Le ronronnement : comment et pourquoi un chat ronronne-t-il ?

Le ronronnement est un son continu de basse fréquence (autour de 20 Hz) produit par certains animaux bouche fermée pendant l’inspiration et l’expiration. Il est semblable au bruit produit par un moteur thermique : on dit d’ailleurs parfois d’une voiture qu’elle ronronne, de manière imagée.

Dans le cas d'un chat, son intensité sonore est de l'ordre de 80 dB à quelques centimètres de la gueule, si l'on en croit l'étude intitulée « How cats purr » et publiée en 1991 dans le Journal of Zoology. Cela correspond globalement au niveau sonore d'une automobile en fonctionnement.

Le ronronnement est une particularité très rare au sein du règne animal, en tout cas pour ce que l'on en sait aujourd'hui : il n'a été observé que chez quelques espèces de mammifères.

Le chat domestique est l'exemple le plus célèbre, mais il n'est pas le seul parmi les félins : le guépard ainsi que le chat forestier sont également capables de produire ce son. Il en irait aussi de même pour quelques mammifères n'appartenant pas à la famille des félins : par exemple, la genette, la hyène et l'ours seraient eux aussi en mesure de ronronner, en tout cas à un âge très précoce.

Il est toutefois difficile de connaître avec précision la liste des espèces concernées : en effet, à l'état sauvage, le ronronnement est essentiellement utilisé pour la communication entre une mère et son petit, et peu dans d'autres contextes. Les observations dans la nature sont donc difficiles à réaliser.

Le ronronnement a beau faire l'objet de nombreuses études et spéculations depuis longtemps, le mécanisme sous-jacent est encore mal compris : on ne sait toujours pas exactement comment un chat fait pour ronronner.

À ce jour, l’hypothèse la plus plausible est que ce son serait produit par une contraction très rapide des muscles du larynx, ce qui ferait vibrer la glotte ainsi que les cordes vocales. C’est ce qu’explique entre autres une étude intitulée « How cats purr » et publiée en 1991 dans le Journal of Zoology. Toutefois, certains chats ayant subi une laryngectomie (c'est-à-dire une ablation du larynx) seraient malgré tout capables de ronronner en utilisant leur diaphragme : il est donc difficile de savoir dans quelle mesure le larynx joue réellement un rôle majeur dans la production de ce son.

Au demeurant, d’autres hypothèses existent : par exemple, certains scientifiques pensent que le ronronnement résulte de la vibration du ligament de l'os hyoïde qui relie la clavicule à la gorge, d'autres qu'il provient de la contraction de la veine cave supérieure sous l'action de certains muscles.

Quoi qu’il en soit, les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’existe pas d’organe propre au ronronnement, dont seraient dotées certaines espèces et dont les autres seraient dépourvues. Ceci explique en bonne partie qu’on ne sait toujours pas avec précision quels animaux sont capables de produire ce son et lesquels en sont incapables.

Chez les chats, le ronronnement est présent dès la naissance : le chaton imite en fait sa mère, qui elle-même ronronne pour communiquer avec lui, le rassurer et lui signaler qu’il est en sécurité en sa présence. Il est donc capable d’émettre ce son avant même de pouvoir entendre ni même voir, puisque ces deux sens ne deviennent quant à eux fonctionnels que quelques semaines après la naissance.

Il en va d’ailleurs de même chez les autres animaux capables de ronronner, en tout cas pour ce que l’on en sait de nos jours. Cela étant, eux arrêtent généralement de ronronner une fois qu’ils sont sevrés, alors que les chat domestiques pour leur part continuent de le faire pour communiquer avec leur maître et éventuellement d'autres personnes. C’est un comportement qu’ils auraient développé au fil des siècles, au contact des humains ; autrement dit, il s’agirait d’une évolution liée à la domestication des chats.

Le ronronnement est une vocalise utilisée avant tout pour la communication intra-espèces (et parfois aussi inter-espèces). Il est produit volontairement, et non par réflexe : cela signifie qu'un chat choisit délibérément de ronronner, lorsqu’il en a envie.

Généralement, il le fait dans deux cas de figure distincts :

• pour exprimer un bien-être ;
• pour exprimer un stress ou une souffrance.

Dans la nature, le ronronnement est surtout utilisé entre une mère et son petit : les adultes ne ronronnent pas ou très peu. C’est vrai chez le chat, mais aussi a priori chez les autres espèces dont on sait à l’heure actuelle qu’elles sont capables de le faire.

