Malgré toute la prévention faite autour des dangers du tabac, on compte toujours un grand nombre de fumeurs à travers le monde, occasionnels ou plus réguliers. Un certain nombre d'entre eux ont - ou cotoient régulièrement - des animaux. Or, si l'impact du tabagisme passif sur les humains - et notamment sur les enfants - commence à être bien connu du grand public, il n'en va pas de même pour les animaux de compagnie.
Quels risques un chat encourt-il aux côtés d'une personne qui fume ? Comment limiter l'impact sur sa santé ?
Le tabagisme passif désigne le fait d'inhaler involontairement de la fumée de cigarette ou d'un autre objet à fumer contenant du tabac : un cigare, une cigarette électronique, une pipe ou un narguilé.
Il pose de nombreux problèmes de santé, car la fumée de cigarette contient un grand nombre de substances toxiques. Ces dernières sont en effet absorbées non seulement par le fumeur lui-même, mais aussi par les individus qui se trouvent à proximité. Si cela ne se produit que de manière occasionnelle, l'impact sur la santé reste modéré ; en revanche, en cas d'exposition régulière, le tabagisme passif augmente le risque de toutes sortes de problèmes de santé - notamment de cancers et de maladies respiratoires.
Ce risque concerne donc directement l'entourage immédiat d'un fumeur : sa famille, ses amis, ses proches, ainsi que les animaux de compagnie qui évoluent à proximité de lui. Ils font de fait eux aussi partie des individus les plus exposés au tabagisme passif. Comme il existe un grand nombre de fumeurs réguliers (en 2022, c'était le cas de 18% des adultes en France, 15% en Belgique, 25% en Suisse et 11% au Canada), cela fait nombre de chats concernés par cette problématique.
Qu'il nous appartienne ou non, fumer à côté d'un chat à intervalles réguliers n'est clairement pas anodin. En effet, on lui fait courir à la fois un risque de maladies et un risque d'intoxication.
Dans les deux cas, les conséquences sur sa santé ont de grandes chances d'être graves, et de nécessiter la mise en place d'un traitement plus ou moins coûteux pour tenter de réparer les dégâts du mieux possible.
En tant que propriétaire, les dépenses vétérinaires correspondantes sont susceptibles d'être prises en charge au moins partiellement par l'assurance pour chat, si on avait pris soin d'en souscrire une au préalable. Mieux vaut toutefois tout faire pour éviter que la situation ne se présente.
Comme pour un humain, fumer à côté d'un chat l'expose à toutes sortes de maladies - en tout cas si on le fait régulièrement -, en raison du tabagisme passif qu'il subit alors.
Le premier risque est celui de maladies respiratoires, car les toxines se déposent dans l'appareil respiratoire. Asthme, bronchite, pneumonie et cancer du poumon sont quelques-unes des pathologies susceptibles de survenir chez un chat fréquemment exposé à de la fumée de cigarette. Elles auraient encore plus de chances de se produire chez un petit félin que chez un humain, car son appareil respiratoire est plus sensible.
Toutefois, les effets du tabagisme passif sur les chats ne se limitent vraisemblablement pas aux affections d'ordre respiratoire. En effet, il a été prouvé que des maladies cardiaques, des troubles comportementaux, des otites ou encore des caries (pour ne citer que ces exemples) sont observés plus fréquemment chez les humains - notamment les enfants - vivant avec des fumeurs. Par analogie, il en va sans doute de même pour les animaux de compagnie, même si les études manquent pour quantifier précisément le phénomène.
On peut néanmoins citer celle intitulée « Environmental tobacco smoke and risk of malignant lymphoma in pet cats » et publiée en 2002 dans l'American Journal of Epidemiology, qui va clairement dans ce sens. En effet, elle est parvenue à la conclusion que le risque de développer un lymphome est 2,5 fois plus élevé pour un chat qui vit avec un fumeur depuis deux ans que pour un chat vivant dans un foyer non-fumeur. Il en ressort aussi que plus la cohabitation est longue, plus le facteur augmente : après cinq années aux côtés d'un fumeur, le risque serait entre 3 et 3,5 fois plus élevé.
Les effets du tabac sur un chat ne se limitent pas forcément au tabagisme passif : il faut aussi avoir en tête que les substances toxiques présentes dans le tabac (nicotine, métaux lourds, goudron, hydrocarbures...) peuvent être à l'origine d'une intoxication.
En effet, il existe un risque que le chat lèche ou ingère une cigarette, un mégot ou des cendres. Ce scénario est toutefois peu probable, car il y a peu de chances que l'odeur du tabac lui plaise au point de lui donner envie d'y goûter. Par contre, il peut par exemple avaler des cendres qui seraient tombées dans son eau ou sa nourriture.
