L’hypertension artérielle est la maladie cardiovasculaire du chat la plus fréquente et la plus grave, affectant tout particulièrement les chats âgés (à partir de 7-10 ans) ainsi que ceux en surpoids. Pourtant, pour de nombreux maîtres, elle est encore trop souvent négligée, voire inconnue.
La majorité des chats reconnus hypertendus souffrent d’une maladie concomitante qui prédispose à l’augmentation continue et persistante de leur pression artérielle, c’est-à-dire que leur hypertension n’est pas une maladie idiopathique.
Il est important de pouvoir diagnostiquer l’hypertension artérielle du chat, car des lésions graves peuvent apparaître si rien n'est fait. Connaître ses causes et savoir reconnaître ses symptômes est donc la clé de la lutte contre cette maladie.
L’expérience a montré que les chats hypertendus souffrent généralement d’une autre pathologie associée, telles que :
L’hypertension artérielle est donc la plupart du temps une pathologie secondaire provoquée par une pathologie primaire.
L’Insuffisance Rénale Chronique du chat (IRC) est considérée comme la principale pathologie associée à l’hypertension, et en est très souvent la cause. Selon le docteur Atkins, vétérinaire diplômé de l’Université de Californie, environ 29% des chats souffrant d’IRC seraient également hypertendus. Certains chercheurs ont même obtenu des pourcentages sensiblement plus élevés, puisque dans les différentes études qu’il cite, la proportion varie de 19 à 65%.
Néanmoins, chez certains individus, l’hypertension artérielle n’a pas de cause identifiable : il s’agit alors d’hypertension artérielle idiopathique, c’est-à-dire que la maladie est elle-même une pathologie primaire. Cette situation représente entre 10 et 20% des cas d’hypertension chez le chat.
Dans la majorité des cas, il est particulièrement ardu de repérer les symptômes de l’hypertension artérielle chez un chat, car ils peuvent n’apparaître que tardivement, alors que la maladie a déjà fait un bon bout de chemin et des dégâts dans l’organisme de l’animal.
C’est d’ailleurs ce qui explique que cette maladie est souvent appelée “le tueur silencieux”, car ses signes cliniques précoces sont difficilement repérables.
Néanmoins, certains signaux d’alerte doivent mettre la puce à l’oreille, à commencer par l’apparition d’un glaucome (augmentation du globe oculaire, blanchiment de l’oeil, modification de son aspect, écoulements oculaires...) ou un problème de vision plus ou moins grave, parfois avec hémorragie (l’oeil est alors rougi par le sang). Ces symptômes sont les plus caractéristiques de la maladie, et peuvent parfois s’accompagner d’une polydipsie (le chat boit plus souvent que d’habitude) et/ou d’une polyurie (il urine plus souvent). Il peut également souffrir de vertiges, ou bien éprouver des difficultés inhabituelles à se déplacer.
La plupart du temps, les vétérinaires utilisent ce que l’on appelle "la méthode Doppler" pour déterminer la pression artérielle du chat. Dans un premier temps, une sonde Doppler est positionnée entre les coussinets carpiens et métacarpiens ou sur la face ventrale de la queue du chat. Elle est maintenue ensuite en contact avec la peau à l’aide d’une légère pression, de manière à recevoir un bon signal et fournir des premiers résultats de mesure de la pression artérielle de l’animal. L’opération est répétée 5 à 7 fois à la suite par le vétérinaire, afin d’obtenir des résultats le plus précis possible.
Il existe également une autre méthode de mesure de la pression artérielle du chat appelée oscillométrique (HDO). Il s’agit alors de mesurer les pressions maximale, moyenne et minimale dans les artères, ainsi que leurs oscillations. L’oscillométrie traditionnelle a longtemps été décriée pour le manque de fiabilité de ses résultats, mais les appareils récents d’oscillométrie haute définition ont en bonne partie résolu le problème et permis à cette méthode de regagner la confiance des vétérinaires, même si elle demeure moins populaire que la méthode Doppler. Il s’agit de placer un brassard à taille unique à la base de la queue du chat, suffisamment serré pour être maintenu en place. Un des avantages de la méthode est qu’il n’est pas nécessaire de maintenir l’animal durant l’examen : il est libre de ses mouvements. En outre, les résultats sont obtenus en quelques minutes, et il n’y a pas besoin de s’y prendre à plusieurs reprises.
Indolores et rapides, ces deux méthodes pour calculer la pression artérielle d’un chat sont également réalisables à domicile, sous réserve bien sûr d’en comprendre le fonctionnement de manière claire et de disposer du matériel nécessaire, qui peut s’avérer coûteux (au minimum 300 euros pour une sonde Doppler).
L’hypertension artérielle du chat n’est pas à prendre à la légère et doit absolument faire l’objet d’un traitement, même si elle n’est elle-même que la conséquence d’une autre maladie. En effet, à défaut d’être traitée, elle peut causer de graves lésions aux organes touchés, notamment aux yeux, aux reins, au coeur et au cerveau. Par exemple, une pression artérielle trop élevée dans les vaisseaux sanguins de l’oeil peut provoquer une hémorragie de la rétine et rendre le chat subitement aveugle. De fait, la cécité aiguë du chat (perte totale de la vue) est l’un des risques les plus graves et les plus fréquents d’une hypertension artérielle non traitée.
Le traitement de l’hypertension artérielle du chat est médicamenteux. En tout état de cause, dans le cas le plus fréquent où l’hypertension artérielle est secondaire, c’est-à-dire la résultante d’une pathologie sous-jacente primaire comme une hyperthyroïdie ou une insuffisance rénale du chat, il est alors évidemment lié au traitement de ladite maladie. Autrement dit, les médicaments à employer contre l’hypertension diffèrent selon la cause qui en est à l’origine.
Les médicaments contre l’hypertension artérielle du chat peuvent ainsi par exemple être des bêta-bloquants à prendre sur une période définie (comme par exemple l’aténol) ou des traitements anti hyper-tenseurs, qui sont susceptibles de devoir être administrés à vie si l'animal souffre d’hypertension idiopathique ou que la cause primaire ne peut être guérie totalement. Quoi qu’il en soit, les différents traitements médicamenteux possibles n’ont aucun effet secondaire handicapant.
Par ailleurs, ils sont pris en charge par l’assurance du chat, pour peu que le maître ait pris soin de souscrire une assurance santé pour son animal.
En parallèle du traitement médicamenteux, le vétérinaire peut souligner la nécessité de mettre en place un régime alimentaire pauvre en sel afin de diminuer la charge sodée (c’est-à-dire le taux de sodium) dans l’organisme. En effet, cette dernière favorise l’apparition de cardiopathies hypertensives, c’est-à-dire de maladies cardiaques provoquées par l'hypertension.
Dans le domaine de la lutte contre cette dangereuse maladie qu’est l’hypertension artérielle du chat, la prévention est le maître-mot. Un dépistage précoce doit être effectué systématiquement à partir de 7-8 ans ainsi que chez les chats en surpoids. Essentiel à la bonne santé du chat, ce dépistage est d’autant plus incontournable que, comme chez l’Homme, il est facile, indolore et rapide.