Les chaleurs, les miaulements intempestifs, le changement de comportement et surtout le risque de fécondation font partie des raisons qui poussent les propriétaires de chattes à les faire stériliser.
Toutefois, cette idée est parfois gênante, et la décision peut être difficile à prendre. Quelles sont les autres solutions de contraception pour les chattes ? Laquelle choisir et comment l’administrer ? Quels sont les avantages et les inconvénients des contraceptifs pour chat ?
Tout au long de sa vie adulte, une chatte peut donner naissance à des portées de chatons plusieurs fois chaque année. Si vous n’êtes pas certain(e) de vouloir renoncer aux portées de manière définitive, alors choisir une contraception ponctuelle peut être une solution adaptée. En effet, contrairement à la stérilisation de la chatte qui est irréversible, certains moyens de contraception peuvent être stoppés si vous souhaitez finalement avoir des chatons.
En tout état de cause, leur utilisation doit être limitée dans le temps. Adaptées au court terme, ces méthodes ne doivent pas être utilisées durant toute la vie d’une chatte : il s’agit de solutions ponctuelles !
Comme chez l’être humain, il existe différentes méthodes de contraception pour une chatte. Chacune a ses avantages et inconvénients, mais toutes présentent des risques pour la santé de l’animal. C’est pourquoi il est impératif de consulter son vétérinaire, car en plus d’aider au choix d’un moyen de contraception, il pourra guider sur les règles d’utilisation du moyen choisi.
Comme les femmes, une chatte peut avoir recours à une pilule contraceptive, à condition bien sûr de respecter scrupuleusement les indications.
Longtemps utilisée comme premier moyen de contraception pour les chattes, la pilule fait aujourd’hui l’objet de nombreuses controverses. En France, depuis 2016, son utilisation est davantage règlementée, si bien qu’elle n’est plus délivrée que sur présentation d’une ordonnance. L'objectif est que le vétérinaire puisse d’abord s’assurer que ce moyen de contraception est adapté à l’animal, et qu’il n’est que temporaire.
La pilule contrôle le cycle de la chatte, permettant d’empêcher sa reproduction et une éventuelle gestation de la chatte lorsque le propriétaire ne souhaite pas avoir de portée. Elle a certains inconvénients, notamment le fait qu'elle doit être prise régulièrement et qu'il faut arriver à faire avaler le comprimé à l’animal, et certaines précautions sont nécessaires pour l’administrer correctement.
Ainsi, l’administration de la pilule pour chat se fait seulement de façon hebdomadaire ou tous les quinze jours, selon la molécule et la posologie. Pour que votre matou puisse l’avaler sans problème, il est conseillé de la dissimuler dans sa nourriture. Dans tous les cas, veillez à ce qu’elle soit bien digérée : des vomissements ou diarrhées pourraient compromettre les effets du contraceptif.
Une boîte de pilules pour chatte comprend normalement 12 ou 24 comprimés, et son prix se situe entre 5 et 8 euros.
De nombreux vétérinaires ont constaté que cette solution de contraception peut déclencher certaines maladies graves et ils déconseillent aujourd’hui d’avoir recours à cette méthode, sauf pour les propriétaires souhaitant avoir une portée, chez une chatte jeune et pour une courte période.
Les injections sont un autre moyen de contraception utilisées pour les chattes. Le vétérinaire peut procéder à l’injection d’une dose d’hormones tous les 4 à 6 mois environ. Le coût d’une injection hormonale se situe entre 40 et 70 euros, hors frais de consultation.
Toutefois, si vous savez que votre chatte est très réticente aux aiguilles, ce n’est sûrement pas la meilleure méthode de contraception à utiliser !
