Le léopard du Caucase, ou panthère de Perse

Un Léopard du Caucase en train de montrer les dents

Connu aussi sous le nom de panthère de Perse, le léopard du Caucase est l'une des plus grandes sous-espèces du léopard, mais aussi l'une des moins connues des scientifiques.


Habitué des zones montagneuses du Caucase, il vit habituellement loin de l'Homme, mais la raréfaction de ses proies et la dégradation de son habitat naturel le poussent à s'en prendre parfois au bétail. Aujourd'hui, il resterait moins de 1500 individus à l'état sauvage, ce qui en fait un des félins les plus menacés dans le monde.

Histoire et classification du léopard du Caucase

Un Léopard du Caucase couché dans une cabane

Le léopard du Caucase, ou panthère de Perse, est une des 9 sous-espèces de léopard répertoriées à l'heure actuelle, au même titre par exemple que la panthère de l'Amour. Il est présent au Moyen-Orient, et plus spécifiquement dans le Caucase, dont il tient d'ailleurs son nom. On l'appelle aussi léopard iranien, car c'est en Iran qu'il est le plus présent.

 

Comme tous les léopards, il appartient au genre Panthera, qui regroupe les grands félins capables de rugir, à l'instar du lion, du jaguar et de la panthère des neiges. Son nom scientifique est Panthera Pardus Saxicolor.

 

Il a été décrit scientifiquement pour la première fois en 1856 par Achille Valenciennes, un zoologiste français. À cette époque, le léopard du Caucase était considéré comme une espèce de chats sauvages : il était donc rangé dans le genre Felis, aux côtés du chat domestique, du Chat Forestier ou encore du chat des sables.

 

À partir du début du 20ème siècle, il fut plutôt placé dans le genre Panthera, comme les autres grands félins. Mais on en distinguait alors plusieurs sous-espèces, parmi lesquelles une en Turquie, une dans le nord du Caucase et une au Baluchistan. Finalement, à la suite d'analyses génétiques réalisées en 1996, les scientifiques ont conclu qu'il s'agissait d'un seul et même félin, le léopard du Caucase, malgré quelques différences morphologiques selon la zone géographique.

La morphologie de la panthère de Perse

Une Panthère Perse marchant dans l'herbe

La panthère de Perse se distingue des autres sous-espèces de léopard par sa grande taille. Elle mesure en effet entre un et deux mètres de long au total, et peut peser jusqu'à 65 kg à l'âge adulte. La queue est quasiment aussi longue que le reste du corps, pouvant atteindre un mètre de longueur. Le dimorphisme sexuel n'est pas particulièrement marqué chez ce félin : les femelles sont simplement un peu plus petites que les mâles.

 

Hormis cela, la panthère de Perse ressemble beaucoup aux autres sous-espèces de léopard. Elle a un corps plutôt trapu et musclé, porté par des pattes courtes. Son pelage typique est constitué de rosettes et de taches noires sur un fond jaune plus ou moins vif selon les régions. L'intérieur des pattes, le ventre et le dessous de la queue sont clairs, presque blancs.

L'habitat de la panthère de Perse

Une Panthère Perse couché de tout son long sur un rocher

La panthère de Perse vit dans les régions montagneuses et reculées de la partie orientale du Caucase. Elle était probablement présente par le passé dans l'ensemble du Caucase, mais aucun spécimen n'a été observé dans la partie occidentale lors du recensement effectué entre 2001 et 2005.

 

Comme elle ne résiste pas aussi bien au froid que sa cousine la panthère des neiges, elle évite les zones où la neige persiste pendant une grande partie de l'année et se cantonne à des altitudes inférieures à 3500 mètres. Elle évite également de s'approcher des zones urbanisées et préfère se réfugier dans des forêts, des prairies ou des zones rocheuses.

 

En 2008, les scientifiques ont estimé qu'il restait entre 870 et 1290 individus adultes dans la nature, répartis probablement comme suit :

  • entre 550 et 850 en Iran, principalement dans les chaînes de montagnes au nord du pays ;
  • entre 200 et 300 en Afghanistan, probablement concentrés dans les hauts plateaux au centre du pays ;
  • entre 80 et 90 au Turkménistan, essentiellement dans une réserve naturelle au sud-ouest du pays ;
  • une dizaine en Arménie et en Azerbaïdjan ;
  • moins de 5 en Turquie, en Georgie, dans le Haut-Karabagh et dans la partie nord du Caucase russe.

 

Mais la panthère de Perse est un animal discret, qui vit de surcroît loin des zones d'habitation, dans des zones reculées. Il est donc difficile pour les scientifiques de savoir précisément où se situent ses différentes populations. Les pièges photographiques permettent à l'occasion de l'apercevoir dans des régions dont on pensait qu'elle avait disparu (comme en Georgie), mais ils restent insuffisants pour suivre correctement ses effectifs et ses déplacements.

Le mode de vie du léopard du Caucase

Un Léopard du Caucase obnubilé par quelque chose

Le mode de vie du léopard du Caucase est encore très mal connu, car peu d'études ont été menées sur cette sous-espèce en particulier.

 

Comme les autres léopards, il s'agit d'un animal solitaire, qui parcourt son territoire à la recherche de nourriture. Le territoire d'un mâle peut attendre une superficie d'une centaine de km² et recouvre généralement celui de deux ou trois femelles. Le mâle va à leur rencontre uniquement pendant la saison des amours, pour se reproduire.

