Dans l'ensemble, les chats sont nettement moins sujets que les chiens aux maladies cardiovasculaires, même lorsqu'ils vieillissent. Néanmoins, ils n'en sont pas totalement à l'abri pour autant. En particulier, ils sont plus enclins que leurs compagnons canins à souffrir de certains problèmes veineux comme une thrombose (ou thromboembolie).
L'une comme l'autre sont généralement graves, et même susceptibles d'être mortelles en l'absence de prise en charge. Elles constituent donc une véritable urgence.
Aussi appelée phlébite, la thrombose désigne la formation d'un caillot sanguin (c'est-à-dire un petit amas de sang coagulé, aussi appelé thrombus), qui bloque partiellement ou totalement la circulation sanguine.
Dans un certain nombre de cas, ce blocage se produit au niveau de l'endroit où le caillot s'est formé. Il arrive toutefois que ce dernier se détache de la paroi du vaisseau où il se trouvait et migre vers d'autres zones du système sanguin, où il reste coincé : on parle alors de thromboembolie, ou simplement d'embolie.
Ces différents termes sont souvent confondus dans le langage courant, dans la mesure où les causes ainsi que les conséquences sur l'organisme sont globalement identiques. Dans la suite de l'article, thrombose et thromboembolie seront donc utilisés indifféremment pour qualifier un caillot qui bouche un vaisseau sanguin.
Chez le chat comme chez les autres espèces, une thrombose est qualifiée de :
Il est possible de désigner le problème de manière encore plus précise, en fonction du vaisseau sanguin dans lequel le caillot se bloque. Ainsi, on parle de thromboembolie aortique lorsqu'il s'agit de l'aorte, qui est l'artère principale de l'organisme, partant du coeur et descendant jusqu'à l'abdomen pour irriguer tout le corps. Lorsque le caillot se loge dans une artère pulmonaire, on parle de thromboembolie pulmonaire (ou même simplement d'embolie pulmonaire). Ces deux cas de figure sont les plus courants.
Quel que soit son type, la thrombose est presque toujours grave, du fait qu'elle gêne - voire bloque totalement - la circulation du sang dans une ou plusieurs zones de l'organisme. Elle est même rapidement mortelle dans les cas extrêmes.
Chez le chat, une thrombose survient le plus souvent à la suite d'une maladie cardiaque ayant déjà atteint un stade avancé, qui perturbe la circulation du sang dans l'organisme et augmente le risque de formation d'un caillot. La cardiomyopathie hypertrophique est celle qui est la plus souvent en cause, mais toute pathologie cardiaque et perturbant le flux sanguin est susceptible d'aboutir au même résultat à plus ou moins long terme.
Des maladies autres que cardiaques peuvent toutefois elles aussi être à l'origine d'une thrombose ou d'une thromboembolie ; c'est le cas notamment de certaines tumeurs.
Enfin, un certain nombre de cas sont idiopathiques, c'est-à-dire sans cause clairement identifiée.
La thromboembolie est assez courante au sein de la gent féline : selon les estimations, elles toucheraient environ 0,5% des individus, ce qui n'est pas négligeable.
Un chat atteint de cardiomyopathie hypertrophique a beaucoup plus de chances de développer un tel problème de santé, puisque la prévalence est alors d'environ 12%. Certaines races comme le Maine Coon ou le Persan étant prédisposées à cette maladie, elles comptent dans leurs rangs plus d'individus développant une thrombose.
Par ailleurs, les mâles semblent davantage touchés que les femelles, sans que la raison soit connue.
La thromboembolie se manifeste de différentes façons en fonction notamment de la localisation du caillot (veine, artère...). Les cas les plus courants concernent l'aorte ou l'artère pulmonaire.
Si la thrombose survient au niveau de l'aorte, elle entraîne une mauvaise oxygénation - voire un arrêt de l'oxygénation - au niveau de la partie postérieure du corps : pattes arrière, arrière-train...
Les principaux symptômes alors susceptibles de se manifester sont une perte de mobilité voire une paralysie de l'une ou des deux patte(s) arrière, accompagnée d'une absence de pouls et/ou d'une froideur anormale au niveau du membre atteint. Cette affection est très douloureuse pour l'animal, du fait du manque local d'oxygénation.
En l'absence de prise en charge, une thromboembolie aortique peut vite conduire à une nécrose de la zone atteinte. Si le problème se propage, elle risque même d'entraîner en quelques jours seulement une gangrène voire une septicémie (c'est-à-dire une infection généralisée qui aboutit généralement au décès). La seule solution est alors d'amputer les tissus atteints, pour éviter que tout l'organisme ne soit touché et que l'animal ne décède.
