Loin d’être un simple ornement, la queue du chat est d’une très grande utilité au quotidien. Elle contribue en effet à faire de lui un animal agile et acrobate en l’aidant à garder l’équilibre, par exemple lorsqu’il marche sur un espace étroit ou lorsqu’il grimpe aux arbres. En élevant et baissant sa queue et/ou en la plaçant à gauche ou à droite, il gagne une certaine stabilité qui lui permet de ne pas tomber.
Le rôle de cet appendice ne s’arrête pas là pour autant, puisqu'il joue aussi un rôle majeur dans le langage corporel du chat ; il lui sert donc de moyen de communication avec ses congénères et avec les humains.
Pourtant, aussi utile que cet organe puisse être, il existe des races de chat sans queue ou à la queue courte. Quelles sont les races qui présentent cette particularité physique, et d’où provient-elle ?
Comme l’ont montré des chercheurs de l’université de Pékin dans une étude intitulée « Whole Genome Sequencing Identifies a Missense Mutation in HES7 Associated with Short Tails in Asian Domestic Cats » parue en 2016 dans la revue Scientific Reports, le fait que certains chats aient une queue courte voire pas de queue du tout provient d’une mutation génétique spontanée, c'est-à-dire qu'elle est apparue naturellement, sans intervention humaine. Le gène correspondant est dominant, c’est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire que les deux parents aient une queue courte pour que leurs petits le soient aussi.
Certaines études vont plus loin et concluent que c’est la consanguinité qui est à l’origine de cette mutation génétique. Cela pourrait expliquer qu'un certain nombre de chats à la queue courte sont originaires d'îles ou de péninsules : leur population réduite aurait conduit à une plus grande consanguinité et aurait donc augmenté les chances d'apparition de cette mutation génétique.
Quoi qu'il en soit, certains individus naissent donc sans les vertèbres qui forment la queue, et chez d’autres cette dernière est présente mais atrophiée. Lorsque la queue est totalement absente, l’animal est qualifié d’anoure ; lorsqu'elle est présente mais atrophiée, on parle de chat brachyoure.
Au-delà de son aspect étonnant, il faut savoir que cette particularité physique a des conséquences non négligeables sur le corps de l’animal. En effet, à défaut de queue assez longue pour lui servir de balancier, un chat sans queue ou à la queue courte possède des pattes plus courtes et plus musclées : cela lui permet de maintenir malgré tout un bon équilibre.
Par ailleurs, quand bien même sa queue lui aurait dû lui servir d’outil de communication, le fait d’en être dépourvu (ou qu’elle soit plus courte que la normale) ne l’empêche pas d’interagir avec son entourage. Les félins ont en effet une palette d’outils de communication très large grâce à leur voix, à leur attitude corporelle et aux phéromones. Ils sont ainsi en mesure de compenser les informations habituellement données par les mouvements et la position de la queue.
Au final, le fait de ne pas avoir de queue - ou bien que celle-ci soit inhabituellement courte - n'est pas vraiment handicapante pour l'animal au quotidien. Cela peut être gênant pour qui perd sa queue au cours de sa vie et doit donc réapprendre à vivre sans, mais pour ceux qui en sont dépourvus dès la naissance et grandissent donc ainsi, les conséquences sont globalement minimes.
Originaire de l’île britannique de Man, le Manx était autrefois principalement utilisé pour chasser les petits rongeurs à l’intérieur des fermes.
C'est un gros chat au corps très musclé et tout en rondeur. Il pèse entre 3,5 et 5,5 kg, pour une taille au garrot de 35 cm environ. Ses pattes postérieures sont plus longues que celles situées à l'avant, ce qui lui permet de faire des bonds impressionnants.
Il se décline en quatre variétés : le Rumpy (absence totale de queue), le Rumpy Riser (sa queue est composée 1 à 3 vertèbres sacrales), le Stumpy (sa queue mesure quelques centimètres) et le Longy (sa queue est quasiment entière, mais un peu tordue).
Quelle que soit la longueur de sa queue, son pelage est très fourni et soyeux, et peut être soit court, soit long. Certains organismes considèrent toutefois la variété à poils longs comme une race à part entière, nommée Cymric.
Chat très affectueux et très sociable, le Manx a parfois un comportement proche de celui d’un chien, adorant suivre ses maîtres dans leurs activités du quotidien. Il peut d’ailleurs vivre sans difficulté avec des chiens.
C’est aussi un animal de compagnie très intelligent et parfaitement adapté dans un foyer avec de jeunes enfants ou des personnes âgées, tant que ses maîtres lui apportent toute l’affection dont il a besoin. En revanche, il va sans dire qu’étant donné sa proximité avec l’humain, il supporte difficilement la solitude.
