Beaucoup de chats passent leurs matinées et leurs après-midis enfermés dans un appartement à attendre leur maître… Songeant combien ces journées seul à la maison doivent être monotones pour son compagnon, qui n’a jamais rêvé de l’emmener avec soi au travail ?
Aux États-Unis, on a commencé à voir apparaître des chiens et des chats dans certaines entreprises, et cette tendance se développe également dans d’autres endroits du monde.
Dans quelles conditions peut-on emmener son chat à son travail ? Quels sont les avantages et inconvénients ? Qui est légalement responsable en cas de problème ? Comment faire en sorte que tout se passe au mieux ?
Aux États-Unis, l’association Pet Sitters International (PSI) a lancé en 1999 la journée « Take your dog to work » (ou « TYDTW Day »). Cette initiative a contribué à rendre l’idée d’amener son chien au travail de plus en plus courante.
Certains ont eu l’idée de faire de même avec d’autres animaux de compagnie, à commencer par les chats. Des représentants de la gent féline ont ainsi commencé à faire eux aussi leur apparition dans les entreprises. En 2020, PSI a d’ailleurs décidé de lancer la première journée "Take your cat to work" (ou « TYCTW Day »), célébrée tous les lundis suivant la fête des pères, c’est-à-dire autour du 25 juin. Comme pour les chiens, cette journée a pour objectif de faire découvrir les bénéfices que procure la présence de ces animaux sur les lieux de travail et de promouvoir les adoptions.
En France, des trophées « Pet friendly à la française » récompensent depuis 2018 des entreprises « pet friendly », c’est-à-dire qui accueillent les animaux de leurs salariés et aménagent l'espace de travail en conséquence.
Il est intéressant de constater que les sociétés pionnières appartiennent principalement au secteur animalier : assurances, accessoires, alimentation, etc. De fait, au-delà du fait que les personnes travaillant dans de telles entreprises apprécient généralement les animaux et sont ravis d’en avoir à leurs côtés – y compris dans un cadre professionnel -, les compagnons des salariés de PetPlan, Purina et autres Animalis sont autant de « cobayes » de premier choix pour tester de nouveaux produits.
Cela dit, que ce soit en France, en Belgique, au Canada ou en Suisse, les entreprises qui accueillent volontiers des chats dans leurs locaux ne se cantonnent pas au domaine animalier. Des acteurs d’autres secteurs ont en effet su constater les nombreux avantages d’une telle pratique.
Tous les propriétaires de chats - et plus largement tous les amoureux de la gent féline - savent combien la présence d’un petit félin à leurs côtés est bénéfique. Des études scientifiques ont d’ailleurs montré qu’elle améliore notamment le moral des personnes déprimées ou souffrant de solitude. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la ronronthérapie est employée par exemple dans les hôpitaux ou les maisons de retraite.
Dans les entreprises, la présence de chats apporte également beaucoup, ainsi que l’ont montré différents travaux de recherche. C’est le cas entre autres de ceux menés dès 2001 par des chercheurs américains de la Eastern Kentucky University, qui ont publié leurs résultats au sein d’un article intitulé « Critters in the cube farm: perceived psychological and organizational effects of pets in the workplace », paru dans le Journal of Occupational Health Psychology.
Les propriétaires de chiens qui emmènent leur animal au travail ont globalement un niveau de stress inférieur à ceux qui n’ont pas de chien ou qui le laissent à leur domicile. Cela a notamment été mesuré par des chercheurs de la Virginia Commonwealth University de Richmond (Virginie, Etats-Unis) dans une étude intitulée « Preliminary investigation of employee's dog presence on stress and organizational perceptions », publiée en 2012 dans le International Journal of Workplace Health Management.
Il est fort probable qu’il en aille de même avec les chats. En effet, la présence de leur boule de poils à leur côté diminue leur niveau de stress tout au long de la journée, et leur procure un sentiment de bien-être.