Il faut également savoir que les particules qui composent la fumée de cigarette ne restent pas indéfiniment dans l'air : elles finissent par retomber et se déposent alors sur les meubles, le sol, les objets, les vêtements... Elles peuvent même y rester parfois pendant plusieurs années, comme le souligne notamment une étude intitulée « Thirdhand Exposures to Tobacco-Specific Nitrosamines through Inhalation, Dust Ingestion, Dermal Uptake, and Epidermal Chemistry » et publiée en 2022 dans la revue Environmental Science & Technology. Le pelage lui-même peut être contaminé, que ce soit par les retombées de la fumée ou par contact avec des surfaces polluées. Or, lorsqu'il fait sa toilette (ce qui survient 3 à 4 fois par jour en moyenne), le chat absorbe les particules présentes sur ses poils. Il peut ainsi finir par s'intoxiquer lentement.
Le meilleur moyen de protéger un chat des effets du tabagisme passif est bien sûr d'éviter qu'il passe beaucoup de temps auprès d'une personne qui fume : son propriétaire, quelqu'un qui viendrait régulièrement le garder, un voisin chez qui il aurait l'habitude de passer de longues heures..
En tant que maître, arrêter de fumer est évidemment la première chose à faire si l'on est soi-même fumeur. Cela étant, c'est souvent plus facile à dire qu'à faire.
En tout état de cause, il est possible de limiter l'impact de la cigarette sur un chat en appliquant quelques mesures simples : éviter de fumer à côté de lui, aérer le domicile, se laver les mains après avoir fumé... Ce sont d'ailleurs globalement les mêmes conseils que ceux qu'il convient d'appliquer pour limiter l'impact de la cigarette sur les autres humains - notamment les enfants.
La principale façon de protéger un chat des effets du tabac est d'éviter que qui que ce soit fume à côté de lui, ou dans une pièce qu'il a l'habitude de fréquenter.
L'idéal est de fumer à l'extérieur : cela limite son exposition à la fumée et aux toxines, et ce faisant réduit le risque de maladies et d'intoxications.
Si ce n'est pas possible, il convient au moins d'opter pour une pièce bien ventilée, dans laquelle l'animal ne se trouve pas à ce moment-là et si possible qu'il fréquente peu voire pas du tout. De cette façon, on limite les substances toxiques présentes dans l'air qu'il respire et qui se déposent sur les objets qu'il est susceptible d'utiliser.
Même si le chat ne se rend pas souvent dans la pièce où on fume, il convient que celle-ci soit bien aérée : cela permet d'éliminer un maximum de substances toxiques.
Pour cela, il faut en ouvrir les fenêtres pendant qu'on fume et après, pour évacuer plus facilement la fumée. On peut aussi envisager d'y installer un purificateur d'air.
Ces mesures permettent de limiter les effets néfastes du tabagisme passif, mais pas de les éliminer totalement : en effet, elles ne suffisent pas pour éviter les dépôts de particules toxiques sur les murs, le sol, les meubles, les vêtements... Pour cette raison, il est conseillé de nettoyer plus fréquemment le logement. Cela implique notamment de passer l'aspirateur et épousseter les meubles ainsi que les objets plusieurs fois par semaine, de mettre souvent les draps, tapis, moquettes et rideaux à la machine, mais aussi de laver régulièrement l'ensemble de sa garde-robe, car la fumée s'accroche facilement aux fibres textiles.
Lorsqu'on est fumeur, des résidus se déposent sur les doigts de la main qui tient l'objet (cigarette, cigare...) chaque fois qu'on fume. On risque ensuite de les répandre autour de soi : sur les objets, les vêtements et les meubles que l'on touche, mais aussi sur tout chat que l'on serait amené à caresser - qu'il nous appartienne ou non.
Afin d'éviter cela, il est vivement recommandé de se laver soigneusement les mains avec du savon juste après avoir fumé. Cela permet d'éliminer un maximum de résidus, et donc de limiter le risque de contaminer encore plus son environnement.
Même si le risque qu'un chat avale une cigarette ou un mégot est faible, mieux vaut tout de même se montrer prudent pour éviter les accidents.
Le mieux à faire est de ne pas laisser traîner ses paquets de cigarettes, d'éviter de laisser tomber des cendres sur le sol, et de placer les mégots dans un cendrier hors de portée de l'animal - après les avoir soigneusement éteints, car un mégot allumé continue de diffuser de la fumée (et donc les toxines) dans son environnement.
Il existe même désormais des cendriers aspirateurs de fumée, qui contribuent à limiter la diffusion des odeurs et des substances toxiques.
Le tabagisme passif est tout aussi terrible pour les animaux que pour les humains. Il peut même l'être davantage par certains aspects, en particulier pour les chats : ces derniers font souvent leur toilette, et sont donc susceptibles d'avaler des résidus de cigarette en grande quantité. Pour cette raison, il est vivement conseillé de ne pas fumer soi-même à côté de son chat, ou de le laisser passer souvent du temps aux côtés d'une personne qui fume.
Ce propos vaut bien sûr pour la cigarette et tous les autres objets à fumer contenant du tabac, mais il concerne aussi les autres drogues. En particulier, le cannabis est très toxique pour un chat, et peut le rendre gravement malade.