Cela semble indiquer que le ronronnement aurait comme rôle premier d’exprimer un sentiment de confiance et de bien-être : la mère le fait pour indiquer à ses petits qu’ils sont en sécurité avec elle, et eux le font en réponse pour lui dire qu’ils se sentent bien en sa présence.

Les autres animaux ne ronronnent plus à l’âge adulte, mais les chats domestiques font exception puisqu'il leur arrive de ronronner sous les caresses de leur maître. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu’ils voient en ce dernier une sorte de deuxième maman.

Le ronronnement n’est pas uniquement associé à des émotions positives : un chat peut aussi ronronner pour exprimer un stress, une souffrance voire une détresse. C'est ce qui explique que de nombreux petits félins ronronnent chez le vétérinaire.

Différentes théories existent pour expliquer ce comportement. En particulier, le vétérinaire Jean-Yves Gauchet indique dans son ouvrage intitulé Mon chat et moi, on se soigne ! et paru en 2012 que le ronronnement libérerait de l’endorphine, de la sérotonine et de la dopamine, des hormones contribuant au plaisir et au bien-être. Ronronner serait donc un moyen pour l’animal d’atténuer sa peur ou sa souffrance. Il convient toutefois de préciser qu'à ce jour, aucune étude scientifique ne confirme ni n'infirme cette affirmation : il est donc difficile de savoir ce qu'il en est réellement.

Quoi qu'il en soit, le ronronnement produit est généralement suffisamment fort pour couvrir les autres sons du corps, en particulier la respiration et les battements cardiaques. Le cas échéant, il peut être difficile pour un vétérinaire de pratiquer une auscultation et donc d'établir un diagnostic précis. Cette situation pose un tel problème que des spécialistes ont décidé de rechercher des techniques efficaces pour faire cesser cette vocalise rapidement en cas de besoin. Une étude sur le sujet, intitulée « Purring in cats during auscultation: how common is it, and can we stop it? », a d'ailleurs été publiée en 2013 dans le Journal of Small Animal Practice.

Les ronronnements ne sont pas seulement des vocalises permettant à un chat de communiquer avec d’autres individus. En effet, on leur prête également de nombreuses autres vertus, pour lui-même mais aussi potentiellement pour les humains alentour : ils permettraient aussi d'améliorer le bien-être, de réduire le stress et l'anxiété, de soulager les douleurs,, de favoriser la guérison de certaines blessures (notamment les plaies et fractures), de renforcer les défenses immunitaires, de diminuer le rythme cardiaque ainsi que la pression artérielle, d'augmenter la capacité respiratoire et même de contribuer à la croissance.

Dans la pratique, peu d'études scientifiques ont été menées pour tenter de confirmer la véracité de ces bienfaits : il est donc difficile de savoir ce qu'il en est. Toutefois, les spécialistes s'accordent sur le fait que des vibrations similaires à celles produites par les ronronnements peuvent avoir des effets positifs sur l'organisme.

C'est ce qu'il ressort par exemple d'une étude intitulée « The effect of low-frequency vibration on GABA metabolism in brain structures » et publiée en 1991 dans la revue russe Fiziologicheskii Zhurnal : elle a montré que chez des rats mâles, des vibrations de 20 Hz augmentent le taux de GABA, un neurotransmetteur jouant un rôle clé dans la régulation de la peur et de l'anxiété.

Une étude nommée « Vibratory stimulation for the alleviation of chronic pain » et parue en 1983 dans la revue Acta Physiologica Scandinavica. Supplementum indique quant à elle que des vibrations même de courte durée pourraient chez les humains soulager les douleurs musculo-squelettiques chroniques avec davantage d'efficacité qu'un gramme d'aspirine.

Quant à celle intitulée « The effects of whole-body vibration on wound healing in a mouse pressure ulcer model » et publiée en 2021 dans la revue Heliyon, elle suggère que des vibrations à basse fréquence pourraient permettre d'atténuer l'inflammation et favoriser le processus de cicatrisation de certaines plaies.

Ces premiers résultats sont intéressants, mais il reste à confirmer que les ronronnements des chats auraient les mêmes effets sur eux-mêmes et/ou sur les humains qui les entourent.

Le ronronnement est une vocalise qu'un chat produit de manière volontaire : c'est donc lui qui décide s'il souhaite ronronner ou non. Il n'est pas possible de le forcer, mais on peut en revanche le mettre dans de bonnes dispositions pour qu'il ait envie de le faire.

Le plus souvent, un chat ronronne lorsqu'une personne qu'il apprécie et en qui il a confiance le caresse - son maître en premier lieu, mais pas uniquement. Cela dit, un individu très sociable peut le faire même au contact d'un inconnu, pour peu que ce dernier l'approche avec douceur et le traite avec égard.