C’est d’autant plus vrai qu’emmener son chat au travail épargne au propriétaire l’angoisse de laisser son animal seul à la maison toute la journée, avec tous les risques que cela implique : fugue, intoxication, électrocution, noyade…
Étant davantage apaisé et serein, l’employé n’en est que plus motivé et performant dans son travail.
Lorsqu’un chat est admis dans les locaux d’une entreprise, non seulement cela a un impact positif pour son maître, mais il en va souvent de même pour ses collègues, en particulier ceux qui partagent son bureau.
En effet, chacun y va de son commentaire en observant l’animal jouer ou dormir paisiblement. Les salariés ne tardent généralement pas à s’attacher à la boule de poils et s’amusent ensemble de ses moindres faits et gestes, ce qui rend l’ambiance plus chaleureuse et détendue. Le nouveau venu parvient même parfois à apaiser des relations jusqu’alors tendues entre certains collègues.
D’ailleurs, dans l’étude « Critters in the cube farm: perceived psychological and organizational effects of pets in the workplace », les chercheurs ont demandé à 97 propriétaires de chats et 110 de chiens emmenant leur compagnon sur leur lieu de travail les avantages qu’ils avaient perçu à la présence de ce dernier dans leur entreprise. À les écouter, les bénéfices en termes d’ambiance de travail sont réels, encore plus prononcés d’ailleurs pour les chats que pour les chiens. En effet, 29% des propriétaires de chats ont estimé que leur animal a réduit le stress dans l’entreprise (21% pour les propriétaires de chiens), 21% qu’il a rendu l’atmosphère plus conviviale (18% pour les canidés) et 19% qu’il a représenté une diversion positive (9% pour les chiens). Il est probable qu’on aurait obtenu des résultats différents (et peut-être inférieurs) en les interrogeant non pas eux, mais leurs collègues qui ont donc fait connaissance de leur animal, mais ces données sont néanmoins éclairantes quant aux bienfaits que la présence d’un chien ou d’un chat procure aux autres employés.
En plus d’apporter des bénéfices aux salariés, la présence d’un chat a également des avantages pour l’entreprise elle-même.
En premier lieu, étant donné que de telles pratiques sont encore davantage l’exception que la norme, elles lui permettent de se distinguer et d’être davantage attractive. C’est particulièrement le cas auprès des jeunes générations : même les millenials qui ne sont pas eux-mêmes propriétaires de chats sont une majorité à apprécier leur présence sur lieu de travail. D’une certaine manière, partager son bureau avec une petite boule de poils (qu’il s’agisse d’ailleurs d’un chat ou d’un chien) s’avère encore plus innovant et sympathique que disposer d’un espace de détente avec des canapés, un billard ou encore un babyfoot. Du moins, c’est généralement perçu comme un atout supplémentaire.
Beaucoup de startups et d’entreprises de technologie l’ont bien compris. Si le géant Google n’accepte que des chiens dans ses bureaux et refuse les chats, d’autres sociétés comme Etsy, Hubspot ou Activision Blizzard font le choix d’accueillir tous les animaux. Certaines n’hésitent d’ailleurs pas à mettre en avant des photos de leurs employés accompagnés de leurs chats sur leurs outils de communication et de recrutement : réseaux sociaux, sites internet, etc. Au Japon, la Ferray Corporation s’est même fait connaître en recrutant 9 chats que ses salariés côtoient au quotidien, tout en proposant également à ces derniers d’amener le leur et de recevoir une indemnité mensuelle pour cela !
Les travaux de recherche menés sur la présence d’animaux en entreprise ont montré notamment un turn-over moindre. En effet, les employés qui se voient ainsi offrir l’opportunité de partager leur bureau avec un chat (surtout quand il s’agit du leur) finissent par en prendre l’habitude et ne souhaitent pas forcément renoncer à ce privilège en partant dans une autre société où cela n’est pas possible.
D’après ces études, les collaborateurs se montrent également plus motivés et détendus, acceptent plus facilement les heures supplémentaires et sont moins souvent absents.
