Il est de notoriété publique que les humains peuvent être sujets à divers troubles du comportement alimentaire, les plus connus étant l'anorexie et la boulimie.
Ce que l'on ignore souvent en revanche, c'est que ces problèmes existent aussi chez les animaux de compagnie, en particulier les chats. Ils n'ont pas exactement les mêmes causes et ne se résolvent pas nécessairement de la même façon, mais les symptômes et les conséquences possibles sont similaires.
Un trouble du comportement alimentaire est une perturbation de la prise alimentaire ayant la particularité d'entraîner à terme des conséquences graves sur la santé. On parle aussi parfois de trouble de la conduite alimentaire, ou de trouble alimentaire.
Ce sont globalement les mêmes chez le chat que chez l'être humain. Ainsi, les principaux sont la boulimie, l'anorexie, la gloutonnerie, le pica et la coprophagie. En revanche, les allergies et intolérances alimentaires n'en font pas partie : il s'agit d'autres types de problèmes.
Chez les humains, les troubles alimentaires ont presque toujours une cause psychologique et non physiologique : un stress chronique, un mal-être profond, un manque de confiance en soi, un complexe... La personne atteinte compense ce trouble en adoptant un comportement alimentaire malsain : par exemple, elle refuse de manger, ou au contraire s'alimente en quantités bien trop importantes.
La situation est bien différente chez les animaux de compagnie, notamment les chats : certaines conduites alimentaires anormales peuvent là aussi avoir une origine psychologique (en particulier un stress important), mais c'est loin d'être systématiquement le cas. Ainsi, il n'est pas rare qu'elles aient plutôt pour origine une carence, une maladie hormonale ou encore une infestation par des parasites. C'est alors bien sûr ce problème sous-jacent qu'il faut régler pour guérir l'animal.
La boulimie est un des troubles alimentaires les plus connus et répandus, aux côtés de l'anorexie. Elle se définit comme un besoin irrépressible de manger bien au-delà du sentiment de satiété, potentiellement jusqu'à s'en rendre malade. Elle est parfois associée au syndrome pica, un autre trouble qui consiste pour sa part à ingérer des éléments qui ne sont pas de la nourriture : plastique, graviers, carton...
Bien souvent, un chat devient boulimique du fait d'une anxiété importante ou chronique. Il faut savoir d'ailleurs que les petits félins sont particulièrement sujets au stress, même si cela ne se voit pas forcément. Ce stress peut lui-même avoir diverses origines : l'ennui, un manque d'attention, un changement important (par exemple un déménagement ou l'arrivée d'un nouvel animal dans le foyer), un mode de vie inadapté (notamment s'il vit confiné dans un petit appartement), etc.
La boulimie peut également avoir des causes physiologiques, en particulier une carence alimentaire ou une maladie hormonale telle que le diabète.
En général, elle est plus facile à détecter chez un chat que chez un chien, car il préfère normalement manger des petites rations réparties tout au long de la journée, plutôt que de faire des repas très copieux espacés de plusieurs heures. Par conséquent, s'il se met soudainement à avaler de grandes quantités de nourriture, le problème ne passe pas inaperçu.
Quoi qu'il en soit, si elle n'est pas traitée rapidement, la boulimie conduit rapidement à un surpoids (voire une obésité), des troubles digestifs divers, et potentiellement aussi des intoxications ou des occlusions intestinales si l'animal se met à avaler n'importe quoi pour compenser son besoin de manger. Le traitement à mettre en place dépend essentiellement de la cause sous-jacente : il peut être psychologique, médical, ou une combinaison des deux.
Autre trouble alimentaire très connu, l'anorexie se définit comme une perte très nette - voire totale - de l'appétit, et entraîne donc rapidement un amaigrissement notable.
Chez le chat, elle a souvent une cause physiologique : un problème bucco-dentaire qui l'empêche de bien mâcher (gingivite, parodontite...), une maladie digestive, une vive douleur, une infection, une maladie hormonale, un effet secondaire de médicament...
Il arrive aussi qu'elle ait une cause psychologique, en particulier un stress à la suite par exemple d'un changement important dans le quotidien. En revanche, contrairement à ce que l'on observe chez l'Homme, un chat ne devient jamais anorexique par peur de prendre du poids : cette cause de la maladie ne semble d'ailleurs pas du tout exister chez les animaux, du moins en l'état actuel des connaissances scientifiques.
Quel que soit le problème sous-jacent, la solution pour soigner un chat anorexique consiste à régler ce dernier. Cela passe par une intervention vétérinaire s'il est physiologique, ou par l'aide d'un comportementaliste félin s'il est psychologique. Dans un cas comme dans l'autre, il peut être utile également de changer la nourriture de son chat pour privilégier des aliments qu'il apprécie particulièrement, afin de stimuler son appétit et l'inciter à manger davantage.
