De plus en plus de propriétaires de chats font le choix de devenir végétarien ou végétalien, par sensibilité à la cause animale. L’Homme étant de base omnivore, il peut parfaitement se passer de viande pour survivre.
Certains souhaitent également transposer ce choix de vie à leur compagnon. Diverses marques d’alimentation se mettent d’ailleurs à proposer des produits ambitionnant de répondre à cet objectif, en remplaçant la viande par des compléments nutritifs.
Toutefois, à la différence de son maître qui est omnivore, le chat est un animal carnivore : la viande est au centre de son régime alimentaire. Peut-on rendre son chat végétarien ? Quels seraient les risques d’un régime végétarien ou végan pour un chat ?
Connus de tous et souvent confondus, le végétarisme et le végétalisme présentent pourtant quelques différences.
Le végétarisme est un régime alimentaire qui exclut toute chair animale : viande, poisson, crustacés, mollusques... Cette pratique remonterait à la Grèce antique, où elle fut notamment promue par le célèbre philosophe Pythagore dès 530 avant J.-C.
Le végétalisme vise plus large, en excluant tout aliment de provenance animale. Il ajoute donc à la liste les œufs, le lait et les produits laitiers, le miel, etc.
Enfin, le véganisme, ou végétalisme intégral, est un mode de vie consistant à bannir non seulement la consommation, mais aussi l’usage de produits issus de l’exploitation animale : cosmétiques ou médicaments testés sur un être vivant, vêtements en cuir, en laine ou en soie, fourrure... Une personne végan se détourne également des divertissements et sports mettant en scène des animaux : cirque, zoo, équitation…
Dans certains pays, le végétarisme est ancré de longue date, que ce soit par contrainte économique ou pour des raisons religieuses. Par exemple, l’hindouisme, très implanté notamment en Inde et au Népal, proscrit la consommation de viande.
Dans d’autres, ce sont des considérations éthiques plus récentes qui sont à l’origine d’une augmentation du nombre de personnes végétariennes ou végétaliennes. Le phénomène est toutefois plus ou moins prononcé selon les endroits.
En France, ces dernières représentent respectivement 2% et 0,5% de la population, selon une étude Xerfi sur le marché de l’alimentation datant de mars 2020.
En Belgique, environ 7% des habitants ne mangent pas de viande, d’après une statistique publiée « en 2016 par l’institut IVOX.
En Suisse, la proportion est encore plus importante : une étude de l’association Swissveg datant de 2017 estime que le pays compte 11% de végétariens et 3% de végétaliens.
Au Canada, d’après un sondage fait par l’université Dalhousie en 2018, ils totalisent ensemble 6% de la population.
Quel que soit le pays, nombre de ces personnes possèdent un chat, et il n’est pas illogique qu’elles se posent la question d’exclure également la viande du régime alimentaire de ce dernier, afin d’être en conformité avec leurs valeurs.
Il est possible depuis les années 80 de trouver de la nourriture industrielle sans viande pour les animaux de compagnie. C’est plus précisément en 1980 que vit le jour Happidog, un fabricant britannique spécialisé dans de tels aliments, en l’occurrence pour les chiens. Aujourd’hui, le marché s’est développé : il existe des fabricants tant en Europe qu’au Canada, et un assez large panel de produits est proposé aux personnes qui choisissent ce type de régime pour leur compagnon domestique.
Ces dernières sont motivées avant tout par des considérations éthiques, en lien avec le respect du bien-être animal. C’est ce que montre par exemple une étude de 2014 menée par l’Université de médecine vétérinaire de Vienne (Autriche) auprès de 233 propriétaires ayant fait ce choix : 90% d’entre eux déclarèrent avoir agi par conviction morale.
Connu depuis la nuit des temps pour être un redoutable chasseur, le chat est capable d’attraper ou de tuer des dizaines de proies par jour. Oiseaux, rongeurs, reptiles ou même insectes : rien ne semble pouvoir lui résister.
Ses talents de chasseur sont d’ailleurs à l’origine de sa domestication par l’Homme il y a environ 10 000 ans, afin d’éliminer les nuisibles (rongeurs principalement).
Aujourd’hui, les chats sauvages ont vu leur nombre diminuer fortement, au contraire de ceux qui sont apprivoisés, souvent gardés en intérieur. Ces derniers ont néanmoins gardé un instinct de prédateur très prononcé.