En tout état de cause, à l’instar de la pilule pour chatte, l’injection hormonale est une méthode de contraception qui doit être utilisée sur du court terme, par exemple afin de soulager une chatte après plusieurs périodes de chaleurs, pour lui accorder un temps de répit. En revanche, il est déconseillé d’interrompre des chaleurs en utilisant l’injection d’hormones, car il y a un risque de métrite (inflammation de l’utérus) ou de gestation déjà en cours. De plus, des injections répétées peuvent entraîner des problèmes au niveau de l’utérus de la chatte, susceptibles de se transformer en infections.
Cette méthode de contraception est souvent utilisée par les éleveurs. L’implant peut contenir trois hormones différentes : la desloréline, la mélatonine ou la prégnénolone. Il permet de prévenir l’œstrus, c’est-à-dire qu’il annule les chaleurs et empêche la reproduction.
La pose d’un implant sous-cutané ne nécessite pas d’anesthésie générale. Il est placé sous les omoplates et a une durée de vie d’environ un an. Toutefois, l’efficacité d’un implant n’est pas immédiate : il faut donc veiller à ce que la chatte ne rencontre pas de mâle durant les quinze premiers jours qui suivent son opération. Dans le cas contraire, elle pourra être gestante en très peu de temps, et la contraception n’aura alors pas l’effet escompté.
Le prix d’un implant contraceptif pour chat se situe entre 150 et 180 euros. C’est donc un moyen de contraception ponctuel et pratique, mais onéreux.
Lorsqu’une chatte est sous contraception, ses mamelles et son utérus sont généralement attaqués par les hormones de synthèse contenues dans le comprimé. Il n’est pas rare de détecter une affection des mamelles ou des maladies de l’appareil génital suite à la prise régulière d’un contraceptif chimique.
Au final, ce type de contraception peut causer des problèmes multiples de santé et de comportement :
Si de tels effets secondaires commencent à se manifester, il est recommandé d’arrêter le traitement pendant quelques temps afin de laisser le chat reprendre ses habitudes naturelles. Une fois qu'elle aura retrouvé ses périodes de chaleurs, ces effets s’estomperont.
Par rapport au début des années 2000, la science vétérinaire a beaucoup évolué au sujet de la contraception chez les chats. Les méthodes de contraception à caractère temporaire sont aujourd’hui fortement déconseillées par les vétérinaires. En effet, les traitements hormonaux sont souvent à l’origine de nombreux effets secondaires, de maladies et de dérèglements de l’équilibre hormonal des chats.
En revanche, la stérilisation des femelles (ovariectomie) est un mode de prévention préconisé : elle permet d’éviter les portées non désirées à répétition, les chaleurs et les complications liées à la mise bas de la chatte et aux saillies. Cela n’enlève rien à son principal inconvénient : elle est irréversible.
Une chatte en gestation ou qui n’a pas encore eu de chaleurs ne doit pas prendre de pilule. En revanche, si elle est en période de chaleurs, la pilule peut être utilisée pour stopper ce phénomène.
Contrairement aux humains, la ménopause n’existe pas chez la chatte. Toutefois, avec l’âge, des kystes aux ovaires sont davantage susceptibles de se développer rapidement, et elle devient plus sujette aux problèmes de santé. Evitez alors les moyens de contraception non définitifs et hormonaux, et privilégiez la stérilisation : cette opération peut être réalisée à tout moment de sa vie.
De nombreuses publications font le point sur les effets indésirables, décrits chez le chat suite à l'administration d'acétate de mégestrol tels que :
La Commission Nationale de Pharmacovigilance Vétérinaire a été saisie le 30 mai 2002 par l’AFSSA /ANMV (Agence nationale du médicament vétérinaire) d'une demande d'avis relative aux effets indésirables à court et à long terme des progestatifs oraux à base d’acétate de mégestrol utilisés pour la prévention et l’interruption des chaleurs chez les carnivores.
Cette demande résulte de deux plaintes émanant de propriétaires de chatte et faisant état, après prise d'un médicament vétérinaire à base d’acétate de mégestrol de l’apparition d’un pyomètre compliqué d’insuffisance rénale aiguë après une seule prise, de tumeurs mammaires après plusieurs prises. Dans les deux cas, les affections utérines et mammaires ont entraîné le décès de l’animal.
