Quand on parle d’opération de convenance pour un chat, de nombreux maîtres réduisent cela à la stérilisation d’un chat. Pourtant, ce terme englobe divers autres types d’interventions, comme la coupe des oreilles ou encore le retrait des griffes.
Si une opération de convenance peut être motivée pour le propriétaire par des aspects pratiques, est-elle pour autant bénéfique à l’animal ?
Par ailleurs, certains maîtres vont encore plus loin, en faisant subir à leur compagnon des opérations de chirurgie esthétique, comme ils le feraient pour eux-mêmes. Si elles sont interdites en Europe, ces pratiques jouissent en revanche d’une certaine popularité dans divers pays. Mais le chat y trouve-t-il son compte ?
Chez le chat, les opérations dites « de convenance » recouvrent en particulier la coupe des oreilles (otectomie), la section des cordes vocales, l'ablation des griffes et le retrait des dents. Toutefois, le terme est aussi employé concernant la stérilisation. En effet, toutes ces opérations vont à l’encontre de la nature même de l’animal, car elles modifient son apparence ou certaines de ses fonctions naturelles.
En France, une note du Bureau de la protection animale du ministère de l’Agriculture en date du 10 juillet 2012 rappelle que les interventions chirurgicales sur des animaux de compagnie à des fins non curatives sont interdites depuis août 2008 (Décret n° 2008-871 du 28 août 2008 relatif à la protection des animaux de compagnie et modifiant le code rural), à l’exception de la caudectomie (coupe de la queue).
L'interdiction des interventions chirurgicales à des fins non curatives sur des animaux de compagnie figure à l'article 10 de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie. Cette convention internationale fut signée par les états membres du Conseil de l'Europe en 1987 et vise à améliorer la protection des animaux de compagnie. A ce jour, 18 Etats l’ont ratifiée, dont la France, la Suisse et la Belgique.
En Europe, les opérations de convenance sont donc assez réglementées. En dehors, dans les pays où elles sont permises, c’est l’ablation des griffes qui est l’intervention la plus courante. Elle est notamment fréquemment pratiquée aux Etats-Unis et au Canada, même si certaines associations, comme l'Académie de médecine vétérinaire du Québec, mettent en garde les propriétaires et professionnels contre cette opération. L’ablation des cordes vocales du chat est quant à elle une opération très controversée, et même si elle reste autorisée dans de nombreux états aux Etats-Unis ainsi qu’au Québec, les vétérinaires ne la proposent qu’en dernier recours et après avoir essayé plusieurs autres solutions pour que le chat miaule moins : consultation d’un comportementaliste animalier, phéromones pour apaiser le chat, etc.
Les pays asiatiques sont les plus permissifs concernant les opérations de convenance ou de chirurgie esthétique sur des chats, puisqu’ils n’ont généralement aucun texte de loi sur le sujet, ce qui ne manque pas d’engendrer certaines dérives.
Il peut exister des raisons médicales justifiant d’effectuer une opération qui, hors de ce contexte, relève de la simple convenance, et d'ailleurs la loi française de 2008 le prévoit. Elle stipule en effet que si « un vétérinaire considère une intervention non curative nécessaire, soit pour des raisons de médecine vétérinaire, soit dans l'intérêt d'un animal particulier, il pourra alors pratiquer une opération habituellement dite de convenance ». Par exemple, une coupe d’oreille peut être rendue nécessaire par un cancer, tandis qu’un retrait de dents peut être justifié par une infection ou un abcès.
Ainsi, les interventions chirurgicales réalisées par un vétérinaire dans un but thérapeutique restent autorisées ; on entre alors dans le cadre d'une opération qui n'est plus dite de convenance. D’ailleurs, cette dernière peut tout à fait être prise en charge par l'assurance santé animale du chat, si tant est que le maître ait effectivement pris soin en amont de souscrire une assurance santé, afin de bénéficier du remboursement des frais vétérinaires.
Bien que souvent prise en charge par les assurances santé animales, la stérilisation est considérée comme une opération de convenance. En effet, les fonctions reproductives de l’animal sont alors modifiées par le vétérinaire, de sorte qu’il ne puisse plus se reproduire.
Certains propriétaires de chats pensent qu’il est préférable de laisser à leur chat mâle la possibilité de se reproduire, ou que leur chat femelle doit avoir au moins une portée de chatons pour vivre une existence accomplie. Cependant, ce choix n’apporte rien de plus quant à la bonne santé de l’animal ; ce serait même plutôt le contraire.
Il a en effet été prouvé par de nombreuses études (comme celle publiée en 2014 par la chercheuse Margaret V. Root Kustritz, de l’Université du Minnesota, intitulée « Pros, cons, and techniques of pediatric neutering ») que le fait de faire stériliser son chat (mâle ou femelle) a des conséquences bénéfiques sur sa santé – en plus de limiter le nombre de portées non désirées.
Ainsi :
Si l’on exclut la stérilisation, les opérations de convenance ont bien souvent des conséquences néfastes pour l’animal.
