L’œil du chat est composé de trois parties : paupière supérieure, paupière inférieure et membrane nictitante (dans le coin interne de l’œil). Elles jouent un rôle important dans la protection contre les agressions extérieures : poussières, chocs, etc.
Il peut cependant arriver que les paupières présentent des anomalies, telles que l’entropion. Bien que cette dernière concerne plus fréquemment les chiens, elle est aussi présente chez les chats.
L’entropion consiste en un enroulement du bord de la paupière vers l’extérieur. Il peut toucher la paupière inférieure ou la paupière supérieure, et parfois les deux. Le plus souvent, il est unilatéral, c’est-à-dire qu’il ne touche qu’un œil, mais il peut également être bilatéral, c’est-à-dire que les deux yeux du chat sont atteints.
Cette affection peut entraîner une irritation chronique, une sécrétion importante de larmes ainsi que de l’inconfort - voire de la douleur. Dans les cas plus graves, l’entropion est à l’origine d’une perte de transparence de la cornée. S’il n’est pas traité, il est également possible que des lésions soient causées par les cils et les poils qui entrent en contact avec la surface de l’œil.
L’entropion n’est pas une pathologie contagieuse, et n’est donc pas susceptible d’être transmis entre chats ou entre espèces, notamment du chat à l’Homme.
Les entropions peuvent être de trois types différents : congénitaux et développementaux, spastiques ou cicatriciels.
Chez le chat, les plus fréquemment rencontrés sont les entropions congénitaux et développementaux, qui représentent environ 90 % des cas diagnostiqués.
Les entropions congénitaux ou développementaux sont présents dès la naissance ou apparaissent durant les premières semaines ou mois de vie du chat.
Ils touchent davantage les sujets à nez court, dont les ligaments de l’œil interne subissent une plus forte tension que ceux des chats à nez long. Ceci explique que certaines races sont davantage touchées par cette anomalie que d’autres. Le Persan, le Maine Coon et le Bengal font ainsi partie de celles qui ont la plus grande prédisposition génétique à l’entropion congénital ou développemental.
Les entropions spastiques sont favorisés par des conjonctivites à répétition, mais peuvent également apparaître à la suite d'une herpesvirose oculaire.
Tous les chats peuvent être atteints par ce type d’entropion, même si certaines races sont davantage prédisposées à cette pathologie.
Les entropions cicatriciels apparaissent suite à un traumatisme ou une inflammation chronique (par exemple si le chat a une plaie à la paupière suite à un choc ou une bagarre), ou bien sont une séquelle d’une chirurgie.
Plus l’âge du chat est avancé, plus le risque d’apparition d’entropion cicatriciel est important.
Les principaux symptômes de l’entropion du chat sont des écoulements au niveau de l’œil (larmoiement) et un spasme (c’est-à-dire une contraction) de la paupière causés par cette anomalie.
En outre, l’irritation inconfortable voire douloureuse provoquée par le frottement des cils et des poils sur la surface de l’œil amène le chat à cligner davantage des yeux, ce qui précisément risque d’amplifier l’enroulement de la paupière. De plus, les irritations risquent d’accroître la sensibilité de ses yeux à la lumière. Le blanc de l’œil peut également devenir rouge, et un voile opaque est susceptible d’apparaître. Des ulcères de la cornée sont également possibles.
Dans le cas de l’entropion développemental, des symptômes apparaissent dès les premières semaines ou premiers mois de vie. Les éleveurs ou propriétaires de chats appartenant à des races particulièrement enclines à cette anomalie doivent donc être vigilants à ce sujet, et faire vérifier les paupières si celles-ci ne s’ouvrent pas correctement après quelques semaines de vie.
Quel que soit le type, le diagnostic de l’entropion est facile à poser pour le vétérinaire.
En général, une simple observation de l’œil suffit. Dans certains cas, un anesthésique local peut être appliqué afin de permettre de voir ce dernier de plus près, d’observer les zones de frottement et les éventuels ulcères, sans pour autant causer de douleur à l'animal. L’âge de ce dernier et/ou le fait qu’il ait souvent souffert d’infections oculaires peuvent également orienter le diagnostic.