Enfin, la présence d’animaux facilite la création de liens au sein des équipes, et permet donc une plus grande cohésion de ces dernières. Les gens sont dans de meilleures dispositions les uns envers les autres, ce qui facilite la collaboration et l’avancée des projets.
Cela dit, il est important de différencier corrélation et causalité, et donc de nuancer ces résultats. En effet, les entreprises « pet friendlly » sont généralement aussi celles qui sont de manière générale plus soucieuses des conditions de travail de leurs salariés. Elles offrent souvent divers autres avantages pour améliorer leur bien-être, qui eux aussi peuvent avoir des répercussions plus ou moins prononcées sur leurs performances. La présence des chats dans leurs bureaux est donc vraisemblablement très bénéfique, mais elle n’est sûrement pas la seule explication des résultats observés.
Beaucoup de chats n’apprécient pas forcément de rester seuls toute la journée, en particulier s’ils vivent cantonnés en appartement, n’ont pas accès à l’extérieur et ne partagent pas leur foyer avec un autre animal. En effet, tout indépendant qu’il soit, un chat apprécie quand même d’être entouré de ses proches, voire pour certains de les suivre partout et/ou de se trouver au centre de l’attention.
Un chat qui s’ennuie durant ces longues heures de solitude ou parce qu’il se sent délaissé par son propriétaire risque fort de développer différents troubles du comportement : miaulements intempestifs, destructions, malpropreté… C’est particulièrement vrai pour les races de chat qui supportent mal la solitude, comme l’Ocicat, le Manx ou l’American Curl. Le fait de pouvoir emmener son compagnon sur son lieu de travail est une manière efficace de régler ce problème.
Bien sûr, l’intéressé a d’autant plus de chances d’apprécier cette initiative qu’il aime explorer de nouveaux environnements et rencontrer de nouvelles personnes et animaux de compagnie. C’est généralement le cas par exemple du Sibérien, de l’Himalayen ou du Munchkin.
Emmener son chat au travail n’est pas sans avantages, mais présente également des inconvénients et des risques.
Un chat dans un lieu de travail peut être à l’origine de diverses distractions, et ce faisant gêner les différentes personnes présentes.
Les propriétaires en sont d’ailleurs bien conscients : dans l’étude des chercheurs de la Eastern Kentucky University, 25% des propriétaires de chats ont souligné le fait que les miaulements de leur animal pouvaient incommoder leurs collègues (contre 19% des propriétaires de chiens pour les aboiements).
Il n’y a toutefois pas que les miaulements qui peuvent être problématiques : le chat peut aussi perturber le travail des employés s’il marche sur le téléphone et coupe un appel, s’il éteint l’ordinateur en appuyant sur l’interrupteur, s’il s’étale sur le clavier d’ordinateur ou s’endort sur une pile de dossiers importants...
Plus simplement, même s’il ne fait pas de bêtise, sa simple présence peut perturber une personne qui est pleinement concentrée dans une tâche nécessitant rigueur et/ou précision – a fortiori par exemple s’il vient se frotter contre elle.
Par ailleurs, lorsque le propriétaire quitte la pièce, même pour un court instant, ce sont ses collègues qui doivent garder un œil sur l’animal pour veiller à ce qu’il ne fasse pas de bêtise, et sont donc là aussi dérangés dans leur travail.
Un chat est beaucoup plus mobile qu’un chien, et apprécie généralement d’être en hauteur. Lors de ses déplacements sur les bureaux et autres étagères, ainsi que de ses sauts d’un meuble à l’autre, il a donc tôt fait d’occasionner des dégradations et dégâts matériels. Il peut par exemple renverser des liquides, faire tomber une plante, du matériel informatique ou tout autre équipement de valeur.
En outre, contrairement à un chien, un chat a besoin de faire régulièrement ses griffes. Le mobilier du bureau pourrait en être victime…
Enfin, il existe aussi un risque de dégâts indirects si l’animal surprend une personne qui ne s’y attendait pas. Cette dernière peut par exemple renverser son café sur son ordinateur, ou provoquer d’autres petites catastrophes.