Chez les uns comme chez les autres, celui-ci mobilise certaines caractéristiques physiques bien spécifiques. Ainsi, étant doté de plus de 500 muscles et d’un squelette flexible, le chat est un des mammifères les plus souples. Sa musculature lui permet de sauter rapidement sur sa victime, que ce soit par jeu ou par besoin alimentaire. Non content d’être agile, il est également particulièrement apte à prendre sa victime par surprise. En effet, ses coussinets servent d’amortisseurs et sont gages de discrétion, qu’il soit en intérieur ou en pleine nature.
Toutes ces particularités physiques font de lui un chasseur hors pair.
Non content d’être un excellent chasseur, le chat est également un carnivore naturel : il se nourrit essentiellement de viande et possède un corps taillé pour la digérer.
C’est notamment le cas de ses dents pointues et tranchantes, qui sont idéales pour découper et déchiqueter ses proies.
Son appareil digestif le prédestine également à la consommation de viande crue. En effet, ses intestins très courts lui permettent de digérer un animal non cuit très rapidement, sans risquer la fermentation de bactéries. À l’inverse, les végétaux nécessitent en général des enzymes particulières, ainsi qu’une dégradation plus lente. Un appareil digestif court comme celui du chat est donc incapable de les décomposer efficacement, et donc d’assimiler les nutriments qu’ils contiennent.
Comme chez tout animal carnivore, les protéines occupent une grande part du régime alimentaire du chat. Essentiels au renouvellement de ses tissus, 11 acides aminés lui sont particulièrement indispensables, dont la carnitine, l’arginine, ou encore la taurine. Cette dernière est nécessaire à de nombreuses fonctions vitales pour sa santé, comme le développement cérébral pendant la croissance, ou encore la régulation de la température corporelle.
Le chat a également besoin de lipides et d’acides gras essentiels : les uns comme les autres lui apportent de l’énergie, et doivent à ce titre être présents en quantité suffisante dans son alimentation. En cela, il diffère de l’Homme, qui puise plutôt son énergie dans les glucides.
Les besoins d’un chat en glucides sont donc très faibles par rapport à ceux de ses maîtres : les glucides non assimilables sont surtout utiles pour améliorer son transit, mais ne lui apportent pas de nutriments (ou seulement très peu), car il n’a ni les enzymes, ni les intestins appropriés pour leur digestion.
Les vitamines A, B, C, D, E et K jouent quant à elles un rôle dans la prévention des problèmes de santé : par exemple, les vitamines A et D participent à la bonne formation et la solidification de son squelette.
Enfin, comme l’être humain, il a besoin de minéraux et d’oligo-éléments, tel que le calcium.
Comme il est incapable de produire par lui-même certains de ces nutriments, il est impératif que sa nourriture les lui fournisse, au risque de carences.
Une carence du chat en protéines se traduit par une perte de poids et de muscles, puisqu’elles permettent la restauration de ses tissus et muscles. Plus particulièrement, c’est un manque de taurine qui peut avoir les conséquences les plus graves pour sa santé. Au bout de 6 à 24 mois, divers symptômes commenceraient à se manifester : baisse de la vue conduisant progressivement à une cécité totale, troubles de la reproduction, cardiomyopathie hypertrophique...
Les vitamines sont également indispensables à sa santé, à l’instar par exemple de la vitamine A : une carence en cette dernière pourrait provoquer des problèmes de vue et de croissance, ou encore une altération des tissus et des muqueuses.
Une autre vitamine, la B3, est tout aussi essentielle, puisqu’un apport insuffisant provoque une inflammation des gencives et des muqueuses buccales, qui elle-même entraîne un manque d’appétit et une perte de poids.
Enfin, on peut citer la vitamine D, qui est nécessaire dans la solidification du squelette de l’animal. Une carence à ce niveau entraînerait un risque accru de fractures, voire de rachitisme.
Par ailleurs, en cas de manque de lipides, le chat risque de se trouver à court d’énergie. Ces acides gras essentiels contribuent aussi à la bonne santé de son pelage : une carence se traduit souvent par des poils en mauvais état, voire une alopécie.
Les risques d’une alimentation mal équilibrée sont donc multiples. Tôt ou tard, l’animal aurait toutes les chances d’être confronté à différentes pathologies, comme :
En fonction du type de carence, les conséquences peuvent aller jusqu’à la mort du chat, s'il n'est pas soigné et pris en charge rapidement par un vétérinaire.
Un maître qui voudrait éliminer totalement la viande du régime alimentaire de son chat ferait face à de nombreuses contraintes.
Certes, il est vrai que certains des nutriments essentiels pour le chat peuvent se retrouver dans les végétaux, comme par exemple la vitamine E ainsi que certaines du groupe B : les céréales et certains légumes verts en contiennent un pourcentage notable. Plus largement, on trouve des protéines en quantité variable dans certains végétaux – en particulier les légumineuses.
