De manière générale, les chats sont beaucoup moins sujets aux maladies cardiovasculaires que les chiens. Lorsqu'ils en sont malgré tout atteints, c'est le plus souvent le muscle cardiaque lui-même qui dysfonctionne. C'est ce qui se produit notamment en cas de cardiomyopathie hypertrophique (CMH).
Quels sont les symptômes de ce problème cardiaque ? Existe-t-il des races prédisposées ? Quels traitements peuvent être mis en place ?
La cardiomyopathie hypertrophique (CMH), aussi appelée hypertrophic cardiomiopathy (HCM) en anglais, est un syndrome cardiaque caractérisé par une augmentation plus ou moins importante du volume global du muscle cardiaque (d'où le nom d'hypertrophie). Cet état entraîne une perturbation de la structure normale du coeur, ainsi qu'une modification de sa capacité à se contracter et à se relâcher.
Cette affection est présente chez différentes espèces, dont l'humain et le chat. Chez ce dernier, il s'agit d'ailleurs de la cardiomyopathie la plus fréquente. Elle est en revanche rarissime chez la gent canine, qui est elle plutôt touchée par la cardiomyopathie dilatée.
La cardiomyopathie hypertrophique est causée par un épaississement anormal d'un ou de plusieurs tissus du muscle cardiaque, dans des proportions variables. Cet épaississement peut avoir pour origine soit une anomalie génétique, soit une maladie sous-jacente. Dans ce dernier cas, on parle alors de cardiomyopathie hypertrophique secondaire.
La cardiomyopathie hypertrophique peut être d'origine génétique. En effet, certaines mutations génétiques conduisent à une moins bonne efficacité de certaines protéines intervenant dans la contraction du muscle cardiaque. Pour compenser cette baisse d'efficacité, l'organisme produit davantage de protéines : ceci entraîne un épaississement des parois internes du coeur, et une CMH à plus ou moins long terme.
L'anomalie génétique impliquée est probablement présente au sein d'un grand nombre de races, mais n'a à ce jour été mise en évidence que chez quelques-unes d'entre elles, notamment le Maine Coon et le Ragdoll.
Cette anomalie génétique est héréditaire. La transmission semble se faire selon un mode autosomal dominant et être à pénétrance complète : cela signifie qu'il suffit qu'un seul des parents soit porteur d'une des mutations concernées et la transmette à un petit pour que celui-ci développe forcément une CMH à un moment ou un autre de sa vie. Ces conclusions ont toutefois été obtenues à partir des quelques races pour lesquelles la mutation a été identifiée : il n'est pas impossible que chez d'autres, la transmission se fasse selon des modalités différentes.
La cardiomyopathie hypertrophique peut avoir une origine autre que génétique : elle peut en effet être la conséquence d'une ou de plusieurs autres maladies ou problèmes de santé qui dégradent le coeur et perturbent son fonctionnement. On parle alors de cardiomyopathie hypertrophique secondaire. Il s'agirait du cas de figure le plus fréquent au sein de la gent féline.
Parmi les maladies susceptibles de causer une CMH secondaire, on peut citer :
La cardiomyopathie hypertrophique peut techniquement toucher tous les chats, qu'ils soient de race ou non. Elle a d'ailleurs été décrite chez un grand nombre de races différentes, ainsi que chez le chat de gouttière.
Il existe toutefois des races prédisposées, chez lesquelles l'anomalie est davantage présente. C'est le cas notamment du Birman, du Devon Rex, de l'Himalayen, du Maine Coon, du Persan, du Ragdoll et du Sphynx.
Tous ces chats ne sont cependant pas prédisposés à la même forme de CMH. Certains comme le Ragdoll ou le Maine Coon sont en effet surtout sujets à la CMH d'origine génétique. Pour d'autres en revanche, il s'agit d'une prédisposition à la CMH secondaire : ils ont une probabilité plus grande que leurs semblables de développer certaines maladies elles-mêmes susceptibles de conduire à une hypertrophie cardiaque.
La cardiomyopathie hypertrophique n'est pas toujours facile à repérer : en effet, les symptômes peuvent apparaître très tard et rester légers.
Les symptômes de la cardiomyopathie hypertrophique apparaissent à des âges assez variables, en fonction de la cause qui en est à l'origine et de la gravité de l'atteinte :
Quel que soit l'âge auquel ils apparaissent, les symptômes classiques de la CMH sont un souffle au coeur, une fréquence cardiaque élevée, une fatigue anormale, un essoufflement à l'effort et/ou une respiration rapide. On observe aussi parfois des vomissements et/ou une perte d'appétit.
Toutefois, ces symptômes ne sont pas toujours perceptibles chez des chats atteints d'hypertrophie cardiaque, a fortiori si les seuls qui sont présents sont la fatigue et l'essoufflement à l'effort.
Dans les cas sévères, il n'est pas rare que l'hypertrophie du coeur s'accompagne de symptômes graves, liés à la difficulté qu'il a de fonctionner correctement.
On peut citer entre autres :
Ces complications peuvent apparaître même si aucun symptôme classique n'est présent, et même si aucune anomalie cardiaque n'est visible à l'auscultation. La CMH pourrait ainsi expliquer un certain nombre de morts subites observées chez les représentants de la gent féline.
Le diagnostic de la cardiomyopathie hypertrophique est réalisé par un vétérinaire. Il repose sur une auscultation ainsi que des examens plus spécifiques tels qu'une échocardiographie, une électrocardiographie et/ou une radiographie du thorax.
L'objectif est à la fois de :
Il faut toutefois savoir que ces examens ne suffisent pas toujours pour diagnostiquer la CMH, car un chat peut avoir un coeur hypertrophié sans que cela ne soit visible à l'auscultation ni même sur les radiographies. Toutefois, en l'absence de méthode plus efficace, ce sont celles qui restent pratiquées de nos jours.