D’autres types d’inconfort peuvent également se présenter, notamment en matière d’hygiène.
D’ailleurs, l’étude des chercheurs de la Eastern Kentucky University souligne que 32% des propriétaires de petits félins ont signalé que la malpropreté pouvait être un problème lorsqu’ils amènent leur compagnon au bureau (contre 9% pour les chiens). Le risque est d’autant plus important que les chats ont tendance à marquer leur territoire en urinant.
32% des propriétaires de chats (et seulement 9% pour les propriétaires de chiens) considèrent également le fait que l’animal perde ses poils comme une source potentielle de dérangement pour les autres salariés de l’entreprise, notamment pour des questions d’hygiène.
Plus grave, l’animal peut transmettre des parasites (puces, tiques, poux, vers internes…) ainsi que des zoonoses (maladies du chat transmissibles à l’Homme), comme la salmonellose ou la leptospirose.
Les risques de griffures ou de morsures causées par un chat présent sur le lieu de travail sont loin d’être négligeables. C’est évidemment d’autant plus le cas lorsque la situation s’avère stressante pour lui, par exemple s’il y a beaucoup d’employés et/ou de va-et-vient autour de lui, s’il n’est pas habitué à être loin de son lieu de vie habituel, ou encore s’il n’aime pas être au centre de l’attention et/ou manipulé par des inconnus.
Le problème vient notamment du fait que, contrairement en principe au maître, les collègues ne connaissent pas forcément le langage corporel des chats. Par conséquent, ils ne sont pas en mesure d’identifier les gestes qui montrent que l’animal est irrité, par exemple lorsqu’il fouette l’air par de grands mouvements rapides de sa queue. Il y a donc de grandes chances qu’ils continuent à interagir avec lui comme si de rien n’était. Or, dès lors que les signaux d’avertissement qu’il émet ne sont pas pris en compte, l'animal risque de passer à l’étape suivante, qui consiste à mordre ou griffer son « agresseur ».
Il faut d’ailleurs garder à l’esprit que, contrairement à celles des chiens, les morsures de chats sont souvent perçues comme mineures. En réalité, elles peuvent être assez profondes, car les dents pointues du petit félin peuvent endommager des tendons, des muscles, des articulations ou encore des nerfs.
Emmener son chat à son travail peut s’avérer problématique s’il y a parmi les collègues des personnes souffrant d’allergie aux chats.
La probabilité que ce soit le cas est loin d’être négligeable, car elles sont nombreuses. Par exemple, en France, différentes études estiment que 2,5 à 3% de la population présente une allergie aux animaux domestiques. Parmi elles, la part de personnes allergiques aux chats serait deux fois supérieure à celle des personnes allergiques aux chiens.
La présence d’un chat dans le bureau pourrait être un vrai calvaire pour un individu dans ce cas. En effet, ce dernier risquerait de présenter des symptômes plus ou moins invalidants qui le gêneraient pour travailler correctement, voire carrément l’en empêcheraient : écoulement nasal, inflammation des sinus ou des yeux, éruption cutanée, toux, crise d’asthme...
Il existe certes des races de chat hypoallergéniques, ou du moins présentées comme telles – c’est le cas par exemple du Sibérien, du Balinais ou encore du Bleu Russe. Il est vrai qu’elles perdent peu de poils et/ou produisent peu de protéines allergisantes. Néanmoins, peu ne veut pas dire pas du tout : le risque de réaction allergique est fortement réduit, mais il n’en est pas nul pour autant.
En cas de doute, seul un essai en conditions réelles pendant plusieurs heures permet de s’assurer que le salarié n’est effectivement pas incommodé par la présence du chat. Cela veut dire aussi que le propriétaire de ce dernier doit disposer d’une solution de repli afin d’éloigner rapidement son compagnon de la personne concernée, si effectivement l’expérience tourne court.
Au-delà du fait qu’il peut y avoir des personnes allergiques parmi les collègues, il convient également d’avoir en tête que certains peuvent souffrir d'ailurophobie (phobie des chats).