Souvent confondue avec la boulimie, la gloutonnerie désigne le fait de manger à toute vitesse, sans véritablement prendre le temps de mâcher sa nourriture. C'est un trouble alimentaire que l'on rencontre fréquemment chez l'Homme mais que l'on observe aussi chez certains animaux de compagnie, dont le chat.
Chez ce dernier, elle est le plus souvent le fait d'une alimentation inadaptée ou d'un stress (lié par exemple à une cohabitation difficile avec un autre animal ou à un environnement très agité) - voire des deux à la fois.
Elle est globalement moins dangereuse que les autres troubles alimentaires, et on a même parfois tendance à s'en amuser plus qu'à s'en inquiéter. Néanmoins, il ne faut pas s'y tromper : elle aussi est susceptible d'avoir des répercussions sur la santé. En particulier, elle est souvent à l'origine de divers problèmes digestifs : flatulences, maux de ventre, régurgitations, vomissements, reflux gastriques...
Un moyen assez simple de faire manger son chat moins vite consiste à lui servir ses repas dans une gamelle anti-glouton : cet accessoire est spécialement conçu pour rendre la nourriture moins facile d'accès, et donc allonger la durée des repas. Cela étant, il faut également chercher à savoir pourquoi il mange ainsi à toute vitesse : c'est ça qui est à l'origine du problème, et qu'il convient donc de solutionner afin de remédier pour de bon ce dernier. Le mieux pour tirer les choses au clair est de solliciter l'expertise d'un vétérinaire ou d'un comportementaliste félin.
Le pica est un trouble alimentaire peu répandu chez les humains, mais que l'on rencontre plus fréquemment chez les chats - même si a priori il touche davantage les chiens. Il se définit comme une propension à ingérer massivement et régulièrement toutes sortes d'éléments non comestibles (de la terre, du plastique, des graviers, du textile, du bois...), le plus souvent au détriment de la nourriture habituelle.
Même si le pica peut avoir une cause physiologique (par exemple une carence ou un trouble digestif), il résulte le plus souvent d'un problème d'ordre psychologique : un manque d'attention ou d'exercice, une anxiété de séparation, un ennui chronique, un changement important dans l'environnement, une angoisse ou une phobie...
Le pica est particulièrement problématique, dans la mesure où il est susceptible de causer rapidement de graves troubles digestifs. En effet, les éléments ingérés ont tôt fait d'abîmer l'appareil digestif, de le perforer ou encore de causer une occlusion intestinale. Ils peuvent même s'avérer toxiques (par exemple s'ils contiennent des métaux lourds tels que du plomb), et risquent alors de causer une intoxication potentiellement sévère - voire fatale.
Comprendre un chat n'est certes pas toujours aisé, mais il faut tâcher de tirer au plus vite les choses au clair afin de faire cesser ce comportement. Pour cela, l'aide d'un comportementaliste a de grandes chances de s'avérer utile. Néanmoins, s'il s'avère que le problème a une origine physiologique, c'est bien sûr vers un vétérinaire qu'il faut alors se tourner.
La coprophagie désigne le fait de manger des crottes - qu'il s'agisse des siennes ou de celles d'un autre individu. Chez un grand nombre d'espèces animales, c'est un comportement tout à fait normal et habituel. Il en va autrement pour les humains, chez qui elle est le plus souvent le fait de troubles psychiatriques prononcés.
Chez les chats non plus, la coprophagie n'est pas un comportement normal : dans la nature, les petits félins trouvent tous les nutriments dont ils ont besoin dans les proies qu'ils attrapent, et n'ont pas besoin de consommer des excréments. D'ailleurs, ils sont peu sujets à ce trouble du comportement alimentaire - en tout cas bien moins que les chiens. Lorsqu'un individu en est atteint, c'est le plus souvent un problème physiologique (notamment une carence) ou psychologique (par exemple un stress chronique) qui en est à l'origine.
Il convient en tout cas de souligner que manger des crottes n'est pas seulement peu ragoûtant : c'est aussi un comportement plus dangereux que ce que l'on pourrait croire. En effet, les déjections ingérées sont susceptibles de contenir des microbes ou des vers qui, une fois dans l'organisme, peuvent rendre l'animal très malade. Quelques mesures simples (comme nettoyer chaque jour la litière de l'animal) permettent de limiter l'ampleur de la coprophagie, mais le seul moyen de résoudre véritablement le problème est de trouver sa cause sous-jacente et de la résoudre, avec l'aide d'un vétérinaire ou d'un comportementaliste félin.