qui peut être victime de ces petits animaux : c’est le cas également du papier, et donc par exemple des documents bancaires ainsi que du courrier.
C’est ainsi qu’en 1868, le service des transferts d’argent du bureau de poste principal de Londres voyait ses opérations sensiblement perturbées par une invasion de souris. Constatant que les pièges en tout genre mis en place pour tâcher d’y remédier étaient sans effet, le contrôleur en chef du service, Frederic Rowland Jackson, suggéra alors à la direction de recruter trois chats pour traiter le problème.
Il obtient immédiatement gain de cause, mais les nouveaux employés un peu spéciaux eurent d’abord à valider une période d’essai de six mois. En outre, le budget alloué pour prendre soin d’eux (un penny par jour) était inférieur à ce que Jackson avait suggéré – au motif qu’ils bénéficiaient d’avantages en nature, pouvant « compter sur les souris pour le reste de leurs émoluments »...
Les résultats ne se firent pas attendre, comme en témoigne un compte-rendu écrit par Jackson au terme des six mois de mise à l’épreuve, indiquant que les chats effectuaient leur tâche de manière très efficace et que le système mis en place avait dépassé les attentes. Il fut donc pérennisé, et même diffusé.
En effet, d’autres bureaux de poste confrontés au même problème eurent vent de cette initiative, et décidèrent d’embaucher eux aussi des chats afin d’y remédier.
84 ans plus tard, en 1952, la Poste britannique continuait d’employer de nombreux chats, et ceux-ci furent mis sur le devant de la scène au Parlement. En effet, lors d’une séance de la Chambre des Communes, un député souligna qu’apparemment le budget alloué par petit félin n’avait pas augmenté depuis bien longtemps – évoquant même la date de 1873.
Le ministre en charge de la tutelle des services postaux répondit alors que les choses étaient loin d’être harmonisées en la matière, et qu’il pouvait y avoir des écarts importants d’un bureau à l’autre. Il concéda toutefois que globalement ces montants étaient restés gelés depuis 1918, ajoutant – non sans malice - que les travailleurs concernés ne s’en étaient pas plaints pour autant.