Cette maladie psychologique se caractérise par une peur irrationnelle, démesurée et incontrôlée du petit félin. Les symptômes sont souvent impressionnants : difficultés à respirer, augmentation du rythme cardiaque, voire crise de panique.
Il va de soi qu’il serait bien difficile pour une personne dans ce cas d’espérer travailler sereinement avec un chat dans les parages…
Emmener son chat au travail implique des désagréments et des risques pour les autres employés, mais aussi pour le maître lui-même.
En premier lieu, il a de fortes chances d’être régulièrement interrompu par ses collègues ou des personnes de passage qui viennent interagir avec son protégé. En plus de potentiellement demander l’autorisation de le faire, il y a fort à parier que ces derniers en profitent pour le saluer, l’interroger sur son compagnon ou initier un autre sujet de conversation.
Il est d’autant plus difficile de rester concentré sur son travail que son chat peut, lui aussi, venir le solliciter, que ce soit pour obtenir de la nourriture, de l’affection ou tout simplement de l’attention.
Comme si cela ne suffisait pas, le propriétaire doit avoir en permanence un œil sur son protégé, afin d’éviter qu’il ne se mette en danger, cause des dégâts ou encore prenne la poudre d’escampette. Cela a nécessairement un impact sur sa concentration et son efficacité, et peut s’avérer tout à fait stressant – surtout au début.
En plus des désagréments potentiels pour son propriétaire et les collègues de ce dernier, emmener son chat au travail n’est pas sans inconvénients et risques pour le principal intéressé.
En premier lieu, il est difficile de savoir exactement ce qui se passe dans la tête d’un chat. Peut-être que rester seul à la maison ne le comble pas vraiment de bonheur, mais rien ne dit qu’il apprécie beaucoup plus de se retrouver dans un endroit inconnu, animé voire bruyant, entouré de nombreuses personnes qu’il ne connaît pas.
C’est d’autant plus vrai qu’un chat est généralement nettement plus indépendant qu’un chien, par exemple. Les représentants des races de chat les plus solitaires (comme le Chartreux, le British Shorthair ou le Singapura) ont de fortes chances de ne pas apprécier l’expérience, en particulier si nombreuses sont les personnes qui cherchent à venir interagir avec eux.
Un chat est aussi généralement très territorial et casanier, et n’apprécie pas forcément de se retrouver dans un lieu qui ne lui est pas familier. L’extraire de son territoire et le plonger dans un endroit inconnu, où il est confronté à toutes sortes de situations et stimuli nouveaux, peut être pour lui source d’un stress important et d’un réel mal-être. C’est particulièrement le cas si son maître doit régulièrement sortir du bureau et qu’il n’a même plus au moins ce repère auquel se raccrocher au milieu de cet environnement « hostile ».
Par ailleurs, au-delà du bien-être psychologique de l’animal, se pose la question de son intégrité physique. En effet, alors que son lieu de vie est normalement un tant soit peu adapté à sa présence afin de diminuer les risques, il n’en va évidemment pas de même sur le lieu de travail de son maître. Une blessure, une intoxication, une électrocution… peuvent survenir d’autant plus facilement que l’endroit lui est inconnu et qu’il y découvre, souvent curieux, de nombreuses choses qu’il ne connaissait pas jusqu’à présent.
Au-delà du fait qu’elle n’est pas sans inconvénients et sans risques pour l’ensemble des parties prenantes, la présence d’un chat dans une entreprise peut s’avérer inadaptée, voire être purement et simplement interdite.
Dans beaucoup de pays, notamment en France, en Belgique, en Suisse et au Canada, la loi interdit d’emmener son chat au travail dans certains secteurs.
Par exemple, en France, les chats ne peuvent accompagner leurs maîtres dans les administrations publiques (Journal Officiel du 13 juin 1986) et dans les entreprises du secteur alimentaire (Journal Officiel du 13 juin 1982).
De même, l’Article 30 de l’Arrêté du 29 septembre 1997 fixant les conditions d'hygiène applicables dans les établissements de restauration collective à caractère social (cantines scolaires ou d’entreprise, par exemple) interdit la présence des animaux domestiques dans de tels lieux.