Ces plaintes insistent sur la carence d’informations concernant les risques accompagnant la prise de ce médicament à la fois sur la notice du médicament et lors de l’achat chez le pharmacien (ce produit étant distribué exclusivement dans les officines). L’acétate de mégestrol est un progestagène stéroïde synthétique dérivé de la progestérone utilisable uniquement par voie orale ou éventuellement injectable. Son effet contraceptif résulte de l’inhibition au niveau hypothalamique de la sécrétion pulsatile de GnRH et donc secondairement, de la sécrétion cyclique hypophysaire de FSH et de LH, induisant ainsi un anoestrus prolongé.
Cette molécule, comme les autres progestagènes de synthèse, a également une affinité non sélective pour les récepteurs à la progestérone présents dans les organes cibles des hormones stéroïdes sexuelles comme l’utérus et les mamelles : sur l’utérus, l’acétate de mégestrol peut induire une hyperplasie glandulokystique d’intensité variable et sur la mamelle elle provoque une augmentation de la production locale de facteurs de croissance GH (hormone de croissance) et IGF 1-5 (Insuline like growth factors) conduisant à une hypertrophie mammaire.
Elle possède également une action centrale sur le système limbique et antagonise l’effet de l’insuline.
Liste des médicaments vétérinaires à base d'acétate de mégestrol pour le traitement et l'interruption des chaleurs :
L’hypertrophie de l’endomètre due à l’acétate de mégestrol est prouvée chez 10 chattes préalablement ovariectomisées recevant 10 à 30 mg d’acétate de mégestrol par semaine . Les lésions, sauf chez une chatte qui déclare un pyomètre (lot 30 mg), régressent partiellement après l’arrêt du traitement. Elles existent également chez les chattes non ovariectomisées .
Une étude a permis de mieux cerner le pourcentage de métropathies : 1 cas pour 244 chattes traitées pendant 3,5 ans.
Dans l’espèce féline, l’acétate de mégestrol provoque des effets au niveau de la mamelle et des hypertrophies mammaires. Des auteurs ont établi le lien entre les modifications non néoplasiques dominées en fréquence par la fibroadénomatose et la distribution de l’acétate de mégestrol.
Une enquête très récente du GERES (Groupe d’Etude en Elevage et Sport Canin) conduite par le Dr Martine LENNOZ a montré que sur 53 cas de fibroadénomatose, 13 avaient reçu un traitement progestagène et que ces proliférations mammaires peuvent survenir dès la première imprégnation hormonale avec des doses d’acétate de mégestrol normales. L’apparition des hyperplasies mammaires impose un arrêt du traitement progestagène. La régression des lésions est souvent incomplète.
Le lien entre acétate de mégestrol et cancer de la mamelle n’est pas prouvé mais suspecté : une première publication relate que 3 cancers sur les 17 cas de modifications mammaires sont dues à l’acétate de mégestrol et une seconde signale que sur 17 cas de carcinome mammaire, 4 se sont développés sur des chattes recevant de la progestérone.
Aucune information sur le délai d'apparition des effets indésirables par rapport au début du traitement n'est disponible. Toutefois, lorsque l’on dispose de l'information, de très grandes variations sont relevées quant au moment d’apparition des pyomètres ou tumeurs mammaires : de 2 jours après le début de la prise à 10 ans pour l'apparition d'un pyomètre et de 15 jours à 6 ans pour l'apparition d'une tumeur mammaire.
Si on ne souhaite pas faire reproduire sa chatte, les méthodes de contraception à court terme sont clairement à éviter. En effet, la pilule, l’implant contraceptif et les injections d’hormones peuvent mettre en péril sa santé. Pour protéger son compagnon durablement et avec une méthode non hormonale, mieux vaut privilégier la stérilisation chirurgicale.