Cependant, l’appareil digestif du chat n’est pas conçu pour avaler la plupart de ces derniers. En effet, ils contiennent des glucides, et plus précisément de l’amidon, qu’il n’est pas capable de dégrader. En effet, sa salive ne contient pas les enzymes nécessaires pour digérer ce dernier. De ce fait, une alimentation qui comporterait une quantité trop importante d’amidon risquerait d’entraîner divers problèmes : diarrhées, flatulences, ballonnements…
En plus de la difficulté à absorber les nutriments qu’ils contiennent, une quantité importante de végétaux dans l’alimentation d’un chat entraînerait un risque accru de problèmes rénaux. En effet, contrairement à la viande, les protéines végétales sont plutôt alcalines, ce qui se traduit par une urine moins acide. En conséquence, les dépôts de calcaire présents dans l’appareil urinaire du chat se dissolvent plus difficilement, ce qui peut mener à un risque accru de calculs.
Ainsi, la surveillance régulière du taux d’acidité de ses urines nécessiterait un suivi vétérinaire mensuel et rigoureux. Ce dernier s’avérerait chronophage et coûteux, tout en ajoutant du stress dans le quotidien de l’animal.
Certaines des vitamines essentielles à la bonne santé d’un chat sont purement et simplement absents des végétaux, ou présents seulement en très faible quantité. C’est le cas en particulier des vitamines A, B3, B12 et D : toutes se retrouvent principalement, voire exclusivement, dans les produits d’origine animale. Le risque pour un chat végétarien est d’autant plus grand que, contrairement par exemple à l’Homme ou au chien, il ne peut convertir en vitamine A le bêta-carotène contenu dans les végétaux.
Quant à la protéine la plus importante pour un chat, la taurine, on la retrouve uniquement dans les protéines animales : elle est absente des végétaux.
Le lait et les produits laitiers en général étant une source de protéines et de certaines vitamines, en particulier A et D, on pourrait croire qu’ils constituent une option intéressante pour remplacer les produits carnés. Or, il n’en est rien : à l’âge adulte, un chat digère très mal le lait.
Nourrir son chat avec un régime végétarien ne permettrait donc pas l’apport des acides aminés et nutriments dont il a besoin au quotidien. Une complémentation est donc obligatoire afin de subvenir à ses besoins nutritionnels, quand bien même tous les efforts sont faits pour tenter d’équilibrer ses repas.
Beaucoup moins diversifié à la base que celui par exemple d’un humain, le régime alimentaire d’un chat ne peut être modifié sans potentiellement des conséquences graves à la clef : cet animal est un carnivore « obligé », et doit le rester. Il rejoint ainsi la liste des espèces ne pouvant se passer de viande pour survivre, aux côtés par exemple du dauphin, du serpent, de l’aigle ou encore du crocodile. Autrement dit, il n’existe pas de chat végétarien par choix.
Si toutefois un propriétaire veut prendre la décision de donner une alimentation végétarienne à son chat, il est important de rappeler que les produits disponibles dans le commerce ne garantissent pas de couvrir les besoins essentiels de ce dernier. Un avis vétérinaire serait en tout cas indispensable avant un tel changement, qui pourrait s’avérer mortel, a fortiori dans le cas d’un individu qui présente déjà des fragilités.
Il faut aussi se méfier des témoignages enthousiastes qu’on peut parfois lire ou entendre. En effet, des carences liées à une alimentation mal équilibrée (que ce soit du fait d’un régime végétarien ou de toute autre cause) peuvent mettre plusieurs mois - voire années - à se manifester. Mettre en place un régime végétarien pour son chat et se baser sur son état au bout de quelques semaines pour juger que tout se passe bien, et que ce choix est parfaitement adapté pour lui, serait une grave erreur. C’est d’autant plus vrai que nombre des articles et recettes disponibles sur internet ne sont pas forcément élaborés par des spécialistes de la question, c’est-à-dire par exemple des nutritionnistes félins professionnels.
Au-delà du fait qu’il est difficile et dangereux d’aller contre sa nature, on peut se demander s’il est véritablement éthique de priver un animal de ses besoins primaires. C’est d’autant plus vrai que cela nécessiterait le recours à des compléments créés chimiquement, ce qui là aussi peut être discutable. Enfin, la question se pose de lui imposer un style de vie que, contrairement à son maître, il n’a pas choisi.
Bonjour, j'ai eu une discussion houleuse avec ma soeur qui s'est mis dans l'idée que son chat peut manger comme...