L’ablation des griffes présente un risque de complications post-opératoires telles que des hémorragies, des infections, des boiteries, voire des nécroses ou une repousse anormale des griffes du chat.
En outre, après l'opération, le chat doit apprendre à marcher sur ses moignons, ce qui n’est pas sa posture naturelle et entraîne une plus grande tension sur les tendons, les muscles et les ligaments. Il perd de sa stabilité et de son agilité, si bien que son légendaire statut de grimpeur est mis à mal. De plus, des douleurs fantômes ainsi que des névralgies chroniques peuvent également se développer.
L’ablation a aussi des conséquences comportementales : étant privé de son principal moyen de défense, le chat peut devenir anxieux et perturbé. Ce stress peut engendrer une malpropreté ou de l’agressivité. Il arrive même que certains chats dégriffés refusent d’utiliser leur bac à litière.
Les griffades intempestives sur les rideaux, les meubles ou les murs sont souvent la motivation poussant un maître à faire retirer les griffes de son chat. Mais ce type d’opération est d’autant plus controversé qu’il est possible de mettre fin au problème sans pour autant recourir à une solution aussi extrême. Parfois, investir simplement dans un griffoir et l’habituer très tôt à s’en servir suffit à éviter tout problème par la suite. Il est également possible de protéger les éléments du mobilier susceptibles d'être abîmés. Si le maître trouve cela inesthétique, d’autres solutions existent, à commencer par l’usage de répulsifs pour chat (agrumes, huiles essentielles, produits spécifiques disponibles dans le commerce...) ou celui de protège-griffes pour chat. En dernier lieu, le recours à un comportementaliste félin peut aider à résoudre de nombreux problèmes de comportements – ou de comportements perçus comme tels par son maître.
Les miaulements permettent au chat de communiquer avec les humains, mais aussi avec ses congénères et avec d’autres animaux. Il peut exprimer ainsi un manque, de la peur, de la joie ou encore une angoisse.
Cependant, certains propriétaires estiment que leur matou est un peu trop bavard et envisagent alors une opération des cordes vocales, qui promet de diminuer d’au moins 50% les décibels de ses miaulements.
Appelée aussi ventriculocordectomie ou dévocalisation, cette opération n’est pas sans risques, puisqu’elle peut entraîner des infections multiples, une paralysie laryngée ou encore une sténose des voies respiratoires lorsque le tissu excédentaire cicatriciel s'accumule dans la gorge du chat, rendant la respiration difficile. En outre, elle revient souvent à déplacer le problème sans le régler : par exemple, un chat qui miaule en l’absence de son maître pour exprimer son mal-être sera conduit à l’exprimer d’une autre manière, par exemple en détruisant le mobilier ou à travers des comportements compulsifs (par exemple un léchage excessif).
La coupe des oreilles (otectomie) et le retrait des dents sont des opérations de convenance qui ne concernent pas vraiment les chats, mais plutôt les chiens. Elles sont principalement pratiquées pour des raisons esthétiques liées aux critères de la race.
Les conséquences sont elles aussi néfastes, non seulement car elles engendrent une douleur inutile pour l’animal, mais aussi parce qu’elles présentent un risque d’infections post-opératoires.
En Europe, grâce à la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, qui interdit toute altération d’un animal à des fins esthétiques et non thérapeutiques, la chirurgie esthétique pour chat est interdite. Toutefois, elle demeure une réalité sous d'autres latitudes.
Par exemple, dans des pays comme le Japon ou la Chine, certaines cliniques vétérinaires proposent des opérations des paupières, des liposuccions ou encore des liftings pour animaux.
Par ailleurs, il existe aux Etats-Unis un marché des prothèses testiculaires pour animaux. Si certaines prothèses pour chat ont une réelle utilité et procurent à l’animal un indéniable gain de bien-être, il n’a en revanche jamais été démontré que de telles prothèses de testicules aient une quelconque efficacité pour améliorer la condition de l'animal. Néanmoins, des propriétaires continuent de penser que cette opération a de nombreux bienfaits - même si cela sent fortement l’anthropomorphisme – et font les beaux jours de sociétés spécialisées. C’est ainsi que Gregg Miller, un inventeur américain, a créé en 1993 la société Neuticles, spécialisée dans la pose de testicules en silicone sur les animaux. L’entreprise revendique avoir vendu plus de 500.000 paires de prothèses testiculaires dans une cinquantaine de pays à travers le monde.
La stérilisation est la seule opération de convenance qui s’avère réellement bénéfique pour le chat, en permettant de le prémunir de divers risques, et de lui offrir une vie plus longue et en meilleure santé.
Contraires au bien-être de l’animal et allant à l’encontre de son instinct, les autres opérations de convenance sont interdites dans de nombreux pays. Aux quatre coins du monde, des associations de défense des animaux se battent au quotidien pour faire abolir ces pratiques là où elles existent encore, afin que des animaux ne souffrent pas inutilement pour de simples raisons esthétiques ou pratiques.