Que ce soit lors d’une promenade au long cours ou simplement à l'occasion d’un bref passage dans le jardin, un chat n’est jamais à l’abri d’être infecté par une ou plusieurs tiques. Ces dernières représentent un risque non seulement pour lui, mais aussi pour l’ensemble des autres membres du foyer, humains comme animaux, dès lors qu’elles se détachent de leur hôte félin.
L’infestation d’un chat par des tiques nécessite une grande réactivité et une détection rapide, afin de permettre une prise en charge médicale efficace pour éviter que le problème n’empire.
Les tiques sont des acariens qui parasitent de nombreuses espèces, comme le chat, le chien, l'humain, les rongeurs, certains oiseaux...
Il en existe de nombreuses espèces : en France, par exemple, pas moins d’une quarantaine sont présentes ! Au niveau d’européen, 12 espèces de tiques peuvent être retrouvées sur les chiens et les chats. Sur le territoire français, 3 sont particulièrement présentes : Dermacentor reticulatus, Ixodes ricinus et Rhipicephalus sanguineus. Les différentes espèces sont difficilement reconnaissables à l’œil nu, mais peuvent être identifiées par des spécialistes munis de microscopes.
Par contre, contrairement aux idées reçues, il n’existe pas d’espèces de tiques spécifiques aux chats ou aux chiens : les tiques peuvent infecter diverses espèces d’animaux, dont l’Homme, et se transmettre entre elles.
Les tiques sont des parasites de couleur beige, noire ou marron, qui possèdent 8 pattes, ont une taille moyenne de 1 à 3 mm et peuvent atteindre 2 cm lorsqu’elles sont remplies de sang. Elles se nourrissent exclusivement du sang de leur hôte, ne faisant que trois « repas sanguin » au cours de leur vie (un « repas » par hôte, chacun pouvant durer entre 2 et 15 jours).
Ces trois « repas » correspondent aux trois stades de développement d’une tique : larve, nymphe puis celui de la femelle adulte qui précède la fécondation (le mâle lui ne se nourrit pas). La tique se détache de son hôte après son repas. C’est surtout au stade adulte qu’elle est susceptible de piquer l’Homme, le chien ou le chat, car ce sont plutôt les micromammifères (musaraigne, mulot, rat taupe…) qui sont touchés lors des deux premiers stades de développement du parasite. Pour ce faire, elle s’accroche en haut des végétaux et attend qu’un hôte passe à proximité.
On les retrouve principalement dans les environnements sombres, humides et broussailleux (bois, hautes herbes, prairies…), car elles préfèrent des températures situées entre 0 et 20 C°, dans lesquelles elles se reproduisent plus facilement. Elles sont particulièrement présentes à l’automne et au printemps.
Par ailleurs, le chat est plus susceptible de les croiser s’il habite près de zones où il y a beaucoup de cerfs ou de moutons, ou dans des endroits où l’on trouve des petits animaux tels que des hérissons ou des lapins.
Les tiques attendent le passage d’un éventuel hôte. Dès qu’elles entrent en contact avec un animal ou une personne, elles grimpent dessus.
Les chats attrapent le plus souvent des tiques lorsqu’ils sont à l’extérieur (dans les champs, dans des buissons ou dans le jardin). Parfois aussi, ils attrapent des tiques lors d’interactions avec d’autres animaux déjà porteurs.
Les tiques en soi sont relativement inoffensives, d’autant que la quantité de sang qu’elles prélèvent est infinitésimale. En revanche, ce qui pose problème, c’est qu’elles peuvent être le vecteur de différentes maladies.
Même s’il y a des zones et des périodes plus risquées, les chats peuvent attraper des tiques n’importe où et en n’importe quelle saison, y compris s’ils ne sortent pas, car elles peuvent s’accrocher aux vêtements de leurs maîtres et s’introduire ainsi à leur domicile.
Toutefois, ceux qui sortent régulièrement et qui ont accès à des zones à risque, à savoir l’herbe, les arbres et la végétation, que cela soit en milieu naturel ou dans un jardin, sont davantage susceptibles d’attraper des tiques.
La présence d’autres animaux dans le foyer (qu'il s'agisse de congénère ou de représentants d'autres espèces, par exemple un chien) augmente aussi les risques, car ces derniers peuvent attraper des tiques à l’extérieur et contaminer ensuite le chat.
Le maître lui-même est susceptible d'être un vecteur de transmission : une tique peut s’accrocher sur ses vêtements lors d’une sortie, et s’introduire ainsi au domicile. De fait, si certains chats sont davantage susceptibles d’être concernés, aucun n’est à l’abri, même ceux qui vivent uniquement en intérieur.
Enfin, il convient de souligner que l’infestation peut survenir à toute saison, même si les tiques sont davantage actives au printemps et à l’automne.
La tique peut provoquer des réactions inflammatoires, mais aussi transmettre des bactéries et des virus à l’origine de maladies potentiellement graves.
Ces maladies diffèrent selon la répartition territoriale du parasite, mais il convient de connaître les principales - notamment la maladie de Lyme, qui est la plus courante.