Même si c'est plus rare, un chat peut aussi ronronner en d'autres circonstances (par exemple lorsqu'il joue, mange ou dort), notamment en présence d'une personne qu'il aime : tout dépend de son caractère et de la relation qu'il a avec cette dernière.

De nombreux chats ont pour réflexe de patouner quand ils ronronnent, c’est-à-dire de pétrir doucement avec leurs pattes avant en sortant légèrement les griffes, comme s’ils tentaient d’attraper ou de malaxer quelque chose.

Ce comportement est hérité de leur plus jeune âge : un chaton qui tète sa mère pétrit le corps de cette dernière (et notamment ses mamelles) avec ses pattes pour favoriser la montée du lait. Une fois sevré (donc vers l’âge de deux mois et demi), il n’a bien sûr plus besoin d'agir de la sorte, mais il conserve malgré tout bien souvent le réflexe de pétrir lorsqu’il ronronne en présence d’une personne (ou d’un autre animal) en qui il a confiance et se sent bien.

Toutefois, un chat qui pétrit très souvent peut en fait tenter ainsi de soulager un stress important, en particulier s'il cherche à téter en même temps alors qu'il est déjà sevré. Ce cas de figure se produit généralement s'il a été séparé trop tôt de sa mère : il continuerait de se comporter comme il le faisait avec elle pour tenter de se rassurer. Le cas échéant, mieux vaut demander conseil à un vétérinaire ou un comportementaliste félin, afin de savoir ce qu'il convient de faire.

Un certain nombre de chats ont tendance à baver un peu lorsqu’ils ronronnent.

Ce phénomène est considéré comme normal, et ne doit pas susciter d’inquiétude particulière. En effet, il traduit simplement un profond bien-être de l’animal, qui ronronne tellement fort et longtemps qu’un peu de salive finit par couler de sa gueule. Il arrive aussi qu'il patoune en même temps, même si ce n’est pas systématique.

En revanche, s'il a tendance à baver aussi en d'autres circonstances et/ou si une grande quantité de salive est émise lorsqu'il ronronne (au point par exemple qu’on remarque de vrais filets de bave), c’est probablement le signe d’un problème de santé : un souci dentaire (une carie, un abcès...), une intoxication, une maladie (par exemple la rage)... Dans ce cas, il faut se tourner sans attendre vers un vétérinaire, a fortiori si ce n’est pas le seul symptôme présent.

Lorsqu'on est en train de caresser un chat, il est courant que celui-ci ronronne s'il apprécie le moment. Il peut également se mettre à nous lécher la main, les doigts ou même une autre partie du corps.

Ces gestes sont selon toute vraisemblance des signes de bonheur et d’affection : par ce comportement, il montre à quelqu'un qu’il apprécie beaucoup. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Il convient simplement de se laver ensuite les mains (ou toute autre partie du corps qui aurait été léchée), pour limiter tout risque de transmission d'une maladie par la salive.

En revanche, si le petit félin se met à téter ou à suçoter (par exemple un linge ou un vêtement), c’est probablement le signe d’un attachement trop important, généralement causé par un sevrage trop précoce. En d’autres termes, il a sûrement été séparé de sa mère trop tôt, et gère le stress causé par cette séparation à travers ce comportement qui a des vertus apaisantes sur lui. Mieux vaut alors probablement demander conseil à un vétérinaire.

Le ronronnement est un comportement normal pour un chat sauvage (même s'il est alors généralement restreint au plus jeune âge), et il l'est encore plus pour un chat domestique. Ainsi, la plupart des petits félins ronronnent de temps à autre, même si bien sûr certains le font plus spontanément que d’autres - notamment ceux qui appartiennent à une race très affectueuse comme le Siamois ou l’Abyssin.

Toutefois, certains chats ne ronronnent jamais, ou en tout cas très peu. Ce n’est pas forcément inquiétant, a fortiori si le petit félin se comporte tout à fait normalement par ailleurs. Après tout, comme chez les humains, chaque individu a son caractère : certains sont naturellement moins expressifs et démonstratifs que d’autres, même en présence de personnes qu'ils apprécient.

Cela étant, une absence de ronronnement peut également être le signe d’un stress ou d’un problème de santé - a fortiori dans le cas d'un chat qui cesse brusquement de ronronner alors qu'il le faisait en temps normal. D’autres symptômes sont alors habituellement présents : par exemple une apathie, une perte d’appétit, un amaigrissement, une douleur, un problème de malpropreté... Dans ce cas, mieux vaut contacter un vétérinaire rapidement pour tenter de tirer les choses au clair.