 

Par ailleurs, le léopard du Caucase est un animal plutôt nocturne. On a toutefois constaté que lorsqu'il partage son habitat avec d'autres grands prédateurs nocturnes, il peut adopter un mode de vie plus diurne.

L'alimentation du léopard du Caucase

Un Léopard du Caucase sautant par dessus un ruisseau

Le léopard du Caucase est un animal opportuniste, qui adapte son régime alimentaire aux proies qu'il trouve sur son territoire. Pour cette raison, on note des différences d'un pays à l'autre quant à son alimentation.

 

Par exemple, en Iran, en Arménie et au Turkménistan, il se nourrit principalement d'ongulés, tels que des chèvres sauvages, des sangliers, des mouflons, des chevreuils ou des gazelles à goitres (une espèce locale d'antilopes). Il lui arrive parfois aussi de s'en prendre au bétail et même aux chiens de protection de troupeau. Sa grande taille et son corps musclé lui permettent en effet de tuer des animaux imposants sans beaucoup de difficultés.

 

Dans les autres pays où il est présent, il se nourrit plutôt de petits mammifères, comme le porc-épic ou le lièvre brun.

 

Sa technique de chasse est la même dans tous les cas : il commence par repérer sa proie en se postant en hauteur, par exemple sur des rochers ou dans des arbres. Il s'en approche ensuite furtivement, et lui bondit dessus une fois qu'il est assez près.

La reproduction de la panthère de Perse

Une petite Panthère Perse couché au sol

La panthère de Perse semble pouvoir se reproduire toute l'année ; toutefois, on note une plus grande activité pendant les mois d'hiver.

 

Comme chez les autres félins, le mâle quitte son territoire pour rejoindre une femelle et s'accoupler. La gestation dure une centaine de jours, et la femelle met ensuite bas à une portée d'au plus 4 petits. Ces derniers restent avec leur mère pendant 12 à 18 mois ; après cette période, ils sont aptes à survivre sans elle et partent établir leur propre territoire. Ils atteignent leur maturité sexuelle à l'âge d'environ 3 ans.

 

L'espérance de vie moyenne de la panthère de Perse est de 15 ans, mais certains individus atteignent les 20 ans.

La panthère de Perse, un félin très menacé

La panthère de Perse, un félin très menacé

La panthère de Perse est, comme la plupart des grands félins, un superprédateur : cela signifie qu'une fois adulte, elle n'est la proie d'aucun autre animal. De fait, la plus grande menace qui pèse sur elle est en fait l'activité humaine.

 

En effet, elle est victime de la fragmentation de son habitat et de la raréfaction de ses proies naturelles, elles-mêmes chassées par l'Homme pour leur fourrure ou l'alimentation. Ainsi, depuis le début du 21ème siècle, les effectifs d'ongulés sauvages (chèvres, moutons, chamois, etc.) ont grandement chuté dans le Caucase, ce qui pousse de plus en plus le félin à s'en prendre au bétail et même aux chiens chargés de le surveiller.

 

Elle est aussi victime du braconnage, que ce soit de la part d'éleveurs pour protéger leurs troupeaux, ou de la part de trafiquants d'animaux qui cherchent à faire de bonnes affaires en vendant illégalement sa peau et ses os au marché noir. Une étude intitulée « The illegal use of snares and gin traps threatens endangered leopards in Iran », publiée en 2018 dans la revue Cat News, concluait ainsi que sur 71 spécimens retrouvés morts en Iran entre 2007 et 2011, 70% des décès avaient été causés par des tirs ou des empoisonnements intentionnels.

 

Par ailleurs, elle peut aussi être tuée par l'Homme de manière accidentelle. La même étude précisait par exemple que les collisions avec un véhicule représentaient 18% des décès ; il s'agissait ainsi de la deuxième cause de mortalité. Entre 2012 et 2017, toujours selon cette même étude, 7 léopards du Caucase ont été tués ou gravement blessés par des pièges destinés à d'autres mammifères, tels que le sanglier, le chacal ou le Chat Chaus, une espèce de chats sauvages de la taille de nos matous domestiques.

Un Panthère du Caucase se grattant le museau

 

Enfin, au moins deux individus ont été tués par des mines antipersonnel. Ces mines datent de la première guerre Iran-Irak (1980-1988) : elles avaient alors été posées à la frontière entre les deux pays pour empêcher les Irakiens de pénétrer en Iran. Désormais, elles ont surtout un effet dissuasif envers les braconniers et les industriels, qui peuvent difficilement entrer dans cette partie du territoire des léopards, mais elles représentent malheureusement un danger pour ces derniers aussi.

 

En raison de ces différentes menaces et de la réduction drastique de ses effectifs, la panthère de Perse est considérée par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme une espèce en danger. Quelques projets locaux ont été mis en place pour mieux comprendre ce félin, aménager des aires protégées et sensibiliser le public. En parallèle, un programme de réintroduction dans la nature a été créé en 2009 par le parc national de Sotchi (Russie), et un programme européen d'élevage en captivité a été lancé en 2011 par un zoo de Lisbonne (Portugal).

 

Toutefois, le braconnage et la dégradation de son milieu naturel persistent, si bien que les scientifiques ont peu d'espoir qu'à terme la panthère de Perse parvienne à se maintenir en dehors de l'Iran, malgré les efforts réalisés et les réintroductions d'individus nés en captivité.

Vidéo documentaire sur le léopard du Caucase

Par Aurélia A. - Dernière modification : 12/07/2020.