Le chat dans la mythologie égyptienne

La tête d'un chat Sphynx aux yeux bleus portant une coiffe traditionnelle égyptienne.

La société antique égyptienne était essentiellement agraire. En chassant les rats, souris et autres rongeurs nuisibles, le chat jouait donc un rôle important, puisque ce faisant il protégeait les récoltes. Petit à petit, il fut également accepté au sein des foyers.


La place de choix qu’il occupait au cœur de la société explique qu’il était également très présent dans la mythologie, tout particulièrement entre 3000 et 500 ans avant notre ère.

Le chat et le dieu Ré

Une sculpture en pierre du dieu égyptien Ré debout les bras croisés, avec en arrière-plan des hiéroglyphes dessinés sur un mur.
Une sculture en pierre du dieu Ré

Un chat apparaissait aux côtés de Ré, dieu du soleil et créateur de l’univers. Aidé du dieu Seth, de la déesse Isis et donc d’un petit félin, celui-ci guerroyait chaque nuit contre le serpent géant Apophis, qui attaquait sa barque alors qu’il voguait sur le fleuve Nu. Chaque fois, les quatre combattants gagnaient contre le monstre.

 

Les Égyptiens croyaient que cette bataille se produisait toutes les nuits, sans exception. Symbole du chaos et de l’obscurité, Apophis tentait chaque fois de venir à bout de Ré, Dieu du soleil et de l’élaboration du monde. Le lever du soleil marquait la victoire de la création et du Bien.

 

Le chat qui accompagne Ré sur les représentations murales narrant ce combat est assis sur ses membres antérieurs, d’assez grande taille, doté de longues oreilles et d’un pelage roux. Il tient dans l’une de ses pattes avant une longue lame destinée à décapiter le serpent.

Le chat et la déesse Bastet

Une statue de la déesse Bastet (avec un corps de femme et une tête de chat), tenant plusieurs objets dans ses mains.
Une statue de la déesse Bastet

Dans l’Égypte ancienne, le chat était aussi lié au culte de la déesse Bastet, puisque celle-ci était représentée en femme avec une tête de chat, voire entièrement symbolisée par un chat.

 

Elle était protectrice du foyer, déesse de la famille, de la fertilité ainsi que de l’amour. En outre, elle était aussi détentrice des secrets des femmes et protégeait des mauvais esprits. Enfin, elle avait un pouvoir mystique et divin attribué au chat.

 

Le plus ancien témoignage du culte de Bastet remonte à environ 2800 avant notre ère. Son adoration prit une très grande ampleur à partir du règne du pharaon Sheshonq 1er (entre 945 et 924 av. J.-C.), connu notamment pour avoir créé la ville de Bubastis, à l’est du delta du Nil. Des fouilles archéologiques y révélèrent la présence de plus de 300.000 momies de chats domestiques appartenant à des familles ou à des temples. Ces derniers étaient embaumés puis enterrés dans une nécropole ou dans le tombeau familial.

 

Les moines égyptiens élevaient des chats dans les différents temples dédiés à Bastet. Quand une personne souhaitait adresser une requête à la déesse, elle donnait de l’argent à un des moines du temple : ce dernier achetait alors du poisson qu’il offrait à un des chats. Pendant que le petit félin dégustait son repas, le religieux interprétait son comportement et en rendait compte à l’auteur de la demande.

 

Si les chats domestiques, que ce soit dans des familles ou dans les temples, étaient très bien traités, d’autres n’avaient pas cette chance.

 

En effet, chaque année avait lieu dans la ville de Bubastis une grande fête destinée à honorer la déesse Bastet. Cet évènement était de très grande ampleur, puisque l’historien et géographe grec Hérodote (480-425 avant J.-C.) écrivit qu’il pouvait réunir jusqu’à 700.000 pèlerins venus de toute l’Égypte. Or, les fidèles donnaient alors en offrande, pour remercier Bastet, des momies de petit félin. Comme il fallait répondre à la demande des nombreux croyants, des élevages de chats étaient installés autour du temple. Les découvertes archéologiques et les études menées sur les squelettes montrent que ces animaux étaient en général des chatons de quelques mois ou des adultes de moins de deux ans qui ne périssaient pas de mort naturelle. Ces usines à chatons avant l’heure entretenaient un commerce vraisemblablement très lucratif.