Une fois le diagnostic posé, le vétérinaire doit déterminer la cause de l’entropion, afin de choisir comment le traiter.
Dans les cas les plus simples, un nettoyage antiseptique suivi d’un traitement antibiotique est suffisant.
Toutefois, si la cause de l’entropion est cicatricielle ou congénitale, seule une opération de chirurgie peut corriger l’anomalie. Réalisée sous anesthésie générale, elle consiste à effectuer une excision en forme de croissant sous la zone d’entropion, puis à suturer les bords de la plaie.
Le taux de succès de cette chirurgie est de 95 %. Cependant, comme tout acte chirurgical comporte des risques, le vétérinaire se doit d’informer le propriétaire du chat des risques et complications qui peuvent survenir. En l’occurrence, une complication infectieuse peut survenir dans les jours qui suivent l’intervention et nécessiter un traitement médicamenteux adapté. Quant au risque de perte de vision, il est très faible.
A la suite de l’opération, le vétérinaire prescrit généralement des antibiotiques et antidouleurs à donner au chat pendant plusieurs jours. Un traitement à l’aide de collyre ou de pommade peut aussi aider à soigner les éventuelles lésions causées par l’entropion.
L’animal est généralement autorisé à retrouver son foyer le jour même. Il est possible d’observer une inflammation de la zone opérée, mais cela ne dure le plus souvent que quelques jours.
Par contre, durant la période de rétablissement qui suit l’intervention, le chat doit idéalement rester dans un endroit confortable, de préférence en intérieur, et avoir des repas légers. Par ailleurs, les traitements médicamenteux doivent être suivis scrupuleusement afin d’éviter tout risque d’infection.
Les points de suture sont retirés 10 à 15 jours après la chirurgie, mais il peut arriver que le chat les enlève plus tôt en se grattant. Le cas échéant, cela retarde le processus de cicatrisation. L’utilisation d’une collerette pour chat permet d’éviter ce problème.
Le coût de l’intervention varie fortement d’une clinique vétérinaire à l’autre, se situant généralement entre 300 et 800 euros. Un devis complet comportant le coût de l’opération et des soins postopératoires doit de toute façon être établi en amont. Il convient de se renseigner sur l’éventuelle prise en charge totale ou partielle par l’assurance du chat - sous réserve bien sûr d’avoir pris soin de souscrire une assurance santé pour son animal.
Quoi qu’il en soit, une fois le problème identifié, mieux vaut ne pas attendre avant de faire opérer son chat. En effet, cela ne ferait que prolonger l’inconfort et la douleur crées par l’entropion, mais aussi accroître le risque d’endommagement de la cornée.
Par contre, si les chirurgies d’entropion sont quasi systématiquement réussies, elles ne signifient pas pour autant que l’animal et son maître sont à jamais débarrassés du problème. Des récidives peuvent en effet survenir, et une nouvelle opération est alors nécessaire.
L’entropion étant le plus souvent une pathologie génétique, il est difficile de le prévenir. Quand il s’agit d’un entropion congénital, l’idéal est de repérer le plus tôt possible les premiers signes et d’obtenir un traitement médical rapide avant que les choses ne s’aggravent. Une certaine vigilance est tout particulièrement nécessaire si le chat appartient à une race prédisposée à cette pathologie.
Concernant l’entropion cicatriciel, emmener son chat chez le vétérinaire en cas de blessure à l’œil devrait permettre de prévenir les éventuels problèmes de cicatrisation.
Enfin, pour ce qui est de l’entropion spastique, soigner rapidement une infection de l’œil (par exemple en cas de conjonctivite du chat) permet de réduire grandement le risque d’y être confronté.
L’entropion est une pathologie qui se traite bien. Il est donc d’autant plus important de faire soigner rapidement l’animal : cela est non seulement nécessaire pour son bien-être, mais permet aussi de minimiser les complications et de favoriser les chances de guérison.