En outre, même si la loi n’interdit pas d’emmener son animal au travail compte tenu du secteur dans lequel on travaille, il est indispensable de vérifier que ni la convention collective de la branche, ni le règlement intérieur de l’entreprise, ne s’y opposent. Les raisons invoquées peuvent être le simple fait que cela pourrait nuire à la productivité des employés, mais c’est souvent l’hygiène ou la sécurité qui sont mis en avant. Dans tous les cas, un contrevenant s’exposerait à des sanctions allant jusqu’au licenciement.
Du côté du dirigeant qui souhaiterait autoriser la présence d’animaux au sein de son entreprise, les choses ne sont guère plus faciles. En effet, une éventuelle interdiction fixée par la loi (que ce soit au niveau national ou local) ou par la convention collective s’impose évidemment à lui, mais ce n’est pas tout : il lui faut également vérifier que son assurance ne s’y oppose pas, et s’il est locataire, que son contrat de location ne l’interdit pas non plus.
Quand bien même en théorie rien ne s’oppose à la présence d’un chat dans une entreprise donnée, s’interroger sur le fait qu’il puisse ou non y évoluer en sécurité est indispensable avant de franchir le pas. Si un drame survenait, il serait trop tard pour regretter de ne pas s’être posé les bonnes questions…
En effet, certains lieux de travail sont remplis de produits nocifs, machines dangereuses, objets contondants, aliments ou plantes toxiques pour les chats... Identifier et évaluer les risques de blessure, d’électrocution, d’intoxication, de brûlure, de chute ou encore de noyade est donc indispensable pour déterminer si un petit félin pourrait trouver sa place dans cet environnement, et le cas échéant l’y accueillir dans les meilleures conditions possibles.
Par ailleurs, certaines professions exigent une concentration qui rend impossible d’avoir un animal à ses côtés. C’est le cas par exemple de celles nécessitant de manipuler des machines ou instruments avec une grande vigilance et précision.
Emmener son chat au travail est parfois impossible pour de simples questions de civisme et de bon sens.
C’est le cas en premier lieu si un collègue de travail n’apprécie pas ces animaux, ou encore s’il est allergique ou ailurophobe.
Par ailleurs, l’animal doit être susceptible d’avoir un tempérament et un comportement compatible avec la situation. S’il est généralement très agité, bruyant ou encore agressif envers les inconnus, mieux vaut le laisser tranquillement à la maison que de prendre le risque de l’emmener au travail : en plus d’être mal à l’aise et potentiellement de souffrir psychologiquement de la situation, il aurait de grandes chances d’être intenable et de représenter une gêne réelle, voire un danger.
Il ne saurait non plus être question d’emmener à son travail un chat malpropre : il doit être en mesure de faire ses besoins dans sa litière. Son propriétaire doit d’ailleurs prendre soin de vider très régulièrement cette dernière afin d’éviter les mauvaises odeurs qui pourraient importuner ses collègues.
Enfin, il est évidemment exclu d’emmener son animal s’il est malade, a fortiori s’il est porteur d’une maladie transmissible du chat à l’Homme (leptospirose, salmonellose, etc.)
Que ce soit en France, en Belgique, en Suisse ou au Canada, la loi oblige l’employeur à assurer l’hygiène et la sécurité de ses employés au sein de l’entreprise. À défaut, il s’expose à des peines judiciaires.
Par exemple, si un salarié allergique aux chats se retrouve tout de même en contact avec l’un d’eux dans le cadre de son travail, les allergènes émis par l’animal risquent d’entraîner une crise d’asthme qui, dans un cas extrême, peut aboutir à son décès. Dans un tel cas de figure, l’employeur serait tenu légalement responsable des conséquences d’une telle imprudence.