Dans le cas où le chat appartient à une race prédisposée à la CMH et pour laquelle un test de dépistage existe, il peut être intéressant de le réaliser, si cela n'a pas déjà été fait. Le test ne permet pas de savoir si l'animal est malade ou non ; en revanche, il donne une information intéressante sur la probabilité qu'il développe un jour une CMH, et aide donc considérablement au diagnostic.
Pour les maladies causées par une anomalie génétique, il est parfois possible de mettre en place un test de dépistage. C'est le cas en l'occurrence de la CMH d'origine génétique, pour laquelle un test existe.
Le test de dépistage de la CMH d'origine génétique permet de savoir si un chat est porteur ou non de l'anomalie correspondante.
Il est utile pour deux raisons :
À ce jour, ce test n'existe que pour quelques races chez qui la mutation responsable de la CMH a été mise en évidence, en particulier le Maine Coon et le Ragdoll.
Il peut être réalisé à partir d'un prélèvement salivaire ou d'une prise de sang. Le prix du test pour la CMH du chat se situe globalement entre 30 et 50 euros. Les résultats sont disponibles en quelques jours, et indiquent si l'animal est porteur ou non de l'anomalie génétique testée. En revanche, ils ne permettent pas de savoir s'il a ou non déjà commencé à développer une CMH, et ne remplacent donc pas les examens de diagnostic.
En génétique, les résultats sont toujours exprimés de la façon suivante :
Dans le cas de la cardiomyopathie hypertrophique, un chat +/- ou -/- est porteur de l'anomalie génétique : il doit donc être écarté de la reproduction, pour ne pas la transmettre à sa descendance. En outre, il développera un jour la maladie, pour peu bien sûr qu'il vive suffisamment longtemps pour cela. Le test ne permet toutefois pas de savoir quand ni avec quelle sévérité, même s'il est admis que les chats homozygotes mutés sont généralement malades plus tôt et plus gravement que les hétérozygotes.
Le test de la cardiomyopathie hypertrophique féline a deux inconvénients majeurs :
En résumé, le test de dépistage permet de déceler ou au contraire d'éliminer une des deux causes de CMH (la cause génétique), mais pas l'autre. Il ne faut donc pas le voir comme un diagnostic, mais plutôt comme une information sur la probabilité d'apparition de la maladie.
À ce jour, il n'existe pas de traitement de la CMH chez le chat : un petit félin avec un coeur hypertrophié le garde jusqu'à la fin de sa vie, sans toutefois qu'il y ait forcément d'évolution vers des symptômes graves ni même une aggravation de son état.
Certains traitements peuvent tout de même être tentés pour limiter le risque de complications, dans le cas où des symptômes sévères sont présents ou susceptibles d'apparaître dans un futur proche. Par exemple, la prise d'anticoagulants évite ou réduit la formation de caillots et donc de thrombose, et une oxygénothérapie aide l'animal à mieux respirer s'il souffre de difficultés respiratoires.
Ces soins sont susceptibles d'être onéreux, en particulier s'ils nécessitent une hospitalisation et/ou doivent être mis en place sur le long terme. Une assurance pour chat telle que celle que proposent Solly Azar et d'autres acteurs peut permettre de réduire au moins une partie de ces coûts, si la souscription se fait avant l'apparition des symptômes. Il faut toutefois savoir que la plupart des assurances pour animaux ne prennent en charge ni les dépenses liés à des maladies génétiques, ni les soins au-delà d'un certain âge. Si on souhaite faire assurer son animal pour la CMH, mieux vaut donc prendre le temps de bien lire les éventuelles clauses d'exclusion du contrat.
Il est possible dans certains cas de prévenir la cardiomyopathie hypertrophique secondaire, en agissant sur les causes sous-jacentes. Par exemple, l'hypertension et l'hyperthyroïdie peuvent être atténuées grâce à certains médicaments, ce qui limite alors le risque qu'elles engendrent à terme une hypertrophie du coeur.
En revanche, dès lors qu'un chat est porteur de l'anomalie problématique, il n'existe pas de traitement pour prévenir la cardiomyopathie hypertrophique d'origine génétique : il développera forcément une hypertrophie cardiaque un jour, même si celle-ci peut rester légère. La seule chose à faire est de mettre en place un suivi régulier, afin de vite détecter les premiers signes cliniques.
Au final, la meilleure méthode de prévention consiste à :
La cardiomyopathie hypertrophique est une maladie incurable et potentiellement grave, que l'on peut rencontrer chez n'importe quel chat. Certaines races y sont toutefois génétiquement prédisposées : lorsque des tests de dépistage existent, ils permettent d'éviter de faire se reproduire des individus à risque, et ainsi de réduire la prévalence de cette affection. Ils ne peuvent pour autant la faire disparaître, car la CMH n'a pas que des causes génétiques : elle peut aussi être simplement la conséquence d'une autre maladie.
Néanmoins, lorsqu'on souhaite adopter un chat appartenant à une race pour laquelle un test de dépistage existe, il est vivement recommandé de demander à l'éleveur les résultats dudit test, que celui-ci ait été effectué sur l'animal ou sur ses parents. Cela permet en effet de s'assurer qu'il n'est pas porteur de l'anomalie en cause dans la CMH d'origine génétique. Si l'éleveur ne les fournit pas lui-même ou n'est pas en mesure de les présenter quand on les lui demande (soit qu'il refuse, soit qu'il n'a pas fait effectuer le test), c'est vraisemblablement qu'il n'est pas sérieux. Mieux vaut alors se tourner vers quelqu'un d'autre, pour éviter d'adopter un chat destiné à développer un jour une CMH ayant une cause génétique.