Selon un rapport scientifique britannique, le chien, animal social par excellence, serait plus futé que le chat, réputé pour son côté indépendant.
Pourtant, au sein même de la communauté des comportementalistes, cette idée fait débat.
Grâce aux résultats de plusieurs études menées sur les chiens et les chats, voici une comparaison de leurs aptitudes respectives.
Le cerveau du chien pèse 64 grammes alors que celui du chat a un poids de 25 grammes. Néanmoins, le chien est en général plus gros que le chat, et si l'on calcule plutôt le ratio cerveau-masse corporelle, le minou l’emporte d’un poil.
Ces dernières années, les biologistes ont d'ailleurs appris que les plus petits mammifères ont des cerveaux relativement plus gros par rapport à leur masse corporelle.
En d'autres termes, cela signifie que le chat a le cerveau qu’on aurait pu lui prédire en regardant l'évolution des autres mammifères, tandis que la masse cérébrale des chiens s'avère plus importante que prévu.
Mais, comme le souligne Julie Decompte, éthologue et spécialiste du chat, « un cerveau plus gros ne veut pas forcément dire de meilleures capacités cognitives. C'est surtout la façon dont l'individu l’utilise qui compte : le type de connections qui s'établissent entre les neurones et l'utilisation de certaines zones cérébrales plutôt que d'autres au moment de l'accomplissement d'une tâche donnée ».
Un petit cerveau peut donc être plus performant pour l'accomplissement de certaines tâches qu'un gros cerveau. Dire alors que le chat est moins intelligent que le chien juste en raison du fait que son cerveau est plus petit apparaît risqué.
Chiens et chats sont tous deux dotés d'un odorat et d'une audition sur-développés. Toutefois, la sélection artificielle, qui s'est faite sur des milliers d’années, a donné aux chiens quelques avantages sur les chats.
Qui n'a pas entendu parler de de chiens qui peuvent suivre une piste vieille de plusieurs heures ou détecter des problèmes de santé chez leur maître ?
Pour autant, le chat n'est pas en reste quand il s'agit d'odorat super efficace. En effet, son nez est doté de 200 millions de récepteurs d’odeurs, contre 300 millions pour le chien.
Par ailleurs, en plus de leur museau aux fines capacités, on prête aux chats des dons assez surnaturels liés à leur sensibilité olfactive. Le cas le plus célèbre est sans doute celui d'Oscar, un chat ayant élu domicile dans une maison de retraite de Rhode Island aux Etats-Unis et capable de détecter les patients sur le point de décéder.
Et n’oublions pas la vision nocturne : ni Fido ni Félix n’ont de super yeux, mais la nuit, ils sont beaucoup plus dans leur élément.
La génétique nous apprend que loups et chiens se sont séparés il y a 135 000 ans.
Bien que l’archéologie puisse suggérer que le chien partageait déjà la vie de certains de nos ancêtres il y a 30 000 ans, des chercheurs plus prudents préfèrent évoquer 16 000 ans.
Dans les deux cas, cela donne plusieurs longueurs d'avance au chien en termes de domestication et d'élevage. En effet, les chats auraient commencé à être domestiqués en Egypte par des fermiers qui avaient vu en eux une arme utile contre la vermine (notamment les rongeurs), ce qui placerait leur entrée dans nos vies il y a environ 10 000 ans.
Le chien est plus facile à entraîner et à éduquer. En effet, là où d’autres animaux, comme les dauphins ou les chimpanzés, apprennent par émulation, le chien apprend comme un enfant, en suivant nos indications.
Trait qui, au fil des milliers d’années, a évolué en fonction de nous : les chien les plus faciles à entraîner ont été aussi ceux qui ont eu le plus de chances de se trouver un propriétaire et d’engendrer une descendance.
Ainsi, avec l'éducation adéquate, les chiens peuvent chasser, guider des aveugles et monter la garde. Ils peuvent aussi renifler de la drogue ou de l’explosif dans une valise. Ils peuvent même devenir des chiens d'avalanche et retrouver des victimes, aider des enfants à apprendre ou rapporter les pantoufles.
Sur ce plan là, le chat coopère beaucoup moins avec les humains que le chien, sinon pour attraper des souris et autres petits animaux nuisibles dans les maisons.
La forme d’attachement qui unit un chien à « ses » humains est bien connue. C’est un lien qui nécessite le développement d’une forme d’intelligence, et c’est pourquoi on a souvent comparé cela à l’intelligence d’un bébé de 12 à 18 mois.
Qu’en est-il des chats ? Le chat aurait tendance à être beaucoup plus attaché à son territoire (avant d’être attaché à « ses » humains). Cela varie bien sûr en fonction de sa race. Cependant, placer un chat en compagnie de gens avec lesquels il n'est pas familier s'avère un peu plus difficle, surtout lorsqu'il est soumis à des tests en laboratoire.