Aussi appelée borréliose, la maladie de Lyme est causée par la bactérie Borrelia burgdorferi. Les signes courants sont le raidissement des membres, de la fièvre, des ganglions lymphatiques, des articulations enflées, ainsi qu’une diminution de l'appétit. Dans les cas graves, on peut constater une insuffisance rénale du chat, des problèmes cardiaques ou encore des troubles du système nerveux.
Des antibiotiques oraux sont utilisés pour traiter la maladie de Lyme. En revanche, il n'existe pour l’instant aucun vaccin contre la maladie de Lyme chez le chat.
Comme elle est difficile à détecter, notamment parce qu’elle peut mettre des mois à se manifester, il est conseillé de faire faire régulièrement des analyses sanguines à son chat s’il est régulièrement porteur de tiques.
L’anémie infectieuse féline - ou hémobartonellose - est une maladie habituellement transmise par les puces, mais qui peut également être transmise par des tiques. Elle est causée par Mycoplasma hemofelis, un organisme qui cible les globules rouges de l'animal atteint.
Mycoplasma hemofelis entraîne une anémie du chat qui peut devenir sévère, ainsi qu’une faiblesse généralisée : amaigrissement soudain, difficultés respiratoires, muqueuses pâles voire jaunes, ou encore une fièvre.
Si la maladie est diagnostiquée et traitée rapidement (par antibiotiques), la plupart des chats touchés se rétablissent, bien que les individus gravement atteints puissent avoir besoin d'une transfusion sanguine.
Également connue sous le nom de fièvre du lapin et principalement rencontrée en Amérique du Nord, la tularémie est causée par une bactérie transportée par quatre espèces de tiques, mais les puces peuvent également la transmettre.
Les chats affectés présentent une forte fièvre, des ganglions lymphatiques enflés, des écoulements nasaux et éventuellement des abcès sur le site de la piqûre. Des antibiotiques sont administrés pour traiter la tularémie, maladie pour laquelle il n'existe pas de vaccin à titre préventif.
Les tiques transmettent aux animaux qu’elles contaminent de minuscules organismes appelés protozoaires. Ces derniers s’installent dans les globules rouges, provoquant une anémie. Les symptômes de la piroplasmose du chat peuvent être sévères, avec notamment une pâleur des gencives, des urines foncées, de la fièvre, des ganglions lymphatiques enflés, mais aussi une dépression. Dans les cas les plus graves, il peut s'effondrer soudainement, en état de choc.
Il existe un vaccin contre la piroplasmose, qui est toutefois une maladie très rare – et méconnue – en Europe, où la piroplasmose du chien est en revanche nettement plus répandue. La piroplasmose du chat est surtout signalée dans le sud des États-Unis.
La cytauxzoonose, aussi connue sous le nom de fièvre du lynx, est une autre maladie transmise au chat par les tiques. Il s’agit d’une maladie grave, qui peut être fatale en moins d’une semaine, à moins d’un diagnostic rapide et d’un traitement intensif.
La cytauxzoonose est due au parasite Cytauxzoon felis, qui cause une anémie, une dépression, une forte fièvre, des difficultés respiratoires et une jaunisse. Comme les chats ne contractent cette maladie que par la piqûre d'une tique qui s’est nourrie du sang d'un lynx, elle est assez rare, et surtout signalée dans le sud des États-Unis.
L’ehrlichiose est une maladie qui infecte le sang du chat et peut entraîner la mort, faute de production de cellules sanguines.
Les symptômes apparaissent quelques jours après la contamination : fièvre, fatigue, douleurs articulaires et vomissements du chat. Si elle n’est pas décelée, la maladie devient chronique et est entrecoupée de phases avec et sans symptômes.
Un traitement par antibiotiques doit être administré au plus tôt et durant toutes les phases de la maladie.
Déceler la présence d’une tique n’est pas chose aisée. En effet, d’une part elle se loge dans le pelage, et peut donc être difficile à voir - particulièrement s’il s’agit d’une race de chat à poil long -, et d’autre part elle provoque rarement des démangeaisons, du fait de la salive anesthésiante qu’elle sécrète, et qui lui permet ainsi de passer plus facilement inaperçue que d’autres parasites.
Les tiques ont tendance à se loger dans des parties du corps où la peau est fine, comme la tête du chat, son cou, la zone autour de ses yeux, l'intérieur des oreilles, ainsi que la zone entre les coussinets et les aisselles. Elles peuvent néanmoins être présentes sur n’importe quelle partie du corps.
Reconnaître une tique est d’autant plus difficile qu’elle peut avoir l’air d’une simple verrue ou d’un bout de peau. En cas de doute, il convient de tirer les choses au clair en essayant d’identifier les 8 pattes du parasite. En tout état de cause, brosser le poil de son chat à intervalle régulier (voire quotidiennement) peut permettre de déceler rapidement la présence du parasite, qui peut être présent même si l'animal n’a pas accès à l’extérieur.