Le chat apotropaïque

Une illustration comportant deux chats noirs aux yeux rouges assis en se tournant le dos, avec en arrière-plan un grand oeil rouge sur fond bleu.

Dans l’Égypte antique, le chat était lié à l’au-delà et au mystère.

 

Ainsi, les archéologues ont trouvé dans des tombes datant de 2000 à 1500 ans avant notre ère d’innombrables couteaux en ivoire, fins et incurvés. Tous arborent un chat représenté en train de manier le couteau une patte levée, ou debout sur ses pieds arrière et tenant l’arme avec ses membres avant.

 

De son vivant, le propriétaire se servait de la lame pour se protéger des serpents ou des scorpions, mais aussi des influences maléfiques. À sa mort, il était enterré avec son arme, et le chat qui était représenté dessus continuait à jouer son rôle apotropaïque en le préservant des maléfices.

Le chat, un demi-dieu pour les Égyptiens

Deux chats momifiés
Deux chats momifiés

Les chats domestiques qui vivaient dans des familles ou dans les temples étaient très estimés dans l’Égypte antique. Certains recevaient à leur mort des honneurs habituellement réservés aux personnes importantes, afin qu’ils puissent se réincarner.

 

Le cas échéant, ils étaient momifiés, et pendant la première journée de deuil suivant leur décès, leur propriétaire ainsi que toutes les personnes vivant dans le foyer se rasaient les sourcils en signe d’affliction et de respect. Le deuil durait jusqu’à la repousse des poils et la fin du processus de momification, c’est-à-dire environ 70 jours.

 

En effet, les Égyptiens pensaient que les représentants de la gent féline se réincarnaient en humain neuf fois, le 9 étant pour eux le chiffre de la perfection. Dès lors, il était logique de les protéger. Les chats étaient donc élevés au titre de demi-dieux, au point que les blesser ou les tuer n’était pas acceptable. Au cours du premier millénaire avant notre ère et jusqu’au premier siècle après J.-C., de lourdes peines étaient en vigueur, puisqu'elles pouvaient aller jusqu’à la mort.

 

L’historien grec Diodore de Sicile (90 avant J.-C. à 20 avant J.-C.) rapporte d’ailleurs dans sa Bibliothèque historique une scène tout à fait significative, qui se produisit en 60 avant notre ère. Alors qu’un char romain avait écrasé accidentellement un chat, un soldat égyptien tua son conducteur, alors même que le pharaon Ptolémée XII (117-51 avant notre ère) avait donné l’ordre de ne pas intervenir.

La bataille de Péluse

Illustration de la bataille de Péluse
Illustration de la bataille de Péluse

En 525 avant notre ère, le roi de Perse Cambyse II (559 avant J.C. à - 522 avant J.-C.) fit le siège de la ville égyptienne de Péluse. Cette cité se trouvait au nord-est du delta du Nil, c’est-à-dire à l’entrée de l’Égypte ; un endroit stratégique par lequel Cambyse pourrait ensuite conquérir le pays.

 

Polyen, historien grec du 2ème siècle de notre ère, raconte que comme l’assaut durait, celui-ci décida d’avoir recours à la ruse. Il ordonna ainsi de capturer certains animaux sacrés des Égyptiens pour les placer avec les soldats en premières lignes. Parmi les différentes bêtes ainsi choisies figuraient des chiens, des ibis et des chats. Cela amena les combattants égyptiens à cesser de se battre, et donc à perdre la bataille. En effet, les cultes et le respect envers ces animaux, en particulier le chat, étaient plus importants pour eux que l’issue du combat.

Apogée et déclin

Illustration égyptienne comportant des dieux, des déesses, des scarabées et des chats assis.

L’adoration des chats en général ainsi que le culte de Bastet en particulier s’étiolèrent à partir du 4ème siècle avant notre ère, alors que l’Égypte n’avait plus la puissance qui était la sienne autrefois mais suscitait les convoitises d’autres empires. Les Romains parvinrent d’ailleurs à l’annexer en 30 avant notre ère.

 

En 380 après J.-C., l’empereur romain Théodose 1er promulgua l’édit de Thessalonique, qui érigea le christianisme comme religion de toute la population de l’empire. Cela marqua la fin définitive des croyances polythéistes en Égypte.

Dernière modification : 12/15/2022.

Commentaires sur cet article

super article

   
Par Jean mermoud
Chien.com

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