Une étude britannique publiée en 2010 par Susanne Shultz et Robin Dunbar, respectivement docteur et professeur à l’ICEA (Institute of Cognitive and Evolutionary Anthropology) de l’Université d’Oxford, rapporte que l’intelligence d’un mammifère serait liée au développement de l’activité sociale qui régit son espèce.
Cela signifie que les animaux qui vivent en société auraient un cerveau plus développé que les animaux solitaires, car leur activité cérébrale serait davantage sollicitée.
L’étude a été réalisée sur 500 espèces différentes et couvre une période de 60 millions d’années. Elle a abouti à la conclusion que le cerveau des animaux dits "sociaux " a grandi plus rapidement que celui des animaux qui vivent individuellement.
Ce résultat a alors permis d'établir un classement des mammifères les plus intelligents avec, en tête du cortège, les singes, suivis par les chevaux, les dauphins, les chameaux et les chiens. Toutes sont des espèces qui ont une vie sociale aboutie.
Pour Sandrine Otsmane, éducatrice et comportementaliste, « le chien vit avec l’Homme depuis si longtemps qu’il s’est parfaitement adapté à son mode de vie. Cette adaptation exceptionnelle est une forme d’intelligence indéniable, qui s’explique par son statut d’animal grégaire, qui vit en meute ».
En revanche, le cerveau des chats, parce qu’ils vivent en solitaire, n’a pas connu le même développement. A l’instar des rhinocéros et des daims, ils ont conservé des modes de vie identiques depuis des millions d’années sans intensifier leurs relations sociales : « Le chat est un animal saisonnier : il n’interagit avec ses congénères que lorsque des ressources, telle que la nourriture, sont à partager. Et il fait preuve de capacités d’adaptation moindres lorsqu’il cohabite avec l’Homme ».
Les chiens jappent et les chats miaulent, mais cela veut-il dire quelque chose ? De toute évidence, oui : des analyses sonores ont identifié les mêmes types de sons pour des besoins similaires (manger, sortir, jouer...). Mais ce "vocabulaire" demeure quelque peu limité.
Considérant que les loups adultes ne jappent pas, l’hypothèse courante est que le langage canin ait évolué au fil des milliers d’années, comme si le chien avait trouvé une façon de communiquer avec les humains.
Quant aux chats, ils auraient développé la faculté de s'exprimer grâce à des miaulements d'intensités différentes et surtout au ronronnement. De nombreuses hypothèses scientifiques ont été émises sur ce son si particulier pouvant signaler les différentes humeurs du minou (sensation de bien-être, absence d'agressivité, problème de santé...). Cependant, le phénomène du ronronnement conserve une part de mystère aux yeux des scientifiques.
Par ailleurs, les chats miauleraient plus lorsqu'ils sont en contact avec l'Homme que lorsqu'ils communiquent avec leurs semblables.
Votre animal préféré est intelligent, d’accord, mais n’attendez pas de lui qu’il résolve un problème nécessitant l’apport d’une pensée abstraite. Par exemple, il ne comprendra pas qu’un " X " sur le sol indique quelque chose d’important.
Encore que ce ne soit pas tout à fait exact : les chiens "performent" moins bien en laboratoire, loin de leur maître. Si au contraire ils sont encouragés par celui-ci, ils seront beaucoup plus motivés. Ce qui fait obstacle à la réussite d'un exercice de la sorte, c'est qu’ils s’en remettent très souvent à nous pour résoudre des problèmes, et non qu’ils sont incapables de les résoudre.
Ainsi, au cours de certaines expériences, même lorsque la motivation s’y trouve (de la nourriture bien en vue, mais difficile d’accès), le chien s'avère plus susceptible de solliciter l’aide de l’humain le plus proche, alors que le chat est davantage amené à baisser les "bras" (ou les pattes)...
En général, un chien, même peu entraîné, peut mémoriser quelques dizaines de mots. Certains chiens se sont même illustrés dans la compréhension du langage humain : c'est le cas de Chaser, un Border Collie parvenu à retenir plus de 1000 mots.
Les chiens peuvent aussi maîtriser un langage non-verbal, en particulier le doigt pointé dans la direction où se trouve la récompense.
Les chats sont également capables de venir à bout de tels exercices. Mais, selon Adam Miklosi de l’Université Eotvos Lorand (Hongrie), le félin s'illustre moins par ce genre de prouesses parce qu’il n’est « ni accommodant, ni motivé ».
Au final, n’y aurait-il pas, comme pour les humains, plusieurs sortes d’intelligence ? « Nos connaissances sur les chats sont beaucoup moins avancées que celles dont nous disposons sur les chiens. Et certains travaux menés sur les félins (des chatons sont actuellement éduqués pour stimuler les enfants autistes) sont très prometteurs », explique Sandrine Otsmane.
Elle souligne aussi qu'il peut exister de très fortes relations unissant certains chats à leur maître : « le chat a un véritable potentiel d’interactions, que nous ne connaissons ou ne comprenons pas encore. »