Lorsque la tique se détache pour pondre ses œufs, avec à la clef des risques de contamination pour les autres habitants de la maison, l’anesthésie causée par la salive ne fonctionne plus : l’infestation devient davantage visible (a posteriori), car le chat a tendance à se gratter, ce qui peut causer des irritations et/ou inflammations. Même si c’est seulement à ce stade que le maître prend conscience que son compagnon a été infesté par des tiques, il est préférable de se rendre chez le vétérinaire afin de déceler l’éventuelle présence de maladies.
Dans l’idéal, lorsqu’un chat a contracté des tiques, il convient de les retirer dans les 24 heures maximum pour limiter le risque de transmission de maladies. Cependant, enlever une tique à son chat nécessite quelques précautions, car des risques persistent si le parasite est mal retiré.
Plusieurs erreurs sont à éviter afin de ne pas transmettre d’agents pathogènes en essayant de retirer une tique à son chat :
Dans un premier temps, il convient d’isoler la tique en écartant bien les poils qui sont autour. Pour retirer le parasite, il faut alors se munir d’un accessoire spécial que l’on appelle simplement « crochet à tique », et qui se trouve en vente chez les vétérinaires ainsi que dans les magasins d’articles pour animaux et les animaleries.
Le procédé pour retirer une tique à un chat à l’aide d’un crochet à tique est le suivant :
Par contre, il faut veiller à ne pas jeter n’importe où la tique arrachée, au risque qu’elle aille contaminer un autre animal ou vous-même : en effet, retirer une tique d’un chat ne la tue pas. Mieux vaut s’en débarrasser en la jetant dans les toilettes ou, mieux encore, la conserver dans une petite boîte bien fermée ou dans une bouteille d’alcool à 90 C° : cela permettra de la faire analyser afin de connaître les maladies potentiellement transmises.
Les produits anti-tiques, utilisés principalement à des fins préventives, sont une solution alternative car ils tuent la tique en quelques heures à peine : le parasite tombe tout seul, et le risque de transmission de maladie pendant son retrait est évité.
En tout état de cause, se préoccuper uniquement de l’animal ne suffit pas : il faut intervenir également sur son environnement. Ainsi, si le jardin est infesté, il est préconisé de le débroussailler et d’utiliser un pesticide sur toutes les zones identifiées comme étant infestées. Quant à la maison, se débarrasser des tiques demande un certain effort : il faudra la désencombrer et la nettoyer entièrement, laver les vêtements à l’eau chaude, diffuser des pesticides, mais également traiter tous les autres animaux du foyer.
La meilleure façon de protéger son chat contre les tiques est d'agir sur deux aspects :
Le premier geste préventif à adopter pour protéger son chat contre les tiques est de vérifier régulièrement son pelage en le brossant après chaque promenade, ou à raison d’une fois par jour.
Il existe également des produits anti-tiques très efficaces tels que les antiparasitaires, disponibles sous forme de pipette ou de spray, capables de faire mourir les tiques avant qu’elles n’aient pu piquer et d’éliminer en 24 heures maximum celles déjà installées. Les formules anti-puces et anti-tiques durables et résistantes à l’eau sont préférables : elles s’appliquent au niveau de la nuque et entre les omoplates, afin que le chat ne puisse pas lécher le produit, et durent 4 à 5 semaines. Il faut se rapprocher de son vétérinaire pour connaître les produits les mieux adaptés à son animal.
Il existe des vaccins pour protéger les chiens de certaines maladies transmises par les tiques, à savoir le vaccin contre la babésiose et le vaccin contre la maladie de Lyme. Il en va de même pour les humains, avec le vaccin contre la maladie de Lyme et celui contre l’encéphalite à tiques. Malheureusement, le chat, lui, n’a pas cette chance : il n’existe pas de vaccin pour chat contre les tiques, ni contre les maladies qu’elles transmettent.
Que cela soit pour l’Homme ou pour les animaux, les tiques restent une menace permanente et il convient de rester vigilant, en particulier dans les zones à risque.
Adopter des gestes préventifs et des bonnes habitudes au quotidien afin de limiter les risques est aussi facile que nécessaire : porter un pantalon lors des promenades et privilégier les manches longues, vérifier les vêtements en rentrant à la maison, examiner le poil des éventuels chiens du foyer, garder ses chaussures bien fermées, etc.
Il convient également d’anticiper les déplacements et les risques éventuels qu’ils impliquent. Par exemple, prévoir de partir en voyage avec son chat nécessite de se renseigner en amont sur le lieu de destination, et d’effectuer les éventuels traitements préventifs adéquats.
Les tiques sont une menace à plus d’un titre. D’abord, parce qu’elles sont présentes partout et à tout moment de l’année. Ensuite, parce qu’elles peuvent facilement se transmettre d’un autre animal au chat, ou l’inverse. Enfin et surtout, parce que certaines maladies qu’elles transmettent sont à la fois potentiellement très dangereuses si rien n’est fait, et difficiles à déceler.
Il convient donc de miser pleinement sur la prévention, en adoptant certains réflexes au quotidien et en effectuant régulièrement des visites de contrôle chez le vétérinaire. C'est particulièrement utile si l’animal sort beaucoup, se promène dans des zones à risques ou est régulièrement porteur de tiques.
Bonjour, J'ai adopté un petit chaton il y a quelques mois et il va commencer à sortir à l'extérieur....