Il n'est pas rare non plus que la maladie évolue à terme vers une thromboembolie pulmonaire, tout ou partie du caillot pouvant finir par migrer depuis l'aorte vers les poumons.
Si la thromboembolie survient au niveau de l'artère pulmonaire, la situation est encore plus critique que dans le cas où elle se situe au niveau de l'aorte, car c'est alors l'ensemble de l'organisme qui souffre d'un défaut d'oxygénation.
Elle est toutefois plus difficile à reconnaître que la thrombose aortique. En effet, on constate le plus souvent une agitation anormale, une accélération du rythme cardiaque, un halètement prononcé, une toux et/ou des difficultés respiratoires, une gêne et/ou une douleur au niveau du thorax, voire un coma et même le décès.
Il s'agit d'un véritable cas d'urgence : si le sang ne peut plus du tout être réoxygéné et en l'absence de prise en charge adaptée, une thromboembolie pulmonaire est susceptible d'être fatale en seulement quelques minutes.
Lorsqu'un chat est victime d'une thromboembolie, le pronostic est plutôt sombre - du fait non seulement du manque d'oxygénation lui-même, mais aussi bien souvent de la cause sous-jacente (généralement une maladie cardiaque déjà bien avancée).
Si la thromboembolie en elle-même est prise en charge à temps, il est généralement possible de la traiter avant qu'elle n'ait eu le temps de causer des dégâts irréversibles sur l'organisme. Ce n'est toutefois pas toujours possible, en particulier si le caillot se coince dans une artère pulmonaire et empêche le passage du sang dans les poumons : le décès peut alors survenir très vite, parfois en quelques minutes à peine.
Surtout, il faut bien garder en tête que chez le chat, la thrombose est généralement consécutive à une pathologie qui, elle, est rarement soignable. En particulier, la plupart des maladies cardiaques sont incurables - c'est le cas notamment de la cardiomyopathie hypertrophique. La seule chose que l'on peut faire est de limiter autant que possible leurs symptômes - notamment la formation de caillot, pour éviter une nouvelle thrombose. Toutefois, si la pathologie en question est déjà à un stade avancé, il est probable que de toute façon le chat n'en ait plus pour longtemps à vivre...
Chez le chat comme chez l'humain ou le chien, une thrombose est presque toujours grave : mieux vaut donc la considérer comme un véritable cas d'urgence, même si la circulation sanguine n'est pas totalement interrompue. Si on soupçonne un tel problème, il faut donc impérativement appeler en urgence un vétérinaire, pour une prise en charge la plus rapide possible.
Ce dernier se charge d'abord de confirmer le diagnostic, en s'appuyant notamment sur les symptômes présents et/ou sur des examens d'imagerie : scanner, radiographie...
S'il s'agit effectivement d'une thrombose, le traitement consiste généralement en l'administration d'un anticoagulant, destiné à dissoudre le caillot et faciliter la reprise de la circulation sanguine. En plus de cela, le vétérinaire peut mettre l'animal sous oxygène s'il a du mal à respirer et/ou lui donner un antidouleur s'il semble souffrir.
Si la prise en charge est trop tardive et qu'une partie des tissus a commencé à se nécroser (c'est-à-dire à mourir), une amputation est également nécessaire en vue de les retirer. Cela évite l'apparition d'une gangrène, généralement fatale.
Cela étant, ces différentes actions permettent de traiter la thromboembolie en elle-même ainsi que ses conséquences éventuelles, mais pas sa cause sous-jacente. Or, si cette dernière est une maladie cardiovasculaire (ce qui est le plus souvent le cas), il est rare qu'elle puisse être soignée. Le vétérinaire propose alors généralement un traitement à base d'anticoagulants donné à vie, pour a minima limiter le risque d'apparition de nouveau(x) caillot(s) et donc de rechute, mais la guérison totale est peu probable.
La thrombose est un problème cardiovasculaire causé par la formation d'un caillot qui bloque partiellement ou totalement une veine ou une artère. Même si son degré de gravité est variable en fonction de la zone touchée, elle constitue presque toujours une urgence vitale. Face à un chat qui semble souffrir d'une telle pathologie, la bonne réaction à adopter est donc de contacter immédiatement un vétérinaire, afin qu'il soit pris en charge au plus vite.