Comme son nom l’indique, le Bobtail Japonais est originaire du pays du Soleil levant, où il est d’ailleurs un symbole de bonheur et de chance. C’est une race de chat très ancienne, comme l’attestent certaines représentations (dessins, sculptures et gravures) qui remontent à plus de 10 siècles.
Si sa silhouette est svelte et élégante, le Bobtail Japonais n’en possède pas moins une bonne musculature. De taille moyenne, il ne dépasse pas les 25 cm, pour un poids compris entre 2,5 et 4 kg. Son pelage peut être court, mi-long ou long, mais il ne possède presque pas de sous-poil.
Sa queue fait penser à un pompon : elle est courte, touffue et se replie sur elle-même. Sa longueur lorsqu’elle est déployée atteint 10 à 12 cm.
Intelligent, docile et joyeux, il fait aussi un très bon chasseur, et a d’ailleurs un grand besoin d’exercice. Il peut toutefois s’accommoder d’une vie en appartement, dès lors qu’un arbre à chat et des jeux sont mis à sa disposition.
Si de jeunes enfants sont présents dans le foyer, il se fait un plaisir de jouer de longs moments avec eux. La cohabitation avec d’autres chats ou des chiens est également possible, une fois passé un nécessaire temps d’adaptation.
Enfin, le Bobtail Japonais est très bavard et aime beaucoup communiquer avec ses maîtres, ce qui en fait une des races de chat qui miaulent le plus.
Comme son nom l’indique, le Bobtail Américain est une race de chat originaire des Etats-Unis. Elle est assez récente, puisqu’elle fut créée dans les années 60, et est d’ailleurs encore peu présente en Europe.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’est pas un descendant du Bobtail Japonais, mais le résultat d’un croisement entre une femelle à longue queue et un mâle à la queue courte issu d’une réserve indienne d’Arizona.
Musclé et athlétique, le Bobtail Américain est de taille moyenne, puisqu’il mesure de 22 à 25 cm au garrot et pèse entre 5 et 8 kg. Il se décline en deux variétés : une à poil court, dont le poil est hirsute et bien fourni, et une seconde à poil mi-long. Dans les deux cas, sa queue est courte, puisqu’elle mesure seulement entre 2 et 10 cm.
Le Bobtail Américain possède un caractère docile et très affectueux. Il aime interagir avec les autres membres du foyer, qu’il s’agisse d’adultes, d’enfants ou même d’autres animaux. Dévoué envers ses maîtres, il n’hésite pas à les suivre dans le foyer à la moindre occasion, ce qui n’est pas sans rappeler le comportement d’un chien.
D’un tempérament calme, c’est un bon chat d'appartement. Plus généralement, il s’adapte facilement à tous les environnements et styles de vie.
Le Bobtail des Kouriles est une race de chat russe découverte au milieu du 20ème siècle par des militaires et vulcanologues en mission sur les îles éponymes (à l’extrémité est du pays). Il demeure encore aujourd’hui assez rare, et peu connu en dehors des frontières de son pays d’origine.
C'est un petit félin de taille moyenne, puisqu'il mesure entre 30 et 40 centimètres pour un poids compris entre 3 et 7 kg. Son corps et ses pattes sont très musclés. Il se décline par ailleurs en deux variétés : une à poil court et l’autre à poil long. Dans les deux cas, le poil de garde et le sous-poil sont très développés. ll se distingue en outre par sa queue courte et en forme de pompon, dont la longueur ne dépasse pas 8 cm.
C’est un chat indépendant et très intelligent, mais qui sait aussi se montrer sociable. Ainsi, il s’entend très bien avec les personnes âgées, adorant se blottir sur leurs genoux pour de longues siestes. Son tempérament équilibré et paisible en fait aussi un parfait compagnon pour de jeunes enfants, avec qui il apprécie de jouer.
Plutôt calme, il n’en a pas moins besoin de faire de l’exercice physique régulièrement. S’il ne dispose pas d’un accès à l’extérieur, il est essentiel de mettre à sa disposition des jeux et un arbre un chat afin qu’il puisse se dépenser suffisamment.
Enfin, chose assez inhabituelle chez cette espèce, il a un faible pour l’eau, au point d’ailleurs d’être un excellent chat nageur, et même pêcheur si l’occasion se présente.
Très répandu en Asie, le Bobtail du Mékong est en revanche encore peu connu en Europe. Cette race a été développée en Russie grâce à des chats originaires de pays d’Asie du Sud-Est comme le Laos, la Birmanie et la Thaïlande, et son nom fait référence au fleuve Mékong, qui traverse ces pays. On ne sait pas exactement quand et comment il apparut, mais il est présent dans la région depuis des siècles.
