Si une carence du chat en vitamines peut lui être fatale, un apport excessif est lui aussi loin d'être sans dangers pour sa santé.
En particulier, les vitamines liposolubles peuvent conduire à de graves intoxications alimentaires du chat, en raison des difficultés de l'organisme à les éliminer lorsqu'elles sont consommées en excès.
Comme la plupart des vitamines liposolubles, la vitamine A ne peut pas être éliminée facilement dans les urines ou les selles lorsqu'elle est consommée en excès. Elle est donc stockée dans l'organisme, principalement dans le foie, jusqu'à provoquer potentiellement une intoxication alimentaire du chat. Lorsque cela se produit, on parle d'hypervitaminose A.
Il s'agit d'une maladie grave, qui occasionne une dégradation des tissus osseux et des articulations. Le squelette se calcifie et les vertèbres se soudent peu à peu : par conséquent, la colonne vertébrale s'ankylose, c'est-à-dire se paralyse. Cette affection est très douloureuse pour l'animal lorsqu'elle commence à se développer : ainsi, les symptômes d'un excès de vitamine A sont des douleurs (cris, miaulements...) lorsqu'il essaye de faire des mouvements habituels comme se déplacer, jouer ou faire sa toilette. À terme, ces cris finissent par s'estomper, car sa mobilité est de toute façon considérablement réduite à cause de la progression de la maladie : il devient incapable de réaliser les mouvements problématiques.
Dans la pratique, une telle intoxication est très rare, car il faudrait que le chat consomme l'équivalent de 150 fois la dose normale pendant plusieurs mois pour atteindre le seuil de toxicité. Elle reste toutefois possible dans le cas où son régime alimentaire est très riche en poissons et/ou en foies de volailles, car ces mets contiennent de grandes quantités de vitamine A.
Les vitamines du groupe B sont hydrosolubles : l'organisme peut donc facilement éliminer les excès via l'urine, de sorte qu'une intoxication est plus qu'improbable.
Par ailleurs, quand bien même ces vitamines se trouvent en quantité anormalement élevée dans l'organisme, elles ne semblent pas causer d'effet négatif sur la santé du chat.
La vitamine C est facilement éliminée par le biais de l'urine lorsqu'elle se trouve en excès dans l'organisme : une intoxication alimentaire est donc peu probable. À l'inverse, une consommation importante de vitamine C pourrait même avoir comme effet de lutter contre les infections urinaires du chat, car cette vitamine a tendance à acidifier l'urine, ce qui conduit à l'élimination des bactéries et autres agents pathogènes qui pourraient proliférer dans son appareil urinaire.
Il semble d'ailleurs que l'alimentation industrielle pour chat soit souvent trop riche en vitamine C, car un grand nombre de produits sont complémentés en acide ascorbique, alors que l'organisme des félins en produit déjà suffisamment. L'intérêt d'une telle complémentation alimentaire continue de diviser la communauté scientifique : si elle ne semble pas induire d'effet secondaire, il n'est pas sûr pour autant qu'elle ait un bénéfice quelconque sur la santé.
La vitamine D est, comme la vitamine A, susceptible de provoquer un grave empoisonnement du chat lorsqu'elle est consommée de manière excessive.
Cet empoisonnement engendre une augmentation du niveau de calcium et de phosphore dans le sang (ces deux minéraux allant de pair avec la vitamine D) et une calcification du coeur, des poumons, des muscles et de certains tissus mous. Les symptômes visibles sont une perte d'appétit, des vomissements, une prostration, des convulsions, et parfois même un coma.
Toutefois, pour qu'une telle intoxication alimentaire se produise, il faudrait que ce dernier consomme plus de 20 fois la dose requise en vitamine D. Elle est donc relativement rare en conditions normales, et survient le plus souvent dans le cas d'une complémentation alimentaire abusive ou d'un empoisonnement du chat aux médicaments.
La vitamine E a beau être une vitamine liposoluble et s'accumuler dans l'organisme, elle ne semble pas provoquer d'effet indésirable chez le chat, même lorsqu'elle est consommée en très grande quantité.
Ainsi, aucune intoxication alimentaire à la vitamine E n'a été constatée jusqu'à ce jour.
La vitamine K est elle aussi liposoluble. Elle n'est donc pas facilement éliminable par l'organisme, étant donné qu'il la stocke dans les graisses.
Pourtant, à ce jour, aucune intoxication à la vitamine K n'a été signalée chez le chat, pas plus d'ailleurs que chez les autres animaux. Leur organisme semble donc plutôt tolérant aux excès de cette vitamine.
Les excès en vitamines restent très souvent sans conséquence pour le chat, car son organisme est capable de les éliminer facilement pour éviter leur accumulation ou bien qu'elles ne sont tout simplement pas toxiques, même à très haute dose.
Il existe toutefois deux exceptions : la vitamine A et la vitamine D. S'ils s'accumulent dans les organes vitaux de manière trop conséquente, ces deux nutriments provoquent des dysfonctionnements parfois graves de certains organes ou tissus.
Lorsqu'une telle intoxication est soupçonnée, le vétérinaire procède à un examen de l'animal et à une enquête sur ses habitudes alimentaires, comme dans le cas d'une carence en vitamines du chat. Une biopsie du foie et/ou une prise de sang du chat sont ensuite réalisées pour confirmer le diagnostic.
Plusieurs traitements sont alors possibles, selon la situation et le degré d'urgence :
Les vitamines sont des nutriments indispensables au bon fonctionnement des organes et des tissus du chat, et celles qui ne peuvent être produites directement par son organisme doivent être apportées par son alimentation, pour éviter tout risque de carence. Toutefois, il ne faut pas pour autant tomber dans le piège d'un recours excessif aux compléments alimentaires pour chat, car un excès peut être au moins aussi néfaste qu'un manque de vitamines.
Dans la mesure où la nourriture industrielle pour chat contient normalement tous les nutriments nécessaires, les excès et les carences se produisent le plus souvent lorsqu'on fait le choix de préparer soi-même sa nourriture. Aussi, il est primordial de demander conseil à un vétérinaire avant d'opter pour un régime maison, quel qu'il soit.