Quant au propriétaire du chat, il reste comme en n’importe quelle circonstance responsable des dégâts que son animal occasionne, tant vis-à-vis des personnes que des biens. Ainsi, même s’il s’est strictement conformé aux règles en vigueur dans l’entreprise, sa responsabilité serait autant engagée en cas de problème que si le trouble avait eu lieu dans la rue. Autrement dit, que son chat ait mordu une personne ou qu’il ait détérioré un bien appartenant à un collègue ou à l’entreprise, il pourrait donc être condamné à dédommager les victimes.
Au-delà de la question de la responsabilité, un salarié qui emmène son animal sur son lieu de travail risque aussi des sanctions de la part de son employeur en cas de problème. Par exemple, en France, un employé a été licencié en 2007 pour faute grave parce que son chien avait attaqué une collègue dans les locaux de l’entreprise. Le bien-fondé de ce licenciement a été confirmé par la justice en 2011 (Cass. soc. 04/10/2011, n° 10-18.862).
S’assurer d’être protégé en cas de sinistre est donc primordial si l’on envisage de se rendre sur son lieu de travail accompagné de son chat. Il est donc important de vérifier si le contrat d’assurance multirisque habitation couvre ou non le cas d’un animal emmené sur le lieu de travail, et à défaut de souscrire une assurance complémentaire pour être couvert en cas de dommages.
Compte tenu des nombreux inconvénients et risques qu’il peut y avoir à emmener son chat au travail, il est indispensable de peser le pour et le contre et de bien se renseigner avant d’envisager franchir le pas. Si la décision est prise, un minimum de préparation s’impose afin que les choses se déroulent au mieux pour tout le monde…
Avant d’emmener son chat au travail, il est indispensable d’obtenir l’autorisation de sa hiérarchie. Un accord par écrit (papier ou électronique) est préférable, puisque cela permet d’éviter une éventuelle contestation ultérieure.
Il faut également veiller à en parler préalablement à ses collègues, ou du moins ceux qui seraient au contact de l’animal. Cela peut permettre en particulier de savoir si certains sont allergiques ou ailurophobes, car ils seraient alors parfaitement fondés à s’opposer à une telle initiative. En outre, même s’ils ne souffrent pas d’allergie ou de phobie, il est tout à fait possible que certains soient réfractaires à la présence d’un chat dans les locaux.
Si le seul obstacle rencontré se limite à un ou plusieurs collègue(s) réticent(s), une solution peut consister à proposer une journée ou demi-journée d’essai.
En tout état de cause, il est important de se mettre d’accord sur des zones auxquelles l’animal n’aura pas accès, comme par exemple les salles de réunion, les lieux de repas ou encore les toilettes.
Préparer et sécuriser le lieu de travail est un aspect à ne pas négliger pour réduire le risque d’accident et de dégâts.
Cela implique par exemple de :
Il est aussi important de prévoir un endroit où le chat pourra se coucher à proximité de son maître : il sera ainsi en mesure de s’y reposer sans être dérangé.
Aménager le lieu de travail avant l’arrivée du chat est une étape indispensable, mais il est tout aussi primordial de le préparer lui-même à son arrivée dans l’entreprise.
Tout d’abord, il est important de s’assurer qu’il est en parfaite santé et qu’il est à jour tant en ce qui concerne ses vaccins qu’au niveau des traitements antiparasitaires.
Il doit aussi bien sûr être propre : dans l’idéal, il est recommandé de le toiletter avant son premier jour dans l’entreprise. C’est d’autant plus judicieux qu’il est préférable qu’il fasse une première bonne impression, a fortiori si certains collègues sont un peu dubitatifs – voire récalcitrants.
Par ailleurs, afin que le trajet jusqu’au bureau ne soit pas source de stress, il doit avoir été habitué à être déplacé dans sa cage de transport.
Il faut aussi penser à préparer un sac regroupant le panier du chat, son bac à litière et des sacs en plastique (pour nettoyer la litière et éviter les odeurs), ses gamelles pour l’eau et la nourriture, des jouets silencieux pour l’occuper et pour qu’il puisse se distraire sans bruit, ainsi que de quoi nettoyer d’éventuels accidents (par exemple des serviettes en papier).