Athlétique et musclé, il pèse de 4 à 6 kg en moyenne et possède une queue courte, dont la longueur ne dépasse jamais le quart de celle de son corps.
C’est un animal très actif, qui adore chasser les petits rongeurs. Il s’épanouit pleinement s’il a la possibilité de pouvoir sortir en plein air, mais peut toutefois vivre en intérieur sans accès au dehors à partir du moment où il est suffisamment stimulé intellectuellement et physiquement, grâce par exemple à divers jouets. Sachant toutefois que c’est une des rares races de chat que l’on peut promener en laisse – pour peu qu’on l’y habitue progressivement dès son plus jeune âge -, il serait dommage de ne pas en profiter pour lui permettre de se dégourdir les pattes en extérieur.
Enfin, le Bobtail du Mékong est un chat très sociable et affectueux, qui s’entend parfaitement avec les enfants ainsi qu’avec les autres animaux vivant dans le foyer.
Le Pixie Bob est une race de chat récente, qui a été développée aux Etats-Unis à la fin du 20ème siècle. Son origine exacte est incertaine, mais il serait issu d’un croisement entre un chat domestique et un chat ressemblant à un lynx.
Il possède un corps puissant, avec une poitrine et une musculature bien développées. La couleur de sa robe se rapproche fortement de celle du lynx, et la race se décline en deux variétés : une à poil long et l’autre à poil court. Dans les deux cas, le pelage est plutôt laineux. Quant à sa queue, elle est plutôt courte, puisqu’elle mesure environ 5 cm.
Si le Pixie-Bob possède un tempérament actif et joueur, il est également un grand amateur de câlins. Jamais agressif, c'est un chat idéal avec des enfants, dont il apprécie tout particulièrement la présence et envers qui il fait preuve d’une grande tendresse. Plus largement, il se montre très affectueux avec ses propriétaires, et recherche souvent leur attention ; son comportement fait d’ailleurs penser à celui du chien. Il est d’ailleurs possible de le promener en laisse, sous réserve de l'y habituer avant l’âge adulte.
Malgré sa proximité avec ses humains, il supporte assez bien la solitude, dès lors que des jeux sont mis à sa disposition et lui procurent suffisamment de stimulations mentales et physiques.
Enfin, une autre caractéristique surprenante de ce chat est qu’il adore jouer dans l’eau quand l’occasion se présente !
Encore peu connu, le Cymric est un chat à la queue très courte voire absente, originaire de l'île de Man, comme le Manx. Il en est d'ailleurs la copie conforme, à l'exception du fait qu'il arbore un poil long. Il serait apparu au milieu du 18ème siècle en raison d'une mutation génétique spontanée qui se serait ensuite répandue au sein de la population féline de l'île.
Plutôt trapu et massif, il possède de solides pattes musclées, un corps et un dos plutôt ronds, ainsi qu'une tête arrondie surmontée d'oreilles très espacées. À l'âge adulte, il peut peser jusqu'à 5 kg et mesurer 35 cm au garrot. Ses pattes arrière sont plus longues que celles de devant et lui permettent de faire de grands bonds : cela lui vaut d'être parfois comparé à un lièvre ou un lapin.
Comme le Manx, il se décline en quatre variétés qui se distinguent par la longueur de leur queue : le Rumpy (absence totale de queue), le Rumpy Riser (une queue constituée de 1 à 3 vertèbres sacrales), le Stumpy (une queue mesurant quelques centimètres) et le Longy (une queue plus longue que les autres variétés, sans pour autant être entière). La première est de loin la plus courante.
Très affectueux et grand ami des enfants, il garde un tempérament très joueur même en grandissant. Plutôt actif, il aime parcourir la maison à la recherche d'endroits à explorer, de nouvelles cachettes ou de petits objets à chaparder. Ses pattes musclées lui permettent de courir très vite, d'escalader partout et d'atteindre des endroits improbables : il est donc ravi de disposer d'un accès libre au dehors, même s'il peut aussi se satisfaire d'une vie en appartement.
Présentes dans le monde entier, les races de chat à queue courte ou sans queue sont fascinantes, et ont d’ailleurs fait l’objet de légendes aux quatre coins de la planète. La plupart d’entre elles sont rares et peu connues du grand public, mais cette rareté et leur apparence surprenante n’impliquent pas qu’elles ne méritent pas l’attention des amoureux de la gent féline. On peut même considérer au contraire que leur queue courte est une particularité physique qui les rend particulièrement singuliers et attachants !