Il est aussi important de disposer d’un harnais et d’une longe, car il est préférable, au moins les premiers jours, de tenir son chat en laisse lors de tous les déplacements dans l’entreprise, le temps qu’il s’habitue à son nouvel environnement.
L’attacher permet également d’éviter des dégâts si le maître doit s’absenter un moment. Évidemment, cela suppose d’avoir pris le temps en amont de l’habituer à se déplacer en laisse, afin que cela ne soit pas une source supplémentaire d’anxiété pour lui. Certains individus sont toutefois particulièrement réfractaires à cet accessoire : le cas échéant, mieux vaut évidemment s’abstenir. Lorsqu’il doit s’absenter, le propriétaire peut alors simplement enfermer son compagnon dans sa cage de transport.
Afin d’éviter tout risque d’accident, il faut que les collègues soient conscients de l’importance pour un chat de bénéficier d’un lieu où il peut se réfugier sans être dérangé, et du fait que même un animal très sociable envers les inconnus a besoin de moments d’indépendance et de tranquillité. Ils doivent donc être sensibilisés sur ce sujet en amont, afin par exemple qu’ils évitent d’essayer d’interagir avec l’animal lorsque ce dernier ne le souhaite pas, voire, pire encore, lorsqu’il est en train de se nourrir ou de dormir. En effet, ils s’exposeraient alors au risque d’une réaction agressive.
Donner de la nourriture au chat doit également être strictement interdit à toute personne autre que son propriétaire. D’une part, cela permet d’éviter de perturber ses habitudes alimentaires ou qu’il soit nourri plus qu’il ne le faudrait, et d’autre part cela évite des erreurs potentiellement catastrophiques. Par exemple, les personnes n’ayant jamais eu de petit félin ne savent pas forcément que le chocolat et le café sont des aliments toxiques pour les chats...
Le fait de se retrouver dans un lieu nouveau, face à de nombreux inconnus, rend parfois un chat totalement méconnaissable. Par exemple, alors qu’il est d’ordinaire plutôt calme et sociable, il peut se montrer au contraire excessivement agité ou agressif.
Il faut donc envisager tous les scénarii et prévoir un plan B au cas où il ne s’accommode pas du tout de la situation. En effet, si cette expérience le met vraiment dans tous ses états, la faire durer une journée entière pourrait virer au calvaire pour l’ensemble des protagonistes. Une solution de repli peut consister à s’installer dans une salle de réunion avec lui, voire à le ramener ou le faire ramener à la maison. En revanche, le laisser seul dans la voiture toute la journée n’est pas une option envisageable – a fortiori en été, compte tenu du risque de coup de chaleur.
Emmener son chat au travail n’est pas une décision que l’on prend sur un coin de table à l’occasion d’un pot avec ses collègues. Bien que cela puisse paraître très tentant pour ces derniers, pour le maître et pour l’entreprise, il est important de considérer en premier lieu la faisabilité juridique et réglementaire, ainsi que les risques que comporte l’environnement de travail.
En outre, rien ne saurait être fait sans approbation de l’employeur d’une part, et des collègues d’autre part.
La personnalité du chat est également déterminante : s’il n’est pas suffisamment calme et sociable en temps normal, il y a toutes les chances que cela soit encore pire le jour venu. En cas de doute, il est préférable de le laisser sagement à la maison.
Enfin, le fait que les choses se passent bien pour tout le monde dépend grandement de la propension de l'animal à s’accommoder de cette situation qui au début est forcément anxiogène pour lui, mais pas seulement. En effet, son maître a également un rôle déterminant à jouer en préparant au mieux l’arrivée de son compagnon dans l’entreprise : celle-ci ne s’improvise pas.
Le choix du moment peut également avoir son importance : l’idéal est que sa première venue sur le lieu de travail de son maître se fasse dans une période calme, par exemple quand beaucoup de collègues sont absents. En effet, moins il y a de monde et d’agitation (surtout au début), moins la situation est anxiogène pour lui.